Inflation, faillites et concurrence en ligne : les soldes d’été s’ouvrent mercredi dans un contexte morose pour le commerce, qui espère profiter de ce rendez-vous pour finir la saison sur une note positive.
« Il faut qu’on réussisse la période de soldes », qui dure jusqu’au 25 juillet, « d’autant plus que le début de saison n’a pas été bon », explique à l’AFP Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du commerce, qui regroupe grands magasins et enseignes de l’habillement.
En cause, les difficultés accumulées par le secteur, avec comme principal point d’achoppement l’inflation, qui a détourné les consommateurs de ce poste de dépense. « Il va y avoir des prix plus intéressants, on espère que ça permettra de relancer un peu la consommation, très faible dans notre secteur », ajoute M. Petiot.
« Je fais attention, encore plus cette année »
Dans la capitale, les commerçants placent leurs « espoirs dans la clientèle étrangère » et son « fort pouvoir d’achat », selon une enquête révélée mercredi par la Chambre de commerce et d’industrie Paris Île-de-France.
À Lille (Hauts-de-France), pas de frénésie mais déjà des clients dans les allées d’un centre commercial. Avant 10h, Angélique Blondeel, conseillère de vente de 45 ans, a déjà acheté « deux petites robes, un petit top, des baskets ». Elle s’est fixé un budget de 100 euros maximum.
« Je fais attention, encore plus cette année », justifie-t-elle, en référence à l’inflation. Claudine Ducroquet, retraitée de l’Éducation nationale de 61 ans, attend dans une rue de Lille l’ouverture d’une boutique de tissus. « Je n’achète jamais au prix fort » affirme-t-elle. Pour elle, le moment est idéal pour « se faire des petits plaisirs ».
Comme à chaque période de soldes, la Répression des fraudes a rappelé mercredi être « mobilisée pour protéger les consommateurs », d’éventuelles « pratiques commerciales trompeuses de la part de professionnels » en magasin comme en ligne.
Les principales anomalies relevées concernent le « non-respect des règles s’appliquant en période de soldes au titre du code du commerce et les annonces de rabais mensongers », a précisé la DGCCRF. Mais malgré les espérances des professionnels, les soldes, autrefois grand rendez-vous de la consommation, ne créent plus forcément l’événement, redoute Gildas Minvielle, directeur de l’observatoire économique de l’Institut Français de la Mode (IFM).
« On est dans un contexte délicat et les consommateurs ont l’habitude des petits prix », note-t-il. « Les soldes dans un contexte comme celui d’aujourd’hui passent pratiquement au second plan. » D’après un sondage de l’Ifop publié mi-juin, réalisé à la demande du site de vente d’articles de mode en ligne Spartoo, 27% des Français déclarent renoncer aux soldes en 2023. Et 29% disent prévoir un budget en baisse par rapport aux années précédentes.
Faillites et redressements judiciaires en série
Inflation et hausse des coûts – des matières premières et de l’énergie – ne sont que deux d’une longue liste de problèmes qu’affrontent les commerçants depuis trois ans.
Les conséquences du Covid-19, la concurrence de la vente en ligne et l’essor du marché de la seconde main ont fragilisé des entreprises en difficulté, notamment dans le prêt-à-porter et chez les chausseurs.
La liquidation brutale de Camaïeu en septembre 2022, entraînant le licenciement de 2100 salariés, a secoué le monde de la mode et marqué le début d’une succession de liquidations et de redressements judiciaires dans le milieu de gamme du prêt-à-porter, gelés un temps par les aides aux entreprises au moment du Covid-19.
Depuis, San Marina, Kookaï, Burton of London, Gap France, André, Kaporal… ont été placés en redressement ou liquidés. Dernière victime en date, Don’t Call Me Jennyfer (anciennement Jennyfer jusqu’en mai 2019) a à son tour demandé son placement en redressement judiciaire mi-juin.
« Je n’ai pas l’impression que les soldes vont démarrer dans une très bonne ambiance, je ne suis pas certain que ce soit un très bon millésime », présage Gildas Minvielle à l’IFM.
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