Le ministère de l’Intérieur a demandé dans certaines académies une « évaluation du taux d’absentéisme constaté à l’occasion de l’Aïd al-Fitr » mais nie tout « fichage », a affirmé dimanche la secrétaire de l’État chargée de la citoyenneté Sonia Backès face à l’indignation suscitée par l’initiative.
« Le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer étudie régulièrement l’impact de certaines fêtes religieuses sur le fonctionnement des services publics, et notamment au sein de la sphère scolaire », a indiqué Mme Backès dans un communiqué.
« C’est dans ce cadre qu’une évaluation du taux d’absentéisme constaté à l’occasion de la fête de l’Aïd al-Fitr, le 21 avril dernier, a pu être demandée, dans certaines académies, aux chefs d’établissement », indique le communiqué. « Aucune donnée nominative a été ni demandée ni recensée à aucun moment », a précisé Mme Backès qui affirme que l’initiative ne relevait pas d’une volonté de « fichage » des élèves en fonction de leur confession.
Contrairement à ce qui a pu être affirmé au cours des derniers jours, le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer ne pratique bien évidemment aucun fichage des élèves en fonction de leur confession.
Aucune donnée nominative n’a été ni demandée ni recensée à aucun moment. pic.twitter.com/U8rs5t3rtH
— Sonia Backes (@SoniaBackes) May 21, 2023
Une demande « particulièrement choquante »
Dans l’académie de Toulouse, des policiers ont demandé aux chefs d’établissements scolaires de Toulouse, par mail, de leur indiquer le nombre d’élèves absents le jour de l’Aïd al-Fitr. Des responsables associatifs, syndicaux ou politiques se sont inquiétés de cette initiative policière, certains comme l’ancien député socialiste Jean-Christophe Cambadelis évoquant « un fichage dans l’ensemble de la ville ». La demande des policiers est « particulièrement choquante en ce qu’elle associe la pratique religieuse musulmane à une question de sécurité », a indiqué de son côté SOS Racisme, en rappelant que la demande aux établissements scolaires émanait de la direction départementale de la sécurité publique (DDSP).
Plus tard dimanche, l’association a réagi au communiqué de Mme Backès en reprochant au ministère de l’Intérieur de faire preuve d’une « coupable désinvolture lorsqu’il s’agit de s’expliquer sur un acte qui relève (…) d’une consigne qu’il a émise ». « Pour quelles autres fêtes religieuses le ministère de l’Intérieur a-t-il demandé une évaluation du taux d’absentéisme aux chefs d’établissement », s’est interrogé l’association dans son communiqué. Le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, y a également fustigé une logique « de dissimulation » des intentions du ministère de l’Intérieur.
« Maladresse »
Le syndicat Sud Éducation a de son côté dénoncé des « dérives islamophobes » dans l’administration. « Des collègues AESH et agents se sont vus refuser une autorisation d’absence », pour le jour de la fête, au contraire des enseignants, a-t-il par ailleurs indiqué. L’Union des Mosquées de France pour sa part demandé une « enquête en bonne et due forme »
« Les familles doivent être dûment informées et rassurées du devenir des informations données par certains chefs d’établissements ayant, malheureusement, répondu à la sollicitation des policiers », a estimé l’Union des Mosquées de France.
La demande des policiers avait été faite directement aux établissements concernés, sans l’aval du rectorat de Toulouse. « En aucun cas nous ne menons des enquêtes de la sorte », avait déclaré à l’AFP Mostafa Fourar, recteur de l’académie. Une source proche du dossier avait évoqué auprès de l’AFP une « maladresse » dans la formulation de la demande relayée par les policiers référents de l’Éducation nationale au bénéfice du renseignement territorial.
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