Un décrochage à haute altitude suivi d’une chute brutale avant l’impact au sol: le Boeing 737 de la China Eastern a eu un comportement « très inhabituel » avant son crash lundi avec 132 personnes à bord, remarque un spécialiste de la sécurité aérienne.
Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA), souligne qu’il est « beaucoup trop tôt » pour tirer des conclusions, quelques heures seulement après la catastrophe qui a impliqué un type d’aéronef très répandu et jugé fiable, dans un pays où la sécurité aérienne est « excellente ».
Un avion transportant 132 personnes s’est écrasé, ce matin, dans le sud-ouest de la #Chine ??.
Si les raisons du crash sont encore inconnues, “l’aviation chinoise est pourtant considérée comme très sûre”, détaille @LouKisiela, correspondante de France 24 à Shanghai ⤵️ pic.twitter.com/zQMrNmj8CG
— FRANCE 24 Français (@France24_fr) March 21, 2022
QUESTION: Que vous inspirent les premières données disponibles de l’accident de la China Eastern?
REPONSE: « Sur le site Flightradar, on voit que l’avion, qui était en altitude de croisière (à près de 9.000 m d’altitude, NDLR), a brutalement piqué à environ 600 km/h vers le sol avant de s’écraser. C’est très inhabituel, un décrochage simple ne donnerait pas du tout ce genre de profil.
Imaginons qu’on décroche à haute altitude, à ce moment-là, le pilote pique un peu du nez pour reprendre de la vitesse, et tout doucement l’avion reprend son vol. Ce sont des manœuvres qu’on apprend dans les premières heures des leçons de pilotage. Un décrochage à haute altitude, ça se rattrape très très bien. Là, c’est autre chose.
Chines #Boeing 737 plane crashed in southern #China with more than 130 people on board. #ChinaPlaneCrash #Boeing737 pic.twitter.com/gcvFh7DepG
— Wali Khan (@WaliKhan_TK) March 21, 2022
Cela peut être soit le pilote automatique qui aurait commandé une descente brusque de l’avion et qui n’aurait pas été rattrapée par l’équipage, ce qui paraît un peu surprenant compte-tenu de la durée de la chute, trois minutes, ça peut être aussi une action de l’équipage, mais on ne peut rien dire de plus. »
Q: Quand en saura- t-on davantage?
R: « Les Chinois ont un bureau d’enquête très compétent, ils doivent être capables très rapidement de récupérer les enregistreurs de vol (données et voix, NDLR) qui ont normalement survécu à ce choc, et à partir de là, non seulement reconstituer précisément la trajectoire, mais aussi les paramètres de l’avion, les conversations des pilotes, toutes les actions qui ont pu être faites sur les commandes… Cela devrait être connu très rapidement.
Personnellement je n’ai jamais été confronté dans ma carrière à ce genre d’événement, il est beaucoup trop tôt pour en tirer des conclusions. »
Q: L’appareil était a priori un 737-800 NG, la génération précédant celle du MAX un temps interdit de vol après deux accidents mortels. Ce modèle est-il jugé fiable? Et quid de la sécurité aérienne chinoise?
R: « Je n’ai jamais entendu parler de problème particulier sur ce modèle d’avion, c’est un dérivé du Boeing 737 très ancien mais sur lequel on a installé des moteurs modernes. L’avion n’a pas subi le même type d’évolution sur les commandes de vol que le MAX (à la source des deux accidents, NDLR).
Quant au niveau de sécurité de l’aviation civile chinoise, il est tout à fait excellent. »
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