« Gilets jaunes »/Bordeaux : le jeune à la main arrachée veut porter plainte

12 décembre 2018 14:55 Mis à jour: 12 décembre 2018 14:55

Le jeune homme qui a eu la main arrachée en ramassant une grenade lors de la manifestation des « gilets jaunes » samedi à Bordeaux a annoncé lundi sur France Inter son intention de porter plainte.

« Je regarde ma main et à la place il y a un moignon avec des lambeaux de chair qui pendent et un morceau d’os déformé », déplore Antoine.

Ce jeune militant a été hospitalisé et amputé. Il n’a plus de main mais un moignon bandé et le haut des jambes criblés de morceaux de plastique et de métal qui pourraient avoir été causés par une grenade de type GLI-F4 .

« Au début la manif se passait bien », les échauffourées commencent. Il y a des fumigènes, on lance des œufs, on se fait gazer. Moi, à un moment je recule parce que les charges ont commencé. Avec les gars, on se dit qu’on va se poser dans un bar à côté, se reposer les yeux. J’ai pris des bières assez fortes, mais je n’étais pas très alcoolisé », poursuit le jeune homme. Et puis, « on a décidé d’y retourner », explique le jeune blessé.

Selon deux journalistes de l’Agence France Presse (AFP) qui ont assisté à la scène, les projectiles lancés contre les forces de l’ordre ne consistaient pas uniquement en « œufs » et « cailloux ».

Les journalistes de l’AFP ont ainsi pu voir durant ces affrontements que quelque 200 manifestants venus en découdre lançaient des pavés déterrés dans une petite rue adjacente, des fusées d’artifice, des fumigènes, de la peinture, des aérosols, des balles de plomb, des cartouches de fusil et aussi des bombes artisanales d’acide.

« Il y avait un feu au niveau du tram (à la station) Hôtel de Ville, j’ai essayé de voir ce qui se passait et là, un truc roule à mes pieds. Je n’ai pas réfléchi, je ne savais pas ce que c’était, je décide de le prendre à la main et de le relancer. Et le truc explose, ma main explose », raconte encore Antoine.

Le manifestant, qui assure que c’était la première fois qu’il se joignait aux « gilets jaunes », a probablement ramassé une grenade GLI-F4, utilisée par les forces de l’ordre.

« Ils ne peuvent pas nous envoyer ça dans la gueule, nous on n’est pas armés, au mieux les gars ils ont des masques à gaz ou des lunettes de plongée, ils se débrouillent comme ils peuvent pour s’armer contre des gens en face qui ont des gilets [pare-balles], des casques et des matraques, des boucliers et des lance-grenades. Je savais qu’ils avaient des flash-ball et des lacrymos mais ça je n’imaginais même pas qu’ils avaient ça. C’est horrible », accuse-t-il, d’après Le Figaro.

Antoine 26 ans a perdu sa main lors de la manifestation des « gilets jaunes » à Bordeaux. (Capture d’écran Twitter@Alkalilly)

L’usage de ces grenades lacrymogènes assourdissantes, qui contiennent une charge de TNT, a été critiquée la semaine dernière par un collectif d’avocats, qui ont demandé au Premier ministre Édouard Philippe de les interdire.

Plusieurs victimes, blessées à Paris lors des journées de mobilisation des « gilets jaunes », ont aussi décidé de porter plainte contre X.

D. S avec AFP

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