Lorsqu’on pense au champignon, en général, on l’imagine avec la forme habituelle comportant une tête et un pied et poussant hors de la terre. En fait, la majorité des champignons existe sous terre et forme un réseau de filaments entremêlés qu’on appelle mycélium.
Le mycélium joue un rôle essentiel en maintenant l’équilibre dans notre écosystème. Toutefois, ces modestes champignons pourraient aussi ouvrir la voie vers un futur plus sain et plus durable pour la civilisation humaine.
Un exemple de cela nous vient de 2012, lorsque des chercheurs de l’université de Yale ont découvert, dans la forêt tropicale d’Amazonie, une souche de mycélium qui a la capacité de digérer le plastique.
Cette découverte nous offre un grand potentiel, puisque nous avons fabriqué globalement environ 300 millions de tonnes de produits en plastique seulement en 2013. Alors qu’une petite portion (environ 8 %) peut être recyclée et que son utilité est limitée, les mécanismes environnementaux normaux n’arrivent pas à décomposer la chimie complexe du plastique.
Ce mycélium mangeur de plastique, Pestalotiopsis microspora, pourrait nous aider à débarrasser notre accumulation de déchets non biodégradables. Pendant que d’autres souches de mycélium peuvent nous aider à laisser tomber la production de plastiques conventionnels.
À Ecovative – une compagnie de matériaux respectueux de l’environnement, située près d’Albany dans l’État de New York – des chercheurs ont développé, à faibles coûts, des produits qui présentent des avantages importants par rapport à leurs équivalents conventionnels.
Un des produits développés par Ecovative, Myco Foam est utilisé par Dell et d’autres compagnies pour remplacer les mousses de plastique. Myco Foam est entièrement fait de matériau à base de champignons et de végétaux, tandis que le Styrofoam est fait à base de pétrole et est combiné à des produits chimiques cancérigènes. Ceci veut dire que pendant que Myco Foam sera absorbé de façon sécuritaire dans les sols après que l’objet aura accompli sa mission, la mousse de plastique demeurera un déchet toxique pour toujours.
Sue Van Hook, mycologue chez Ecovative, a étudié en profondeur l’écologie des champignons depuis les 45 dernières années.
« La nature a développé des solutions depuis des centaines de milliers d’années. Nous avons simplement à observer et à essayer de comprendre ce que sont ces solutions. Nous savons que les solutions de la nature fonctionnent sinon elles ne seraient plus là aujourd’hui », lance Van Hook. « Les champignons ont dû s’adapter à plusieurs, plusieurs changements au cours des dernières 1,7 million d’années, aussi ont-ils développé une quantité de gènes capables de s’adapter à différents défis. »
À travers l’histoire tumultueuse de la Terre, les champignons ont dû s’adapter à des périodes d’extinction massive et à de grands bouleversements. Cela a permis aux mycéliums de développer une grande variété de caractéristiques que nous pouvons utiliser à notre avantage.
« Il y a un éventail de propriétés, entre autres leur grande élasticité et leurs forces de résistance à la compression que nous pouvons extraire de leur performance basée sur leurs conditions de croissance, leurs nutriments ou les souches de champignons avec lesquels nous choisissons de travailler », explique Van Hook.
Un produit Ecovative, appelé Myco Board, est utilisé en ce moment dans la fabrication de meubles, de tuiles d’acoustique et de planches de surf, il sera bientôt approuvé comme matériau structurel dans la construction du bâtiment. Le nouveau Myco Board, plus solide, est fait pour remplacer les panneaux de particules agglomérées, il possède autant de solidité que celui-ci, mais aucune colle à base de formaldéhydes.
Contrairement aux résines de plastique à base de combustibles fossiles, le mycélium est durable et renouvelable.
« Les champignons agissent comme une résine qui lie les fibres végétales ensemble. Ces fibres peuvent être des particules de bois ou des produits agricoles qui sont plus renouvelables pour ce qui est de leurs cycles de vie », ajoute Van Hook.
Contrairement aux résines de plastique à base de combustibles fossiles, le mycélium est durable et renouvelable. « Il se clone pendant sa croissance, alors c’est une résine qui s’assemble elle-même et qui continue à croître pour autant qu’elle a de nutriments », indique Van Hook,
En plus de réduire les déchets plastiques, le champignon a plusieurs autres utilités. Certains peuvent être consommés comme aliments. D’autres peuvent être utilisés dans la fabrication de remèdes.
Les champignons soutiennent aussi la vie de façon importante et à notre insu. Ils s’associent au travail d’épuration de la Terre. Lorsque des plantes ou des animaux meurent, les champignons aident à décomposer et à débarrasser la terre des corps, ce qui complète le cycle de la vie.
« Certains champignons travaillent en symbiose avec le système racinaire des plantes », explique Van Hook. « Dans le cas du champignon décomposeur, son mode de fonctionnement est de prendre les molécules que les plantes vertes ont formées par la photosynthèse; ce processus demande du dioxyde de carbone, de l’eau et la présence de lumière pour produire des sucres. Les champignons décomposent ces sucres en dioxyde de carbone et en eau. C’est le contraire de la photosynthèse. »
Dans le cas des remèdes à base de plantes, les champignons tels que le reishi, shiitake, chaga et les cordyceps sont utilisés pour renforcer le système immunitaire humain. Dans son livre Mycelium Running: How Mushrooms Can Help Save the World, le mycologue Paul Stamets explique que les mycéliums peuvent aider à renforcer le système immunitaire de l’environnement.
« Que les habitats aient été endommagés par l’activité humaine ou par un désastre naturel… les champignons peuvent aider à les rétablir. Pendant qu’augmente le nombre de générations de cycles de mycélium dans un habitat, dans le sol et dans l’humidité, la capacité de l’environnement à supporter la diversité de ses composants est aussi renforcée », écrit Stamets.
Pour que le cycle de la vie continue à tourner et que le système immunitaire écologique demeure fort, le mycélium est un composant essentiel d’un sol en santé. Demandez simplement à Nance Klehm, la cinquième d’une lignée d’horticulteurs basée à Chicago, elle écrit en ce moment un livre à propos du sol.
L’organisme de Klehm, Social Ecologies, travaille avec les résidents de la région à la construction d’un habitat plus sain. Une des techniques qu’enseigne Social Ecologies est la biomédiation – une pratique faisant usage d’outils comme les champignons, les bactéries et les plantes pour régénérer les sols.
Alors que nous considérons en général la qualité des sols seulement pour ce qui y pousse, Klehm précise qu’ils [les champignons] jouent des rôles essentiels.
« Ce n’est pas simplement à propos de la nourriture, mais c’est quand même ce qui amène les gens à s’intéresser à ce principe [la biomédiation], parce qu’ils veulent faire pousser des tomates. Un sol sain soutient aussi notre qualité d’air. Il absorbe nos émissions de carbone. Il absorbe les surplus d’eau causés par les pluies torrentielles et prévient les inondations dans nos sous-sols », ajoute Klehm. « Les sols peuvent faire beaucoup si vous travaillez à les soutenir, mais si nous les maltraitons, ils deviennent de la boue. »
Klehm explique que les mycéliums ne font pas seulement que préserver l’humidité des sols et garder leur élasticité, mais ils fournissent aussi des nutriments à travers leurs réseaux, ils servent d’entreposage pour le carbone et absorbent aussi les contaminants.
Les processus de revitalisation des sols peuvent prendre plusieurs années, même une dizaine d’années à se compléter, mais ils sont beaucoup moins coûteux et beaucoup plus holistiques que les méthodes conventionnelles.
Klehm dit que lorsque l’agence de protection environnementale des États-Unis (EPA) nettoie un site, elle en retire le sol contaminé et le transporte par camion dans un site d’enfouissement ou elle le nettoie chimiquement ou elle le brûle. Ensuite, une membrane perméable est installée, on y ajoute plusieurs mètres de pierre calcaire et on recouvre le tout avec du sol frais.
Klehm ajoute que l’EPA est réellement intéressée à connaître ses méthodes de restauration des sols, mais que la fonction bureaucratique ralentit le rythme avec lequel l’EPA peut les mettre en œuvre. À l’échelle d’une communauté, les projets de biomédiation se déroulent toutefois partout dans le monde.
« Les Premières Nations travaillent avec ardeur à établir ces méthodes », précise Klehm. « Pour des gens dont la culture est liée au territoire de façon cruciale, leur culture pourrait s’effondrer si leurs terres n’étaient pas saines. Dans les zones urbaines, nous ne réalisons pas que nous sommes liés à la terre, alors nous ignorons cela et continuons à lui nuire. »
Les champignons sont essentiels à la vie sur cette planète de plusieurs façons. Mieux nous comprendrons leur puissance, plus brillant sera notre futur.
« Il existe une phobie des champignons et c’est pourquoi je pense qu’il a été relégué aussi longtemps au placard », souligne Van Hook. « Ce projet consiste à surmonter cette peur et à faire confiance à la nature parce qu’elle a pris soin de nous et qu’elle continuera à le faire. »
Version originale : Healing the Earth With Mushrooms
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