Des fissures découvertes sur des Boeing 737 NG ont entraîné l’immobilisation de dizaines d’appareils dans le monde pour réparation, a annoncé jeudi le constructeur qui subit là un nouveau revers.
Cette annonce est intervenue après que la compagnie aérienne australienne Qantas eut indiqué avoir cloué au sol un Boeing 737 NG en raison d’une fissure structurelle. Elle a ajouté qu’elle en inspectait 32 autres, tout en affirmant que les passagers n’avaient rien à craindre.
Séoul a fait savoir de son côté que neuf avions avaient été immobilisés début octobre, dont cinq opérés par Korean Air.
Au début du mois, Boeing, déjà englué dans la crise du 737 MAX, cloué au sol depuis le 13 mars à travers le monde après deux accidents ayant fait 346 morts, avait fait état d’un problème sur le « pickle fork », la partie de l’avion permettant de lier les ailes au fuselage et de gérer les contraintes et les forces aérodynamiques.
La découverte de « fissures structurelles »
Dans une directive de navigabilité (AD), l’Agence fédérale américaine de l’aviation (FAA) a alors annoncé avoir ordonné une inspection de certains Boeing 737 NG après la découverte de « fissures structurelles » sur un exemplaire en Chine.
Dans cette directive du 3 octobre, la FAA exige l’inspection, dans les sept jours, « avant l’accumulation de 30.000 cycles de vols » de chaque appareil. L’avion de Qantas présentant les fissures a effectué moins de 27.000 vols mais la FAA avait aussi demandé que les appareils ayant accumulé entre 22.600 et 29.999 cycles soient inspectés dans les 1.000 cycles suivants.
Jeudi, un porte-parole de Boeing a déclaré à l’AFP à Sydney que moins de 5% (50 appareils) du millier d’avions inspectés à ce stade présentaient des fissures et avaient été immobilisés à des fins de réparation. Il s’est refusé à fournir le chiffre précis.
La FAA exige l’inspection
« Les 737 NG concernés par la directive ne peuvent voler tant qu’ils n’ont pas été inspectés », a précisé jeudi la FAA, qui avait estimé, début octobre, le nombre d’appareils concernés à environ 1.911 appareils aux Etats-Unis.
Stephen Fankhauser, expert aéronautique à la Swinburne University of Technology, a expliqué que les pièces en question étaient construites de façon à ce que « la structure puisse tolérer un certain niveau de dégâts ou de dégradation ».
Cela n’a pas empêché des appels en Australie à l’immobilisation de toute la flotte des 737 NG, des appels jugés « complètement irresponsables » par Qantas.
« Même quand il y a une fissure, cela ne compromet pas automatiquement la sécurité de l’avion », a jugé Chris Snook, le chef de l’ingénierie de la compagnie australienne, ajoutant que le groupe avait accéléré les inspections de ses 32 autres 737 NG, lesquelles devraient être achevées vendredi.
Des quatre grandes compagnies aériennes américaines, seule Southwest a détecté des appareils défectueux (trois).
« Nous continuons de travailler avec Boeing sur les réparations de ces trois 737 NG et n’avons pas de date pour leur retour en service », a déclaré un porte-parole.
American Airlines, United et Delta ont affirmé avoir étendu les inspections sur les NG plus récents, revue qui se poursuit.
Le 737 NG est le prédécesseur du monocouloir 737 MAX. Dérivé en trois versions (737-700, 737-800 et 737-900 de 126 à 220 sièges), il a été produit à 6.162 exemplaires depuis son lancement au milieu des années 1990 selon le constructeur.
La compagnie australienne Virgin Airways a également inspecté ses 17 Boeing 737 NG sans qu’ils présentent de problème, selon un porte-parole de l’autorité australienne de l’aviation civile.
Plus gros opérateur mondial de 737 NG, avec « plus de 450 Boeing 737-800 », Ryanair a de son côté indiqué ne pas être touché par le problème pour le moment.
« Ryanair poursuit l’examen de ses appareils conformément à la consigne de navigabilité et ne s’attend pas à ce qu’il y ait une incidence sur ses activités ou sur la disponibilité de sa flotte », affirme la compagnie dans un communiqué.
Norwegian, qui exploite 118 Boeing 737-800, a de son côté indiqué que sa flotte n’était « pas immédiatement concernée », tout comme Royal Air Maroc, qui exploite 36 Boeing 737 NG.
Quant à Transavia France, filiale low cost du groupe Air France-KLM, « des vérifications ont débuté » sur ses 38 appareils et « à ce jour aucune anomalie n’a été détectée », selon un porte-parole.
Boeing tente depuis quelques mois d’obtenir le retour en service du 737 MAX, dont les déboires ont terni sa réputation et causé le limogeage du patron des avions commerciaux.
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