Un grand nombre de malades, mais un taux de mortalité extrêmement bas: le mystère demeure concernant l’exception allemande face à l’épidémie du nouveau coronavirus.
Avec officiellement 10.999 cas répertoriés jeudi pour 20 morts, le taux de létalité s’établit dans le pays à seulement 0,18%, contre quelque 4% en Chine ou en Espagne, 2,9% en France, voire 8,3% en Italie.
« C’est difficile à démêler (…) Nous n’avons pas de vraie réponse et c’est probablement une combinaison de différents facteurs », a admis cette semaine Richard Pebody, responsable à l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Coronavirus en Allemagne : dépistage précoce et traçabilité pourraient être des clés de la faible létalité. La Corée du Sud ayant des caractéristiques similaires, il serait utile de s’interroger sur les stratégies adoptées en + du confinement indispensablehttps://t.co/LD6YteXx45
— Patrick FOURNIER (@PatricFournier) March 17, 2020
Voici les principales hypothèses avancées par les spécialistes.
25.000 lits de soins intensifs en Allemagne contre 7.000 en France
Avec 25.000 lits de soins intensifs avec assistance respiratoire, l’Allemagne est particulièrement bien équipée comparée à ses voisins européens. La France en a environ 7.000 et l’Italie autour de 5.000.Berlin a d’ailleurs annoncé mercredi vouloir doubler ce nombre dans les hôpitaux dans les semaines à venir.
Les patients malades peuvent jusqu’à présent rapidement être suivis et le pays ne redoute pas, dans l’immédiat, que ses hôpitaux soient saturés, comme c’est par exemple le cas en Italie ou dans l’Est de la France.
Cette explication ne semble en revanche pas suffisamment significative pour expliquer la différence du nombre de décès dans les premières semaines, alors que ses voisins européens avaient également mobilisés leurs hôpitaux.
En revanche, ce point pourrait peser dans les mois à venir si la crise venait à s’aggraver.
Des tests précoces et une grande capacité de tests de dépistage
« Nous avons reconnu très tôt ici la maladie dans notre pays: nous sommes en avance en matière de diagnostic, de détection », affirme Christian Drosten, directeur de l’Institut de virologie à l’hôpital de la Charité à Berlin.
L’Allemagne a établi son premier point de contrôle des véhicules le lundi. En date du mercredi, les cas confirmés de coronavirus en Allemagne étaient passés à 1 296. Ce point de contrôle contribuera à réduire la pression sur les hôpitaux locaux.#WuhanOutbreak #Germany pic.twitter.com/LksPKQLATE
— Rebecca Rambar (@RebeccaRambar) March 11, 2020
Ce critère, associé à l’important maillage territorial de laboratoires indépendants en Allemagne qui dès janvier – alors que le nombre de cas positifs était encore très faible – ont commencé à tester les gens, aurait permis aux docteurs du pays de mieux diagnostiquer la maladie et d’écarter en quarantaine les cas les plus à risque.
Ces nombreux laboratoires augmentent la capacité de dépistage, estimé à quelque 12.000 par jour par l’Institut Robert Koch (IRK), qui pilote la lutte contre l’épidemie.
En comparaison, le nombre de tests réalisés par les laboratoires hospitaliers en France entre le 24 février et le 15 mars a été de 36 747, d’après des données de Santé publique France, soit une moyenne de 1760 tests de dépistage par jour en France.
« En Allemagne, plus de 70 % des personnes qui ont été identifiées comme infectées jusqu’à présent ont entre 20 et 50 ans », a expliqué le président de l’IRK.
La maladie s’y est d’abord principalement propagée dans une population relativement jeune et en bonne santé, moins consciente des risques du coronavirus car n’étant pas la population la plus à risques.
L’absence de test post-mortem ?
Une autre explication, avancée notamment côté italien pour comprendre l’écart de mortalité, est l’absence en Allemagne de tests au coronavirus post-mortem sur les personnes décédées.
« Nous ne considérons pas que les tests post-mortem soient un facteur décisif. Nous partons du principe que les patients sont diagnostiqués avant de mourir », se défend auprès de l’AFP l’IRK. Or ces tests sont bien effectués en France par exemple.
Concrètement, cela veut dire que lorsqu’une personne décède en quarantaine à domicile et non pas à l’hôpital, il y a de fortes chances que son cas n’entre pas dans les statistiques.
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