Il avait affirmé au monde que personne n’avait été tué place Tiananmen lors de la répression du printemps 1989. Yuan Mu, ancien porte-parole du gouvernement chinois, est décédé le 13 décembre à l’âge de 90 ans, mais Pékin a préféré garder le silence sur sa disparition.
Signe de la gêne que la répression de Tiananmen exerce toujours auprès des dirigeants chinois, le nom même de M. Yuan était toujours censuré mardi sur le réseau social Weibo, très populaire en Chine. Un article consacré à son décès la semaine dernière par le quotidien The Paper a été retiré du site du journal, ainsi que le faire-part de décès qui avait été affiché sur le site.
Mais son portrait apparaît sur un site internet commercial où il est possible de lui rendre hommage virtuellement. Considéré comme un conservateur au sein du régime communiste, Yuan Mu était porte-parole du gouvernement chinois entre 1987 et 1993. A ce titre, il avait dû défendre devant la presse la répression par l’armée des manifestations du printemps 1989 en faveur de la démocratie, qui ont fait des centaines, voire plus d’un millier de morts.
M. Yuan avait alors déclaré que personne n’avait perdu la vie place Tiananmen, l’immense esplanade du cœur de Pékin qui avait été occupée pendant des semaines par les étudiants. Le porte-parole avait ensuite dû reconnaître que la répression avait fait 300 morts parmi les soldats et des civils aux abords de la place. Aucun autre bilan officiel n’a depuis été donné par les autorités sur ces événements qui sont désormais tabous en Chine. Le décès de M. Yuan survient à l’approche d’une année politiquement sensible, le trentième anniversaire de la répression survenant le 4 juin prochain.
Le secret entourant la mort de M. Yuan contraste avec le cérémonial qui a accompagné récemment le décès d’Ismail Amat, un ancien vice-président du parlement qui a eu droit à un hommage du président Xi Jinping en personne ainsi qu’à une importante couverture médiatique. Depuis son départ du gouvernement en 1995, M. Yuan avait écrit plusieurs articles dénonçant le laxisme du régime qui conduisait, selon lui, à la corruption et au libéralisme bourgeois. En 1998, il avait lui-même démenti des rumeurs selon lesquelles il avait mis fin à ses jours. « Je ne serais pas assez bête pour faire ça », avait-il déclaré.
D.C avec AFP
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