DÉCRYPTAGE – La semaine dernière, des eurodéputés ont adressé une lettre à la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, visant à inviter le milliardaire et propriétaire du réseau social X Elon Musk à s’exprimer en séance plénière. Cette invitation de l’allié de Donald Trump intervient dans un contexte d’inquiétudes de certains députés européens autour du Digital Services Act (le règlement européen sur les services numériques en français) et d’accusations d’ingérences à l’endroit du cofondateur de SpaceX.
Le désormais ministre de l’Efficacité gouvernementale du 47e président des États-Unis prendra peut-être prochainement la parole dans l’enceinte du Parlement européen. C’est en tout cas ce que souhaitent certains députés européens. Dans une lettre envoyée à Roberta Metsola le 14 janvier consultée par Epoch Times, 43 parlementaires, majoritairement issus des groupes de droite Patriotes pour l’Europe, les Conservateurs & réformistes européens et Europe des nations souveraines, ont « proposé d’inviter Elon Musk lors d’une session plénière ».
« [Elon] Musk, pionnier de la révolution numérique, a redéfini l’innovation en dépassant les cadres non productifs. Nous reconnaissons les motivations qui ont poussé ses réalisations révolutionnaires, sa perspective visionnaire sur le progrès mondial et ses idées qui pourraient faire à nouveau de l’UE un pôle de créativité et de progrès technologique », est-il écrit dans le courrier.
L’idée derrière cette lettre, dont le député Emmanouil Fragkos (CRE) est l’initiateur, est de faire intervenir le milliardaire notamment sur la liberté d’expression, les technologies et la censure.
Quelque « 40 députés ont signé une lettre demandant qu’il soit invité à la session plénière pour parler de la liberté d’expression et du développement technologique », a déclaré dans une vidéo publiée sur X, le 17 janvier, le chef de la délégation du parti de droite populiste espagnol Vox au Parlement européen, Jorge Buxadé.
Le principal intéressé a réagi à cette initiative sur X. « C’est cool », a-t-il écrit dans un post sur X le 16 janvier.
« Il promouvra la liberté d’expression »
Parmi les co-signataires de la lettre figurent notamment l’eurodéputé belge Tom Vandendriessche (Vlaams Belang) et la française Virginie Joron (Rassemblement national), tous deux membres du groupe Patriotes pour l’Europe. Epoch Times les a interrogés les 17 et 21 janvier. Pour le parlementaire européen belge, il s’agit avec cette invitation de pointer du doigt les dérives du DSA qui, selon lui, permettra « d’externaliser la censure aux grandes entreprises technologiques comme X ou Meta ».
« Nous avons vu les déclarations d’Elon Musk lorsqu’il a pris le contrôle de X. Nous avons maintenant les déclarations de Mark Zuckerberg à Meta qui confirment que plusieurs gouvernements ont poussé ces grandes entreprises technologiques à censurer des voix dans nos démocraties. Je pense que nous ne pouvons pas nous permettre cela », a-t-il confié à Epoch Times.
Le député européen a également estimé que le directeur général de Tesla est « un fervent défenseur du premier amendement de la Constitution américaine » et s’est dit convaincu qu’il « promouvra la liberté d’expression en Europe ». Tom Vandendriessche nous a aussi rappelé que son compte Facebook avait fait l’objet de censure il y a quatre ans. « J’avais en moyenne 150.000 personnes qui voyaient mes messages […] Après les événements du 6 janvier, avec lesquels je n’ai rien à voir, ils [Meta] ont réduit le nombre à 1500 personnes ».
« On voit bien ce double discours, cette hypocrisie parce qu’Elon Musk a annoncé la couleur. Il n’a pas de problème à annoncer pour qui il souhaite voter. Mais cela pose un problème ici aux députés qui sont vent debout puisqu’ils ont peur de perdre le pouvoir », a réagi auprès d’Epoch Times Virginie Joron, ajoutant qu’« ils sont en train de mettre en œuvre la commission dite ‘bouclier démocratique’, « une boîte à outils pour lutter contre la volonté des peuples », et le DSA en « fait partie ».
Accusations d’ingérences
Cette invitation a été envoyée au milliardaire américain alors que ce dernier est accusé par certaines personnalités françaises et européennes d’ « ingérences étrangères », notamment à la suite de son appel à soutenir le parti de droite nationaliste allemand, l’Alternative pour l’Allemagne en décembre ou de ses critiques formulées contre le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre britannique Keir Starmer.
Sur France Inter le 8 janvier, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a demandé à Bruxelles d’être plus ferme avec Elon Musk. « Si la Commission européenne ne sait pas nous protéger contre ces ingérences ou ces menaces d’ingérences, alors il faut qu’elle rende à la France, la capacité de se protéger elle-même », a aussi mis en garde le locataire du Quai d’Orsay.
Même son de cloche du côté de l’ancienne ministre et député européenne Renew Nathalie Loiseau. Dans un entretien à la Tribune dimanche le 12 janvier, elle a appelé à l’ouverture d’une « nouvelle enquête sur X ».
Le chancelier allemand avait quant à lui jugé le soutien du milliardaire à l’AfD d’ « inacceptable ».
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