Un bloc de pierre de 400 kg tombé du Mur des Lamentations à Jérusalem sans faire de blessé a été retiré mercredi, une chute qui a suscité des spéculations sur un possible message divin. Une enquête a été ouverte pour déterminer les raisons de cette mystérieuse chute lundi. Ni les responsables de l’Autorité des antiquités israéliennes ni les rabbins ne se souviennent d’un tel incident.
Le Mur des Lamentations est le seul vestige d’un mur de soutènement du deuxième Temple juif détruit par les Romains en l’an 70, le lieu le plus saint du judaïsme. Au-dessus de ce mur s’étend l’esplanade des Mosquées, le troisième lieu saint de l’islam, après la Mecque et Médine. Pour le rabbin Shmouel Rabinowitz, chargé du Mur, il s’agit « d’un incident rarissime et incompréhensible qui exige un examen de conscience ».
Des croyants ont proposé des interprétations sur ce qu’ils considèrent comme un message divin, certains y voyant des signes d’une rédemption imminente. « Personne ne peut comprendre le message divin, mais il nous est commandé d’être en éveil », a affirmé sur le site un ultra-orthodoxe juif, Shimshon Elboim.
Les autorités de leur côté ont traité l’affaire sur un mode plus technique. Une grue a évacué le bloc de pierre d’un mètre de hauteur et de largeur. L’incident s’est produit dans une partie du Mur moins fréquenté où hommes et femmes peuvent prier ensemble, alors que dans les autres sections du Mur des Lamentations, ils sont séparés.
Situé dans la vieille ville, le Mur des Lamentations est le site le plus populaire d’Israël, selon les autorités, avec des millions de visites chaque année, notamment pour les fêtes juives. La vieille ville se trouve à Jérusalem-Est, partie de la ville occupée par Israël depuis 1967 et annexée par l’Etat hébreu ce que la communauté internationale n’a pas reconnu.
L’Autorité des antiquités, qui mène des travaux de restauration sur le site, a procédé mercredi à de premiers tests pour déterminer si la pierre pouvait être remise en place. « Cet accident doit nous servir de signal d’alarme et nous donner l’occasion de nous occuper de tous les sites archéologiques de la vieille ville de Jérusalem », a affirmé Amit Reem, un archéologue.
Pour examiner l’état du Mur, l’Autorité des antiquités va placer des échafaudages sur toute sa longueur. Des experts vont utiliser le dernier cri de la technologie avec des appareils d’échographie et des lasers afin d’examiner « chaque pierre une par une », ajoute Amit Reem. Selon lui « la raison de la chute est naturelle, elle peut être due à une infiltration d’eau, des racines de plantes qui ont poussé entre les pierres ou des règles physiques naturelles ».
Le fait que les chutes de pierres du Mur soient si rares illustre « le caractère génial des techniques de construction » utilisées il y a deux millénaires. A l’époque, les bâtisseurs utilisaient des pierres en calcaire minutieusement taillées « au millimètre près » afin de les s’imbriquer les unes dans les autres.
La ministre de la Culture Miri Reguev a décidé de mettre sur pieds une commission d’enquête composée de représentants de la mairie, de l’Autorité des antiquités, de l’association gérant le lieu saint et rabbinat israélien. « On ne peut pas prendre cet incident à la légère, il s’agit de vies humaines », a affirmé la ministre dans un communiqué.
Pour Yossi Algrabli, propriétaire de la société de grues venu sur place inspecter le déplacement de cette pierre, il ne s’agit pas d’un travail « normal ». « On sent la sainteté du lieu, chaque fois que je viens ici mon cœur se met à fondre », confie-t-il à l’AFP.
DC avec AFP
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