Crimée : Kertch rend hommage à ses morts deux jours après la tuerie

19 octobre 2018 13:38 Mis à jour: 19 octobre 2018 13:41

Deux jours après le massacre qui a fait 20 morts dans un lycée de Kertch, en Crimée, des milliers de personnes ont rendu vendredi un dernier hommage aux victimes du « Columbine russe », la pire tuerie en milieu scolaire de l’histoire de la Russie. Les habitants se sont succédé en une file ininterrompue toute la matinée pour déposer des fleurs et faire leurs adieux au cours d’une cérémonie en présence des principales autorités de la péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014.

Sur la place Lénine, dans le centre de Kertch, des tables recouvertes d’une nappe rouge ont été installées en face de la statue de ce révolutionnaire bolchevique, avec sur chacune d’elle la photographie d’une victime. « J’ai regardé toutes les photos. Ce sont des enfants, vraiment tout jeunes ! Pourquoi cela s’est-il produit ? », se lamente Larissa Nikolaevna, 67 ans, qui dit, « comme beaucoup », ne pas croire à la version officielle des autorités. « Il y a tellement de peine. Notre ville est petite, tout le monde se connaît », souligne Pavel Essine, 58 ans.

Le dirigeant de la Crimée, Sergueï Aksionov, a déposé des roses rouges devant chaque cercueil, aux côtés d’une centaine d’élèves du lycée, dont une jeune fille blessée en fauteuil roulant, ont constaté des journalistes de l’AFP. Un important dispositif de sécurité a été mis en place à Kertch, qui vit au ralenti depuis la tragédie, et toutes les artères du centre-ville sont fermées à la circulation. La cérémonie s’est poursuivie par une procession vers le nouveau cimetière de cette cité de 150.000 habitants située à l’extrémité orientale de la Crimée et reliée à la Russie par un pont récemment construit par Moscou.

Près de 48 heures après le massacre, le bilan fourni par les autorités est de 20 morts et plus de 40 blessées, dont certains sont toujours dans un « état très grave ». Six blessés ont été transférées à Moscou et sont en soins intensifs pour des blessures causées par une bombe, a annoncé le maire de la capitale russe, Sergueï Sobianine. Des photographies du lycée diffusées dans les médias montrent des locaux dévastés, les murs, les fenêtres et l’entrée de l’établissement éventrés par le souffle d’une explosion, avec des marres de sang et des bris de glace sur le sol.

Le profil du tueur, Vladislav Rosliakov, commence de son côté à apparaître : des proches ont dressé dans les médias le portrait d’un jeune homme de 18 ans « passionné d’armes », voulant se venger de ses camarades et de ses professeurs. Son ex-petite amie, interrogée par la chaîne de télévision RT, a expliqué sous couvert d’anonymat qu’il ne faisait plus « confiance aux gens depuis que des personnes dans sa classe avaient commencé à l’humilier parce qu’il n’était pas comme les autres ».

Le jeune homme, qui s’est suicidé dans la bibliothèque du lycée, avait méthodiquement préparé son crime. Selon les enquêteurs, il était armé d’un fusil et avait apporté avec lui deux bombes artisanales, dont une qu’il a fait exploser, et de nombreuses munitions. Des photos diffusées sur internet le montrent portant une tenue similaire à celle d’Eric Harris, l’un des deux auteurs du massacre de Columbine, qui avait fait 13 morts aux Etats-Unis en 1999.

Le président russe Vladimir Poutine a quant à lui blâmé « le résultat de la mondialisation » et des « réseaux sociaux et d’internet », qui ont selon lui permis l’importation en Russie du phénomène des tueries de masse en provenance des Etats-Unis. Le directeur du Comité d’enquête, Alexandre Bastrykine, a annoncé jeudi soir dans un communiqué que l’enquête s’intéresserait aux « conditions psychologiques créées au lycée », ajoutant qu’il faudrait s’assurer que des cours d’éducation patriotique étaient programmés.

Selon les autorités, Vladislav Rosliakov, qui recevait une bourse pour ses études et n’avait jamais fait preuve d’agressivité dans son lycée, pourrait « ne pas avoir agi seul ». La presse russe s’interroge aussi sur les conditions dans lesquels le jeune homme a obtenu légalement un permis de port d’arme en passant avec succès tous les tests psychologiques, d’après une source des services de sécurité citée par l’agence de presse RIA Novosti.

Des soldats de la Garde nationale ont été déployés autour des bâtiments publics de Crimée, où un deuil de trois jours a été décrété. Mais le collège technique de Kertch doit rouvrir dès lundi, a assuré Sergueï Aksionov, disant souhaiter que « la vie continue ».

D.C avec AFP

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