Pour une vieille dame de Compiègne, dans le nord de la France, l’évaluation de sa maison a révélé bien plus que des livres recouverts de poussière et autres objets inutiles. Elle a rapidement appris qu’elle était en possession d’un tableau rare du XIIIe siècle accroché au-dessus de la plaque chauffante de sa cuisine. L’œuvre d’art a ensuite été vendue aux enchères pour une somme colossale.
Depuis, le gouvernement français a empêché l’adjudicataire d’exporter le tableau à l’étranger, dans l’espoir qu’il puisse être acquis pour la collection nationale du pays.
Selon KTLA 5, début juin 2019, la commissaire-priseur Philomène Wolf s’est rendue dans une maison près de Compiègne (Oise). La propriétaire des lieux, une dame âgée de 90 ans, restée anonyme, lui avait demandé d’estimer ses biens et d’examiner des objets divers et variés, pour la plupart destinés à être jetés avant son départ en maison de retraite. Elle ne se doutait pas, alors, qu’elle allait faire une découverte d’envergure pour le monde de l’art.
« Cette maison d’architecte des années 1960 était vendue, j’avais une semaine pour expertiser son contenu et la vider », raconte Philomène Wolf, la commissaire-priseuse. « Il a fallu faire de la place dans mon agenda. Tout partait à la déchetterie sinon… »
Dès ses premiers pas dans maison, elle s’arrête sur un petit tableau de 25 x 20 cm. Dans cette cuisine ouverte, il trône sur un mur menant au salon, fixé au-dessus du bar et des plaques de cuisson. Il est pourtant en parfait état.
Le fond doré l’interpelle. « On en voit rarement d’une telle qualité. J’ai tout de suite pensé que c’était l’œuvre d’un peintre primitif italien. Mais je n’imaginais pas que c’était Cimabue ! »
Cimabue est le pseudonyme de l’artiste médiéval Cenni di Pepo, né à Florence, en Italie, vers l’an 1240.
Philomène Wolf a « un pressentiment ». Le tableau est présenté au Cabinet Turquin pour être examiné par des experts en art à Paris, qui, par l’intermédiaire d’un de leurs experts, Jérôme Montcouquil, ont officiellement identifié l’œuvre comme étant de la main de Cimabue.
Le procédé de la réflectographie à l’infrarouge a confirmé que l’oeuvre était bien une pièce rare du XIIIe siècle de Cimabue intitulée Le Christ moqué, selon People.
Pour la famille, qui n’a aucune trace d’achat ou de provenance de l’œuvre, ce n’était qu’une simple icône russe sans grande valeur. La commissaire-priseur pense alors à une vente à 300 000 ou 400 000 €. Alors que le cabinet Turquin, lui, l’a estimée entre 4 et 6 millions d’euros.
Le 27 octobre 2019, à la maison de vente aux enchères Actéon à Senlis, au nord de Paris, Le Christ moqué a été vendu pour plus de quatre fois sa valeur estimée. Dans une déclaration publiée par le cabinet Turquin, il a été révélé que le tableau avait été adjugé pour un montant stupéfiant de 24 millions d’euros.
Le Monde a rapporté que des collectionneurs d’art chiliens des États-Unis ont surenchéri sur le Metropolitan Museum of Art de New York pour cette peinture très convoitée.
Jérôme Montcouquil du Cabinet Turquin, a reconnu Cimabue comme étant un « père de la peinture », a rapporté CNN. « Nous connaissons très bien son travail. Il n’y a que onze de ses peintures dans le monde ; elles sont rares », ajoute-t-il.
Il ajoute que l’œuvre fait partie d’un diptyque réalisé en 1280 dans lequel étaient représentées sur huit panneaux de tailles semblables des scènes de la Passion et de la crucifixion du Christ.
« La National Gallery de Londres abrite une autre scène de l’œuvre, La Vierge à l’enfant trônant et entourée de deux anges, que la galerie a acquise en 2000. Une autre – La Flagellation du Christ – se trouve à la Frick Collection à New York. »
À la suite de la vente aux enchères du Christ moqué, le Comité consultatif des trésors nationaux français a bloqué l’exportation du tableau par son nouveau propriétaire ; le comité a dicté que le Christ moqué resterait en France pendant 30 mois après la vente aux enchères, donnant ainsi au gouvernement français le temps de réunir les fonds nécessaires à l’achat du tableau au nom de la nation.
Le comité souhaite que le Christ moqué soit exposé au côté d’autres œuvres de l’artiste actuellement exposées au Louvre, notamment Maestà, largement considérée comme le tableau le plus célèbre de Cimabue, a rapporté NPR.
La nonagénaire à qui vivait dans la cuisine dans laquelle le tableau a été découvert est décédée depuis, mais le cadeau qu’elle a laissé au monde de l’art est incomparable.
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