Dans la forêt allemande, l’armée américaine tire les enseignements de l’Ukraine

Par Epoch Times avec AFP
10 février 2025 14:45 Mis à jour: 10 février 2025 17:44

Dans une forêt bavaroise, un drone de reconnaissance noir bourdonne, tel un moustique surdimensionné, piloté par des soldats américains désireux de moderniser leur armée et d’appliquer les enseignements de la guerre en Ukraine.

Un drone de reconnaissance à moyenne portée (MRR) PDW C100 est utilisé sur la zone d’entraînement de Hohenfels, dans le sud de l’Allemagne, le 6 février 2025. (ARMIN WEIGEL/AFP via Getty Images)

L’Ukraine « est un champ de bataille transparent »

Bon marché et de plus en plus présents, les drones ont changé les logiques du champ de bataille, particulièrement en Ukraine où Moscou et Kiev les utilisent pour des attaques ou la surveillance des troupes ennemies.

Avec la multiplication de ces outils, l’Ukraine « est un champ de bataille transparent », explique le général de brigade Steve Carpenter lors d’un entrainement, en présence de l’AFP, sur la base militaire américaine de Hohenfels, en Bavière.

Le général Randy George, chef d’état-major de l’armée de terre, s’adresse à des soldats américains sur la zone d’entraînement de Hohenfels, dans le sud de l’Allemagne, le 6 février 2025. (ARMIN WEIGEL/AFP via Getty Images)

« C’est pourquoi les troupes sont terrées dans des bunkers ou se déplacent constamment. Si vous vous arrêtez, vous êtes morts », ajoute-t-il.

Des changements au sein de l’armée américaine

Le conflit qui dure depuis bientôt trois ans a précipité les changements au sein de l’armée américaine, affirme le chef d’état-major Randy George.

Le chef d’état-major de l’armée de terre, le général Randy George, s’exprime sur la zone d’entraînement de Hohenfels, dans le sud de l’Allemagne, le 6 février 2025. (ARMIN WEIGEL/AFP via Getty Images)

Les unités déployées se sont plus petites et plus mobiles, pour être plus difficiles à cibler.

Lors de l’exercice organisée en Bavière pour des soldats de la troisième brigade appartenant à la 10ème division de montagne, le quartier général a changé quatre fois de position en neuf jours, avec généralement pas plus d’une vingtaine d’hommes présents en même temps.

Des soldats américains à côté d’un véhicule tactique hybride de nouvelle génération sur la zone d’entraînement de Hohenfels, dans le sud de l’Allemagne, le 6 février 2025. (ARMIN WEIGEL/AFP via Getty Images)

Une armée plus « flexible, agile et adaptable »

En Irak ou en Afghanistan, la capacité dans un poste de commandement était d’une centaine de soldats.

La leçon la plus importante à tirer de la guerre en Ukraine « est la rapidité avec laquelle nous devons changer », insiste Randy George qui observe l’exercice et prédit une armée plus « flexible, agile et adaptable ». Les forces américaines veulent aussi accélérer leur capacité d’approvisionnement.

HOHENFELS, ALLEMAGNE – 04 FEVRIER : Un véhicule Stryker de l’armée américaine de défense aérienne à courte portée (MSHORAD) est stationné pendant les exercices militaires Combined Resolve 25-1 dans la zone d’entraînement de Hohenfels en Bavière, le 4 février 2025 près de Hohenfels, en Allemagne. Ces exercices permettent aux soldats de s’entraîner et de tester différents types de drones, de tactiques et de nouveaux équipements.( Sean Gallup/Getty Images)

À Hohenfels, l’armée teste de nouveaux camions General Motors, un modèle civil réaffecté à un usage militaire en trois mois, peut-être un temps record, estime Alex Miller, conseiller technologique.

Des soldats de l’armée américaine arrivent à bord d’un véhicule tactique hybride de nouvelle génération pendant les exercices militaires Combined Resolve 25-1 sur la zone d’entraînement de Hohenfels en Bavière, le 3 février 2025, en Allemagne. (Sean Gallup/Getty Images)

Mais développer les capacités guerrières des drones pourrait s’avérer plus complexe.

Un soldat américain porte un drone Anduril Ghost X sur la zone d’entraînement de Hohenfels, dans le sud de l’Allemagne, le 6 février 2025. (ARMIN WEIGEL/AFP via Getty Images)

« L’industrie américaine n’a pas la capacité de produire des drones comme les Chinois »

Car plusieurs des pièces utilisées en Ukraine sont construites en Chine, dont Washington ne veut pas dépendre pour son équipement militaire, sur fond de tensions commerciales grandissantes entre les deux puissances.

Celles-ci pourraient s’aggraver avec le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui a déjà annoncé des droits de douanes supplémentaires de 10% sur les importations de produits chinois.

Un drone de reconnaissance à longue portée (LRR) sur la zone d’entraînement de Hohenfels, dans le sud de l’Allemagne, le 6 février 2025. Les drones, moins chers et plus nombreux que par le passé, changent le visage de la guerre, en particulier en Ukraine, où Moscou et Kiev les utilisent aussi bien pour des attaques armées que pour la surveillance, ce qui les rend difficiles à dissimuler. (ARMIN WEIGEL/AFP via Getty Images)

Depuis des décennies, les capacités industrielles de la première puissance mondiale s’érodent, le nombre de personnes employées dans les industries de défense américaines ayant chuté de 1,9 million, soit 63,5%, par rapport à 1985, selon le ministère de la Défense.

« L’industrie américaine n’a pas la capacité de produire des drones comme les Chinois », dit sans détour le colonel Dave Butler, conseiller en communication du chef d’état-major.

Elon Musk grâce à ses usines Tesla pour assurer une production en masse de drones

Selon lui, une seule personne a les moyens de fabriquer en masse des drones pour les États-Unis: Elon Musk grâce à ses usines Tesla de véhicules électriques, qui produisent d’avantage leurs propres composants que ses concurrents.

Le logo Tesla affiché chez un concessionnaire Tesla le 2 janvier 2025 à Alhambra, Californie. (Mario Tama/Getty Images)

« Si nous devions subitement appuyer sur un bouton et fabriquer 10.000 drones par mois, seul Elon pourrait le faire », imagine-t-il.

L’entrepreneur multimilliardaire est omniprésent sur la scène politique américaine depuis que le président Donald Trump en a fait l’un de ses plus proches conseillers.

« L’Europe doit aussi y participer »

Les États-Unis ont besoin d’aide pour combler des besoins immenses, confirme Alex Miller.

« Nous essayons d’encourager la production américaine de contrôleurs de vol (« cerveau » du drone), de caméras et d’antennes », explique-t-il.

« Mais nous ne pouvons pas être les seuls à le faire, l’Europe doit aussi y participer ».

Le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth s’adresse aux membres de la presse lors d’une réunion bilatérale avec le vice-premier ministre et ministre de la Défense australien Richard Marles au Pentagone le 7 février 2025 à Arlington, en Virginie. (Photo par Alex Wong/Getty Images)

Le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth, effectue cette semaine son premier déplacement sur le Vieux continent, avec une étape lundi pour rencontrer le personnel militaire américain stationné en Allemagne.

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