Il est difficile d’interpréter la brève confrontation entre le dirigeant chinois Xi Jinping et le premier ministre Justin Trudeau, en marge du sommet du G20 le 16 novembre. L’incident a été filmé, Xi Jinping reprochant à Justin Trudeau d’avoir « divulgué » aux médias les détails d’une conversation tenue la veille.
« Dans des échanges comme celui‑ci, le langage corporel est extrêmement important », a écrit le sénateur conservateur Leo Housakos sur Twitter.
Leo Housakos réagissait à un commentaire de Charles Burton, spécialiste de la Chine, selon lequel, dans une partie de l’échange, Xi Jinping aurait proféré une « menace inquiétante à l’égard de Trudeau » en chinois.
Le sénateur a poursuivi en écrivant : « Associez le langage corporel de Justin Trudeau à la menace soulignée [par Burton] et il est impossible de voir cette situation comme autre chose qu’un premier ministre faisant preuve de déférence vis-à-vis d’un tyran. »
Selon Gloria Fung, présidente de Canada‑Hong Kong Link, le commentaire de Xi Jiping constitue « une menace sérieuse » contre le premier ministre canadien.
« Nous devons rester fermes sur nos principes, et nous devons montrer que nous osons défier la Chine et ses activités pernicieuses sur le sol canadien », a‑t‑elle déclaré dans une interview.
Une vidéo (ici) de la brève interaction entre les deux dirigeants a été enregistrée par les journalistes présents au sommet du G20 à Bali, en Indonésie.
« Tout ce dont nous discutons a été divulgué dans les journaux, ce n’est pas approprié », lance Xi Jinping à Justin Trudeau par l’intermédiaire de son interprète.
Et d’ajouter : « Ce n’est pas ainsi, que la conversation s’est déroulée. S’il y a de la sincérité de votre part… »
En réponse, Justin Trudeau souligne l’importance d’un dialogue « libre et ouvert ». Entretemps l’interprète évite de traduire complètement ce que vient de dire Xi Jiping, or il s’agit d’une menace. La séquence non traduite étant : «[S’il y a de la sincérité de votre part] …nous procéderons dans le respect mutuel, sinon le résultat sera difficile à dire ».
« Nous croyons au dialogue libre, ouvert et sincère et c’est ce que nous continuerons à faire. Nous continuerons à travailler ensemble de manière constructive, mais il y aura des points sur lesquels nous ne serons pas d’accord », répond alors le premier ministre.
« Créons d’abord les conditions », répond Xi Jinping par l’intermédiaire de son interprète.
Les deux dirigeants se serrent ensuite la main et se séparent.
Les remarques de Xi Jinping touchaient une conversation tenue avec Justin Trudeau la veille, au 15 novembre, en marge du sommet du G20. Selon le cabinet du premier ministre, Justin Trudeau aurait fait part de ses inquiétudes quant à l’ingérence de la Chine au Canada, ainsi qu’aux médias faisant état de postes de police chinois non officiels en activité à Toronto.
Le cabinet du premier ministre a fait savoir que les deux dirigeants ont également abordé les tirs de missiles de la Corée du Nord, l’invasion de l’Ukraine par la Russie et le sommet de l’ONU sur la biodiversité présidé par la Chine à Montréal le mois prochain.
Selon David Mulroney, ancien ambassadeur du Canada en Chine dans un tweet, la confrontation du 16 novembre était une « mise en scène, une réprimande publique à l’égard du dirigeant d’un État vassal ».
À Ottawa, le ministre de l’Innovation, François‑Philippe Champagne, s’est dit « heureux » que le premier ministre « défende comme il l’a toujours fait le Canada » et que « nous ne tolérerons pas ce genre de choses en matière d’ingérence ».
Le Canada, a‑t‑il ajouté, doit rester vigilant sur la question de l’ingérence dans le processus électoral.
« Je pense que nous devons interagir en gardant les yeux bien ouverts », a‑t‑il conclu.
Michael Chong, le porte‑parole des conservateurs en matière d’affaires étrangères, a déclaré aux journalistes que Justin Trudeau s’était rendu au sommet « sans s’être préparé à défendre les intérêts et les valeurs du Canada ».
Selon le député conservateur Michael Cooper pour Epoch Times, Justin Trudeau aurait dû faire part des inquiétudes canadiennes quant à l’ingérence de Pékin « depuis bien longtemps ».
Interférence du PCC
Selon un article publié le 7 novembre par Global News, le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) aurait averti Justin Trudeau et plusieurs ministres, dans une série de comptes‑rendus et de notes ayant débuté en janvier, de l’ingérence du Parti communiste chinois (PCC) au Canada pouvant inclure « un financement occulte visant à influencer les résultats des élections ».
L’article indique qu’au moins 11 candidats, dont l’affiliation à un parti n’a pas été divulguée, ont reçu des fonds de campagne du PCC lors des élections fédérales de 2019.
Les conservateurs demandent au gouvernement libéral de divulguer l’identité de ces 11 candidats. Les conservateurs ont critiqué l’approche des libéraux à l’égard des relations entre le Canada et la Chine, notamment l’abstention du cabinet de voter une motion de la Chambre des communes reconnaissant la persécution par la Chine de la minorité ouïghoure comme un génocide.
Dans des commentaires récents sur la stratégie indopacifique de son gouvernement, qui sera bientôt annoncée, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a décrit la Chine comme « une puissance mondiale de plus en plus perturbatrice », affirmant qu’elle « cherchait à façonner l’environnement mondial de manière à ce qu’il soit plus permissif pour des intérêts et des valeurs qui s’écartent chaque fois plus des nôtres ».
Elle a reconnu que la Chine était coupable de violations des droits de l’homme, mais a également déclaré que le Canada a des liens commerciaux avec la Chine et qu’elle croyait « en la diplomatie ».
« Les échanges commerciaux avec la Chine s’élèvent à 100 milliards de dollars », a rappelé Mélanie Joly. « Nous défierons la Chine quand nous le devrons, et nous coopérerons avec elle quand nous le devrons. Sa simple taille et son influence rendent la coopération nécessaire pour faire face aux pressions mondiales mettant en jeu notre survie. »
Selon Michael Cooper citant certains experts, le Canada était « plus exposé que tout autre pays du G7 » à l’ingérence du PCC, ajoutant que ce n’était pas une coïncidence.
« C’est le résultat de la faiblesse et de l’échec de ce premier ministre qui n’a pas pris au sérieux les menaces que représente le régime communiste chinois. »
Andrew Chen, Peter Wilson, Limin Zhou, NTD, et La Presse Canadienne ont contribué à cet article.
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