Une entrée sur la piste à la manière des rock stars, des notes de musique et le cheval ‘piaffe’ avec élégance et lenteur, en harmonie avec son cavalier. Ou plutôt sa cavalière car le dressage est un art dominé par les femmes.
Discipline olympique depuis plus de 100 ans, le dressage a fait son show samedi à Göteborg pour la très prisée finale de Coupe du monde, remportée par l’une des plus grandes cavalières de dressage, la sextuple championne olympique allemande Isabell Werth. « En dressage, il faut sentir et savoir être attentive aux réactions du cheval. Plus on passe de temps ensemble et mieux on se connait, c’est comme un vieux couple », explique à l’AFP Werth, qui compose depuis 2016 avec une jument de 14 ans, Weihegold OLD.
Le dressage un partenariat vraiment proche
Werth était l’une des 14 femmes qualifiées pour la finale de samedi pour seulement quatre hommes en lice. Le podium était 100% féminin. En saut d’obstacles l’épreuve-reine ce sont 20 hommes pour cinq femmes qualifiés pour la finale dimanche. Faut-il le rappeler, mais l’une des particularités de l’équitation est qu’il n’y a pas de catégorie par genre. Pour Werth, tout est lié à la relation avec le cheval qui, en dressage, est une histoire de connexion. « Le dressage est un partenariat vraiment proche, beaucoup plus qu’en saut. Et les femmes sont plus ouvertes que les hommes à ce genre de relation », suppose la cavalière allemande.
Car derrière ce mot un peu rude de ‘dressage’, héritage d’une époque militaire où le cavalier devait prouver qu’il savait faire obéir son cheval, il y a de l’harmonie et de la complicité, explique la directrice de la discipline au sein de la Fédération internationale d’équitation (FEI). « Le cavalier et le cheval ne font qu’un sur chaque foulée, ce qui n’est pas le cas au saut d’obstacles. C’est une danse entre les deux, vraiment », souligne Bettina de Rham, pour qui tout cela s’acquiert sur du long terme, avec beaucoup de patience.
Le dressage est l’héritage d’une époque militaire
Et la patience, c’est peut-être bien ce qu’il manque aux jeunes cavaliers masculins, en quête rapidement de résultats et qui choisissent alors le saut. « Les jeunes se découragent plus vite avec le dressage », dit de Rham. En saut, un cheval est capable de performer à très haut niveau dès l’âge de 8 ans. En dressage, il faut attendre ses 11-12 ans.
« Il faut du temps pour bâtir les muscles d’un cheval pour faire les mouvements. Les chevaux à la morphologie plutôt compacte réussissent bien. Ceux qui sont encore assez fins avec des longues jambes ont besoin encore de temps pour pouvoir faire tous les mouvements à ce niveau de compétition. Les muscles prennent du temps à se faire et il faut de la patience », relève le directeur vétérinaire de la FEI, Göran Akerström, qui glisse que les « femmes sont moins impatientes et plus à l’écoute » dans cette capacité à dresser un cheval.
Et les hommes, qu’en disent-ils ?
« Ce qui est drôle, c’est qu’en Suède, l’équitation est dominée par les filles. Et parmi elles, il y a quelques garçons qui vont loin en compétition », se contente de répondre le Suédois Patrik Kittel, cavalier de dressage âgé de 42 ans. Devant son public, Kittel se nourrira des encouragements pour exécuter en rythme avec une musique, un certain nombre de mouvements pour faire en sorte que le cheval ‘piaffe’ et ‘passage’ en le contrôlant via le travail des jambes. « Le but ultime, c’est de réussir à faire quelque chose de génial avec le cheval sans que personne ne voit vraiment ce que vous faites pour y arriver », résume le Suédois.
D.C avec AFP
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