L’État-parti chinois insiste sur le fait qu’il n’y a « qu’une seule Chine » et que le peuple de Taïwan soit soumis aux ordres de Pékin. Xi Jinping, l’autoritaire dirigeant de la Chine, a déclaré à plusieurs reprises que la « réunification » avec Taïwan aura lieu, même si l’emploi de la force est nécessaire.
Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, les États-Unis ne soutiennent pas l’indépendance de Taïwan. Selon une déclaration officielle, le gouvernement américain s’oppose à « tout changement unilatéral du statu quo de part et d’autre ». Bien que les États-Unis « ne soutiennent pas l’indépendance de Taïwan », les responsables de Washington « s’attendent à ce que les différends entre les deux rives du détroit [de Taïwan] soient résolus par des moyens pacifiques ». En d’autres termes, si Taïwan ne souhaite pas faire partie des plans du Parti communiste chinois (PCC), alors ses souhaits doivent être respectés.
Est-ce que les autres pays de la région Asie-Pacifique ont une attitude similaire ou suivent-ils la ligne de Pékin ? La réponse à cette question devrait préoccuper tout pays qui estime que les citoyens de Taïwan doivent être laissés en paix.
Shannon Tiezzi, rédactrice en chef de The Diplomat, a récemment publié une analyse bien intéressante. Elle s’est demandé combien de pays soutiennent la position de l’Amérique sur Taïwan et combien soutiennent la ligne du PCC. Pour répondre à cette question, Mme Tiezzi a analysé des dizaines de déclarations de ministères des Affaires étrangères de toute la région Asie-Pacifique.
Les pays qui soutiennent le plus la Chine sont le Myanmar (Birmanie) et la Corée du Nord, écrit-elle. Peu après le récent voyage à Taïwan de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, le régime militaire birman a publié une déclaration l’accusant d’aggraver inutilement les tensions dans le détroit de Taïwan. La Corée du Nord s’est fait l’écho de cette attitude, critiquant « l’ingérence impudente » des États-Unis dans les « affaires intérieures d’autres pays ».
Bien que ce niveau de soutien au régime chinois soit rare, a noté Mme Tiezzi, dix autres pays de la région ont exprimé des points de vue qui s’alignent étroitement sur ceux de Pékin. Ces dix pays considèrent Taïwan comme « une partie inaliénable de la Chine ».
Le Népal, un pays que je visite régulièrement et dont j’ai déjà parlé en détail, reste fermement fidèle à la politique de la « Chine unique » du PCC. Pékin en est bien reconnaissant en s’engageant à investir encore plus à Katmandou, la capitale du Népal, et dans les districts environnants. Récemment, Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, a annoncé une aide de 118 millions de dollars au Népal. Les deux pays travaillent également à la création d’une voie ferrée transfrontalière qui traversera l’Himalaya en passant par le Tibet.
Au Pakistan, les dirigeants du pays ont récemment réaffirmé leur soutien à la politique de la « Chine unique ». Selon une déclaration officielle, le gouvernement pakistanais « soutient fermement la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Chine ».
Six pays ont adopté ce que Mme Tiezzi a qualifié de « vraies positions neutres », appelant « toutes les parties » à faire preuve de prudence et de retenue et à « s’abstenir d’aggraver la situation ». Ces pays n’ont pas choisi leur camp. L’un de ces pays est l’Indonésie, dont l’économie se développe rapidement et suscite l’intérêt particulier de la Chine et des pays occidentaux.
De leur côté, l’Inde, la Nouvelle-Zélande, Singapour et le Vietnam « se sont rapprochés de la position des États-Unis », a constaté Mme Tiezzi. Toutefois, ces quatre pays n’ont pas directement condamné la Chine. Singapour, par exemple, a simplement souligné « le besoin d’éviter les erreurs de calcul et les accidents qui pourraient conduire à une spirale d’escalade et déstabiliser la région ».
Pendant ce temps, l’Inde a mis une semaine et demie à publier une déclaration après la visite de Mme Pelosi à Taïwan, soulignant le besoin de faire preuve de retenue et de « maintenir la paix et la stabilité dans la région ». Mais Pékin fait actuellement pression sur New Delhi pour qu’elle fasse allégeance à la politique de la « Chine unique ». Est-ce que l’Inde acquiescera aux demandes de Pékin ? Seul l’avenir nous le dira.
Dans la région Asie-Pacifique, l’Australie et le Japon sont les seuls pays qui soutiennent fermement la position de l’Amérique. Ils sont les seuls qui critiquent ouvertement les exercices militaires de la Chine autour de Taïwan.
On pourrait penser que l’Europe, au moins, soutient la position de Taïwan. Mais est-ce le cas ? Bien sûr, l’Europe n’est pas monolithe. Elle est composée de nombreux pays ayant des opinions et des plans différents ; un certain nombre de ces pays sont redevables à la Chine.
Dix-huit pays européens sont membres du titanesque programme chinois « Belt and Road Initiative – BRI », souvent qualifié de « nouvelle route de la soie ». Même l’Allemagne – la première puissance économique de l’Europe – est redevable à Pékin.
Selon Norbert Röttgen, un homme politique allemand de renom, la politique de l’Allemagne vis-à-vis de la Chine a « créé une dépendance qui nous laisse sans défense ». Cette dépendance s’accroît à un « rythme effréné ». Bien que différentes pressions soient exercées sur Berlin pour qu’elle prenne ses distances avec Pékin, c’est le contraire qui semble se produire. Les Allemands se sont mis au pied du mur. Si l’Allemagne critique Pékin, elle risque de voir sa prospérité économique se transformer en misère économique. La Chine est désormais son principal partenaire commercial.
Ce qui soulève la question suivante : si la Chine envahit Taïwan, est-ce que l’Allemagne s’opposera vraiment à cette invasion ? Combien de pays dans le monde s’opposeront réellement au régime chinois ?
Honnêtement, nous n’en savons rien. Cependant, après avoir écrit cet article et vu tant de réactions mitigées de la part de gouvernements de tant de pays, je crains que seule une poignée de pays adopte une position similaire à celle des États-Unis.
John Mac Ghlionn est un chercheur et un essayiste. Ses écrits ont été publiés dans des journaux comme le New York Post, Sydney Morning Herald, Newsweek, National Review, The Spectator US et d’autres médias respectables. Il est spécialiste dans la psychologie et les relations sociales, avec un intérêt particulier dans les domaines des dysfonctionnements sociaux et la manipulation des médias.
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