États- Unis : la Chine accusée de contribuer au trafic du fentanyl

Par Epoch Times avec AFP
28 novembre 2024 11:10 Mis à jour: 28 novembre 2024 11:27

Le président élu américain Donald Trump menace d’augmenter drastiquement les droits de douane sur les importations chinoises, face à la passivité supposée de Pékin vis-à-vis d’un trafic d’opioïde responsable d’une grave crise sanitaire aux États-Unis.

Donald Trump accuse la Chine de ne pas en faire assez pour empêcher le trafic de fentanyl, une drogue qui a provoqué selon les autorités américaines plus de 70.000 décès par overdose en 2023.

Le fentanyl est un opioïde synthétique 50 fois plus puissant que l’héroïne et beaucoup plus facile et moins coûteux à produire. Il s’agit de la principale cause de décès chez les Américains de 18 à 45 ans.

Le sénateur américain et candidat républicain à la vice-présidence pour 2024, J.D. Vance (R), écoute des témoignages sur les effets du fentanyl sur les habitants de la ville lors d’un meeting de campagne au 2300 Arena à Philadelphie, Pennsylvanie, le 6 août 2024. (Photo RYAN COLLERD/AFP via Getty Images)

La DEA, l’agence américaine de lutte antidrogue, affirme que la Chine est « la principale source de précurseurs chimiques liés au fentanyl introduits clandestinement aux États-Unis ».

Pékin a renforcé en 2019 les contrôles, ce qui aurait permis de réduire le trafic direct vers les États-Unis.

Des précurseurs chimiques transformés en fentanyl au Mexique

Mais, selon le Service de recherche du Congrès américain, les précurseurs chimiques sont désormais envoyés au Mexique, où ils sont transformés en fentanyl avant d’être introduits clandestinement aux États- Unis.

Ces composants sont souvent légaux en Chine, où ils sont utilisés dans le milieu médical comme antidouleurs, compliquant les poursuites judiciaires.

Une source d’approvisionnement des cartels mexicains basée en Chine

La Chine affirme qu’il n’existe « aucun trafic illégal de fentanyl » entre son territoire et le Mexique, mais promet de renforcer les contrôles et rappelle qu’elle est « l’un des pays les plus sévères au monde » contre les stupéfiants.

En octobre, le gouvernement américain a sanctionné des dizaines d’entités et d’individus basés en Chine accusés d’être « la source d’approvisionnement » de trafiquants américains, de vendeurs sur le dark web et de cartels mexicains.

Le groupe, composé d’entreprises situées à Wuhan, ailleurs en Chine continentale ainsi qu’à Hong Kong, est accusé d’avoir envoyé au Mexique et aux États-Unis un total de 900 kg de précurseurs chimiques, saisis par les autorités.

Un trafic qui « commence souvent dans des usines chimiques chinoises »

« Le trafic mondial de fentanyl, qui aboutit à la mort d’Américains, commence souvent dans des usines chimiques chinoises », a déclaré Merrick Garland, le ministre américain de la Justice.

NEW YORK, NEW YORK – 18 NOVEMBRE : Le procureur général des États-Unis Merrick Garland s’adresse aux membres du bureau du procureur général des États-Unis pour le district sud de New York le 18 novembre 2024 à New York. (Photo Jefferson Siegel-Pool/Getty Images)

Pékin a qualifié ces sanctions de campagne de « pression » injustifiée. Les discussions sur la lutte antidrogue ont pris du plomb dans l’aile en raison des tensions sino-américaines.

Mais lors d’un sommet en novembre 2023 à San Francisco, les présidents américain Joe Biden et chinois Xi Jinping ont promis de relancer les discussions.

Le président Biden discute des progrès réalisés pour ralentir l’entrée du fentanyl dans le pays
WASHINGTON, DC – 21 NOVEMBRE : Le président des États-Unis Joe Biden s’exprime lors d’une réunion sur la lutte contre le flux de fentanyl aux États-Unis, dans la salle Roosevelt de la Maison-Blanche, le 21 novembre 2023 à Washington, DC. (Photo Drew Angerer/Getty Images)

De nouvelles variantes de substances chimiques pour les  trafiquants

Un groupe de travail sur le narcotrafic s’est réuni à Washington cet été. La Chine a annoncé le durcissement des contrôles sur trois précurseurs clés du fentanyl.

Mais les experts estiment que les trafiquants s’adaptent rapidement en créant de nouvelles variantes de substances chimiques avant même qu’elles ne soient identifiées et réglementées.

On reste loin « de poursuites solides » de la part de Pékin

Pékin n’est pas suffisamment sévère envers les entreprises impliquées dans ce commerce, selon Vanda Felbab-Brown, spécialiste du crime organisé au groupe de réflexion américain Brookings Institution.

« On est encore loin de véritables inculpations ou de poursuites solides pour blanchiment d’argent ou vis-à-vis de l’envoi de précurseurs aux cartels mexicains », affirme-t-elle dans un podcast récent.

L’augmentation des droits de douane suffira-t-elle ?

Donald Trump semble déterminé à adopter une ligne dure contre la Chine. Mais rien ne garantit que ses droits de douane auront l’effet escompté.

En réponse, le ministère chinois des Affaires étrangères a affirmé que le pays « reste disposé à poursuivre sa coopération antidrogue avec les États-Unis ». Mais Pékin a également appelé les États-Unis à de « ne pas considérer la bonne volonté de la Chine comme acquise ».

Des gangs chinois spécialisés dans le blanchiment en appui des cartels

Des réseaux complexes de blanchiment d’argent compliquent le problème. Plusieurs experts soulignent que seuls des efforts de coordination plus étroits entre Washington et Pékin peuvent y remédier.

« Les cartels internationaux se tournent de plus en plus vers des gangs chinois spécialisés dans des services de blanchiment rapides, peu coûteux et sécurisés », affirme la chercheuse Zongyuan Zoe Liu dans un rapport publié en septembre par le groupe de recherche américain Council on Foreign Relations.

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