Emmanuel Macron a poursuivi jeudi, dans le Nord et le Pas-de-Calais, son périple sur les traces de la Grande Guerre, émaillé de contacts avec la population virant parfois à l’invective, mais dont il s’est dit « très heureux ».
Au cinquième jour de son « itinérance mémorielle », le chef de l’État a dû également à nouveau s’expliquer sur la controverse suscitée par ses propos de la veille sur le maréchal Pétain, assurant qu’il n’avait « jamais été question d’une célébration individuelle » du héros de 14-18 devenu le chef du régime collaborationniste de Vichy.
#Pétain : « Je regarde toute notre histoire en face. » pic.twitter.com/rbRgMaKSAd
— Élysée Infos (@ElyseeInfos) November 7, 2018
« Il faut reconnaître la vérité de l’histoire mais rester dans notre devoir de mémoire et rester aux conséquences de l’indignité qui a été reconnue » à Pétain en 1945, a-t-il expliqué en marge de la visite d’une usine Renault à Maubeuge, dénonçant la « boîte à folie » des « polémiques inutiles ».
Eux ont connu l’Europe divisée. Il ne faut pas oublier le sens de notre Union aujourd’hui. Elle n’est pas une abstraction ! https://t.co/iuDcsS5nUK
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 8, 2018
Après de nombreux responsables politiques et le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) dès mercredi, le Grand Orient de France, principale obédience maçonnique française, a qualifié jeudi d’« inacceptable » tout hommage rendu au maréchal Pétain.
Depuis le début de la semaine, le président fait le grand écart entre les sujets mémoriels et les dossiers d’actualité, comme la hausse des prix du carburant.
On réussit sans vous : L'échange houleux entre Macron et un syndicaliste de Renault https://t.co/wgctfrMwQf pic.twitter.com/rkSmonTMqA
— marcelline goldstaub (@marcellinegold1) November 8, 2018
La visite à l’usine Renault, qui emploie 2 200 personnes, n’a pas dérogé à cette règle. Il a été accueilli par le PDG de Renault Carlos Ghosn qui lui a présenté les investissements du groupe, dont celui d’un milliard d’euros dans les véhicules électriques sur cinq ans, annoncé en juin.
En outre, Carlos Ghosn a annoncé pour le seul site de Renault Maubeuge, très gros employeur de la région, 450 millions d’euros d’investissement ainsi que 200 embauches en CDI en 2019.
Échange fougueux entre le président et un ouvrier de Renault
S’adressant au personnel de l’usine, le chef de l’État a eu la surprise de se faire prendre à partie par un syndicaliste de SUD. « M. Macron, vous n’êtes pas le bienvenu ici », lui a crié cet homme, Samuel Beauvois.
Aux salariés de Renault à Maubeuge : ce mois d’octobre, vous avez vu sur votre feuille de paye les cotisations sociales et salariales baisser, et donc votre salaire augmenter. Vous avez vu la taxe d’habitation commencer à baisser. C’est la politique que nous mettons en place.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 8, 2018
« On est là tous ensemble pour réussir », a répliqué le président. « On réussit sans vous », a rétorqué le syndicaliste, sifflé par nombre de ses collègues qui ont applaudi le président.
« Je veux expliquer pourquoi je suis là, cet engagement… » « C’est pas grâce à vous », l’a coupé son interlocuteur. « Là vous êtes ridicule, pardon de vous le dire », s’est énervé le chef de l’État.
Macron à un syndicaliste de chez Renault : "Vous êtes ridicule !" >> https://t.co/ICibYi8b0f pic.twitter.com/gd1r9Nghsv
— Valeurs actuelles (@Valeurs) November 8, 2018
Ce voyage permet au chef de l’État, au plus bas dans les sondages – 27 % d’opinions positives selon la dernière enquête Elabe, publiée jeudi -, de multiplier les bains de foule. Mais il est confronté chaque jour à des expressions de colère, contre le faible montant des retraites ou la cherté des carburants, à une semaine d’un appel à bloquer les routes le 17 novembre.
« Je suis très heureux de cette itinérance »
Alors que des médias ont évoqué un chemin de croix, Macron a, en réponse à un journaliste, parlé du « bonheur » que lui procure ce périple.
« J’ai jamais pensé que c’était facile », a-t-il expliqué : « J’ai été élu en me faisant secouer et ça continuera jusqu’au bout, parce que notre pays ne peut pas, depuis trente ans, être dans le chômage de masse, et considérer que ça va bien. Je suis très heureux de cette itinérance parce que je suis dans le pays (…). Je capte plein de choses, de messages, d’enseignements, je vois ce qui fonctionne, ce qui n’est pas compris, ce qui ne va pas assez vite dans ce qui est décidé ».
La meilleure solution pour un pouvoir d’achat durable : former tous nos jeunes, s’assurer qu’ils aillent tous à l’école, qu’ils puissent avoir accès à l’apprentissage s’ils le souhaitent et que ceux qui sont au chômage puissent être formés pour retrouver un emploi.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 8, 2018
Le président a passé l’après-midi à Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais), site de la plus grande nécropole militaire française où reposent 22 000 combattants.
Il a longuement parcouru l’Anneau de la mémoire accompagné de l’historien Yves Le Maner, et échangé avec les descendants de trois poilus français et britannique dont les noms figurent parmi les 580 000 gravés sur le monument en forme d’ellipse.
Après le dépôt de gerbe, il a ravivé la flamme du soldat inconnu et s’est recueilli dans la crypte de la Tour Lanterne, avant de saluer les gardes d’honneur, les porte-drapeaux et les élus.
Un millier de personnes, dont des écoliers et collégiens du département, ont assisté à la cérémonie qui a duré environ une heure.
D. S avec AFP
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