Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a visité ce lundi à Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) un centre éducatif fermé (CEF) pour mineurs délinquants où il a échangé avec des « gamins déchirés par la vie », qu’« il faut aider ».
« J’ai toujours pensé qu’il valait mieux construire une école qu’une prison. Les gamins qui sont là sont déchirés par la vie », a déclaré le garde des Sceaux aux journalistes après cette visite.
« Ces gamins vont revenir un jour ou l’autre dans la société civile et il faut qu’ils reviennent meilleurs, je crois en cela passionnément », a-t-il ajouté. « Ces gamins là, pour la plupart d’entre eux, n’ont pas eu de chance. Il faut les aider ».
[#Visite]
Rencontre de M. Éric DUPOND-MORETTI, Garde des Sceaux, Ministre de la justice, avec des jeunes du Centre Éducatif Fermé d’Épinay-sur-Seine, en présence de Mme Anne-Claire MIALOT, préfète déléguée pour l’égalité des chances. pic.twitter.com/3Hf1CBbANr— Préfet de la Seine-Saint-Denis (@Prefet93) July 13, 2020
Eric Dupond-Moretti a rendu hommage au personnel « magnifique » qui travaille dans ce CEF pour donner à ces mineurs « une colonne vertébrale ». « Les gens qui travaillent ici le font par passion. C’est difficile, c’est gratifiant en même temps ».
Le ministre a rappelé que vingt nouveaux CEF devaient être construits pour compléter la cinquantaine existant déjà en France. « Il n’y a pas le laxisme d’un côté et la répression de l’autre, il y a des équilibres à trouver », a jugé le ministre.
Alternatives à l’incarcération, les centres éducatifs fermés reçoivent jusqu’à douze jeunes multirécidivistes pour une période de six mois renouvelable une fois, en application d’un contrôle judiciaire, d’un sursis avec mise à l’épreuve ou d’un aménagement de peine. Environ 13.000 jeunes y ont été placés depuis 2002.
Dupond-Moretti: « La Justice a deux problèmes, elle manque de moyens et a de mauvaises habitudes pic.twitter.com/aNI8swRSjz
— BFMTV (@BFMTV) July 13, 2020
Le CEF d’Epinay-sur-Seine a ouvert en 2013. Il accueille actuellement six jeunes. Le ministre a échangé, sur un ton détendu, avec plusieurs d’entre eux. « On a des droits mais on a des devoirs aussi. Tout ça, c’est mis en place (…) pour qu’à la sortie, tu deviennes un citoyen comme les autres », a-t-il expliqué à Dylan, un mineur qui a connu trois périodes d’incarcération.
« C’est important ce que vous allez faire plus tard, il y a des gens qui regardent, qui voudraient que ce soit la prison et encore plus de prisons. C’est en étant ‘clean’ qu’on va continuer ce genre de choses », lui a expliqué le ministre.
« Ça tranche avec le discours sécuritaire de ces dernières années », a réagi le député LFI Eric Coquerel, présent à la visite. « Ce n’est pas habituel qu’un ministre rappelle qu’en prison, ou dans les centres de ce type, l’objectif est aussi la réinsertion, pas seulement la punition ». « J’espère qu’il aura les moyens de sa politique », a-t-il ajouté.
Eric Dupond-Moretti a promis que la justice allait « connaître un budget qu’elle n’a pas connu depuis longtemps ».
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