De la mairie de Cannes à la présidence de l’AMF en passant par une plus forte exposition médiatique depuis l’épidémie de Covid-19, David Lisnard intrigue de plus en plus. Récit de celui qui pourrait porter les couleurs de la droite en 2027.
Une ascension fulgurante
Il ne cesse de faire parler de lui depuis l’épidémie de Covid-19. L’actuel président de l’association des Maires de France (AMF) et maire LR de Cannes (largement réélu en 2020 avec plus de 88 % des suffrages), s’est fait connaître du grand public le 14 novembre 2020 en publiant une tribune chez nos confrères du Figaro intitulée « La crise du Covid révèle la folie bureaucratique française », dans laquelle il y dénonce « l’État obèse » et « la folie politico-administrative ». Depuis lors, il n’a cessé de gagner en notoriété et en popularité, à tel point qu’il a lancé en juin 2021 son propre parti Nouvelle énergie. Il est élu en novembre de la même année président de l’association des Maires de France (AMF). Le journaliste et rédacteur en chef de Valeurs actuelles Régions, Quentin Hoster, ira jusqu’à publier un ouvrage au titre éloquent, David Lisnard, le réveil de la droite, et si c’était lui ?.
Des postures qui détonnent à droite
Les prises de position de David Lisnard détonnent un peu au sein des Républicains. Libéral assumé au sein d’une droite historiquement dominée par l’étatisme, sa posture est aussi courageuse dans une France encore anesthésiée par le « quoiqu’il en coûte » et qui n’a jamais accueilli à bras ouverts le libéralisme économique. Au niveau international, nous sommes également assez éloignés du tropisme russe d’une certaine partie de la droite française : David Lisnard a très vite affiché son soutien à l’égard du peuple ukrainien en se rendant en mars 2022 en Ukraine pour accompagner du matériel humanitaire et en invitant le président Zelensky au congrès des maires de France en novembre 2022. Dans des interviews sur Europe 1 et France bleu en mars 2022, le maire de Cannes prônait déjà un « rapport de force avec la Russie » et appelait à « durcir les sanctions contre le président russe ».
Le président de l’AMF se distingue également des autres politiciens en délivrant des analyses remarquées sur l’insécurité et la bureaucratie et en prononçant des discours éloignés des éléments de langage auxquels la politique nous a malheureusement habitués. Il déclare ainsi : « Il faut réduire la dépense publique » ou encore « Redonnons du pouvoir aux territoires ». David Lisnard est intellectuel avant d’être politique. En témoigne une tribune publiée le 20 novembre 2022 par Nice-Matin dans laquelle il critique le « processus de recentralisation opéré par l’État depuis une quinzaine d’années » ayant pour origine une « idée erronée consistant à croire que les communes seraient trop nombreuses et que leur taille ne leur permettrait pas d’être un échelon pertinent pour répondre aux enjeux du XXIe siècle ».
Des défis majeurs à surmonter
Néanmoins, s’il faisait part de son intention de participer à l’élection présidentielle dans quatre ans, il ferait immédiatement face, au-delà des clivages idéologiques au sein du parti, à deux autres problèmes majeurs :
Tout d’abord un obstacle technique : l’actuel président des LR, Éric Ciotti avait promis au cours de la campagne pour la présidence du parti, que s’il l’emportait, Laurent Wauquiez serait assez vite désigné candidat LR pour la prochaine présidentielle de 2027. David Lisnard serait donc dans l’obligation de « négocier » sa candidature auprès d’Éric Ciotti mais surtout de Laurent Wauquiez.
L’espace politique est également particulièrement restreint. Resserré entre la macronie et la droite nationale, les LR peinent à représenter une troisième voix. Les faibles résultats obtenus par Valérie Pécresse à l’élection présidentielle (4,78 %) le démontrent.
David Lisnard a cependant un vrai potentiel. Il analyse avec justesse et profondeur certains maux qui rongent la société française (insécurité, assistanat…). Il est l’un des rares, voire le seul personnage public, à fortement dénoncer l’étatisme et l’excès de normes en France, incarnant donc un libéral-conservatisme à la française, et a fait de la culture, bien trop souvent abandonnée à la gauche, un sujet prioritaire.
En plus d’un discours et des idées fortes sur les questions économiques et régaliennes, il a la capacité de rassembler. Les électeurs d’Emmanuel Macron, d’Éric Zemmour ou de Marine Le Pen peuvent se retrouver dans ce que défend David Lisnard. Le discours prônant une politique économique libérale pourrait aussi bien séduire les électeurs d’Emmanuel Macron que ceux d’Éric Zemmour. Aussi, un discours musclé sur l’immigration et l’insécurité pourrait ramener les actuels soutiens de Reconquête et du Rassemblement national à « la maison » (LR).
En définitive, il devra surmonter des défis, mais, quoiqu’il arrive, nous n’avons pas fini d’entendre parler de David Lisnard.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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