Le samedi 10 décembre, à l’occasion de la journée internationale des droits de l’Homme, la Fédération asiatique pour les droits de l’Homme manifestait Place d’Italie, Paris 13e.
Comme des milliers de Vietnamiens, Tran Nghi a dû quitter son pays en 1975 sur une embarcation de fortune. Alors qu’elle avait douze ans, son père, militaire, refusait de vivre sous le joug communiste. Une fois en France, elle a décidé d’allier ses forces avec les groupes issus des minorités asiatiques pour faire entendre sa voix, et a fondé la Fédération asiatique pour les droits de l’Homme. En ce samedi 10 décembre, journée internationale des droits de l’Homme, son association défilait à Paris XIIIe, et portait haut l’héritage français.
Son pays d’origine, le Vietnam, vit toujours sous « la dictature communiste ». Un fait que l’on pourrait, d’après elle, facilement oublier en le visitant en tant que touriste. « De même, on semble oublier que le Tibet est dominé par la Chine, comme pour le Turkistan ou la Mongolie intérieure, qui vivent sous l’oppression du régime chinois », remarque-t-elle. La problématique du Vietnam, qui se divisait en 1954 entre le nord communiste et le sud démocratique pourrait symboliser l’oscillation d’une partie de l’Asie entre les régimes autoritaires hérités du communisme, et ceux empreints d’une démocratie d’inspiration occidentale.
Pour cette réfugiée, « on ne parle pas assez des droits de l’Homme ». « Le peuple chinois subit lui aussi la répression, mais on dirait que la communauté internationale a encore du mal à lever la voix de façon ferme envers la Chine. Ici, nous menons un combat contre le régime communiste chinois, pas contre le peuple chinois, il faut que cela soit clairement dit ».
Droits de l’Homme en Asie
Les droits de l’Homme ne sont pas accueillis partout comme étant une notion inaliénable et universelle. Les chercheurs et ONG notent une imprégnation différente de ces valeurs dans différents pays. En Asie, la perception du monde est différente : la cosmologie orientale place l’individu dans un certain ordre, alors que le concept des droits de l’Homme apparaît comme une idée occidentale plaçant l’individu au centre du monde dans lequel il vit.
Michel Levinet, professeur et théoricien des Droits et Liberté à l’université Montpellier III, affirme l’existence d’un fossé culturel entre Asie et Occident qui rend parfois difficile l’affirmation de droits de l’individu. « Pour les orientaux et la pensée confucéenne, l’homme doit vivre en harmonie avec ses semblables et le reste du monde, grâce à l’éducation, l’observation des rites, la recherche des arrangements et du compromis. Le droit en tant que système de régulation sociale jouit de peu d’estime ; la notion de droits subjectifs a peu de sens dans ces sociétés où les statuts ont une grande importance ; le recours au juge pour trancher un conflit est un signe presque infamant d’échec. On comprend dès lors que tout système de déclaration de droits soit fort difficile à implanter dans cette partie du monde », dit-il.
Mais outre cette différence culturelle, la principale mise à distance vient des gouvernements eux-mêmes. Et le premier d’entre eux, la Chine, affiche une opposition marquée aux droits de l’Homme. Le terme est tabou à l’intérieur du pays, et uniformément critiqué par les autorités en dehors du pays. Pour le professeur Michel Levinet, « sans doute, l’invocation des valeurs asiatiques peut se muer en un outil politique au service d’une élite qui détient le pouvoir politique et économique ».
Régimes communistes
Sans surprise, les régimes les plus liberticides sont aussi les plus réfractaires à aborder la question des droits de l’Homme. D’après le classement de Reporter sans Frontières, les régimes communistes asiatiques demeurent parmi les pires exemples en la matière. Sur 180 pays, la Chine se classe au 176e rang, le Vietnam au 175e et le Laos au 173e. Taïwan et Hong Kong, qui subissent les pressions de leur voisin communiste, sont relativement bien placés, respectivement à la 51e et 69e place.
L’ONG note pour le Laos que ce n’est pas tant la répression que le contrôle du parti unique sur tous les médias qui pose problème. Au Vietnam, le Parti communiste entretient une « chasse ouverte contre la liberté de parole ».
« Je réclame souvent mon statut de réfugiée politique, même si aujourd’hui je suis une Française d’origine vietnamienne. Nous souhaitons réveiller la conscience de nos compatriotes. Même si l’on est bien intégré, il ne faut jamais oublier d’où l’on vient, c’est très important. Cela fait plus de trente ans que je mène ce combat. Il faut garder espoir, avant tout. Avant, on n’aurait pas imaginé que le mur de Berlin allait tomber ou que l’Union soviétique se désagrégerait. On n’imaginait pas non plus que la Birmanie puisse un jour se défaire de l’emprise de la junte militaire au pouvoir », conclut Tran Nghi.
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