La journaliste Ariane Lavrilleux a qualifié mercredi soir de « très inquiétante » la décision prise par un juge des libertés et de la détention de valider les saisies opérées à son domicile dans le cadre d’une enquête sur des atteintes au secret défense dont est accusé le média Disclose.
« J’ai appris ce mercredi soir que le juge a décidé de verser (au dossier) la quasi-totalité des pièces qui ont été saisies à mon appartement », a-t-elle déclaré dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux. Le site Disclose précise que « sept pièces sur dix » vont être versées au dossier d’enquête.
« Des notes manuscrites, des mails… C’est une décision absolument scandaleuse, très inquiétante (…) pour les journalistes et vous tous qui nous informez au quotidien sur des affaires sensibles qui touchent à la responsabilité de l’État », a insisté Mme Lavrilleux. Aucune source judiciaire n’avait pu confirmer l’information à l’AFP dans l’immédiat.
Mme Lavrilleux, qui collabore avec le site d’investigation Disclose, avait été placée pendant 39 heures en garde à vue, entre mardi 19 et mercredi 20 septembre. Cette garde à vue a été réalisée dans le cadre d’une information judiciaire en cours depuis juillet 2022, ouverte par le parquet de Paris pour compromission du secret de la défense nationale et révélation d’information permettant de découvrir l’identité d’agents de renseignement. Les perquisitions effectuées à son domicile marseillais ont été contestées par sa défense, au nom de la liberté de la presse et de la protection du secret des sources.
« C’est inadmissible en démocratie »
Un ancien militaire, que la justice semble considérer comme l’une des sources d’articles publiés par Disclose, avait été mis en examen le 21 septembre pour détournement et divulgation du secret de défense nationale par son dépositaire. Il a été placé sous contrôle judiciaire, comme l’avait requis le parquet. « Ce que les autorités cherchent, c’est uniquement nos sources », a fustigé Mme Lavrilleux. « C’est inadmissible en démocratie », a-t-elle insisté, appelant toute personne à « interpeller nos représentants politiques ».
L’enquête se concentre sur plusieurs articles publiés par Disclose depuis 2019. Ces derniers portent sur des ventes d’armes françaises à l’étranger mais aussi sur l’opération « Sirli », une mission de renseignement française en Égypte que ce pays aurait détournée pour cibler et tuer des opposants. Les investigations ont démarré après deux plaintes déposées par le ministère des Armées en 2021.
Mardi, à l’Assemblée nationale, les députés LFI avaient quitté l’hémicycle, après avoir dénoncé, par la voix de Bastien Lachaud, une « dérive autoritaire » du gouvernement. « Lorsque l’action publique est en marche, la justice doit faire son travail », leur a rétorqué le garde des Sceaux Éric Dupont-Moretti. « Si la justice estime que cette plainte ne doit pas prospérer, elle le dira, si elle estime le contraire, elle le dira également en toute indépendance ».
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