Le troisième samedi de mobilisation des « gilets jaunes », décidés à maintenir la pression sur le gouvernement, a donné lieu depuis le début de matinée à Paris à de nouvelles échauffourées avec les forces de l’ordre près de l’Arc de Triomphe nimbé de gaz lacrymogène.
« 200 manifestants pacifiques sur les Champs-Élysées. 1 500 perturbateurs à l’extérieur du périmètre venus pour en découdre », a dénoncé sur Twitter le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, chiffrant en fin de matinée à 59 interpellations, alors que 5 000 membres des forces de l’ordre sont mobilisés samedi à Paris.
Dès 8H45, des manifestants ont tenté de forcer un point de contrôle sur le haut de l’avenue, près de la place de l’Étoile, avant d’être dispersés par les forces de l’ordre à coups de gaz lacrymogènes.
Les CRS empêchent d’entrer sur l’Arc de triomphe, les gilets jaunes s’assoient pour montrer leur pacifisme. pic.twitter.com/UsHO4alCxa
— Critique de la Raison Européenne (@CRE_SciencesPo) December 1, 2018
En fin de matinée, les échauffourées se concentraient toujours au pied de l’Arc de triomphe, plongé dans un nuage de gaz lacrymogène, a constaté une journaliste de l’AFP. Les forces de l’ordre faisaient usage de canons à eau contre les manifestants, pour certains encagoulés et masqués.
À Family Village, les policiers interviennent pour démanteler le barrage. Les #GiletsJaunes reculent mais occupent toujours l’autoroute. Les invectives fusent. Les deux forces sont maintenant à l’arrêt. Les GJ appellent ensuite les policiers à poser les casques. pic.twitter.com/DmBZaZEQNl
— Bastien Roques (@Broques14) December 1, 2018
Avenue des Ternes, un manifestant a été arrêté par des policiers en civil qui avaient revêtu des gilets jaunes, a constaté un journaliste de l’Agence France Presse (AFP).
Plusieurs d’entre eux ont lancé des pavés sur des camions de gendarmes mobiles avenue de la Grande armée, où presque tous les commerces sont fermés.
« Compte tenu des incidents en cours à Paris », le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé qu’il se rendrait vers midi à la préfecture de police de Paris.
Chantal, 61 ans, retraitée des Yvelines, évite de s’approcher des accrochages : « On nous a dit qu’il y avait les casseurs devant ». Pour elle, « il faut qu’il (Macron) descende de son piédestal, qu’il comprenne que le problème c’est pas la taxe, c’est le pouvoir d’achat. Tous les mois je dois piocher dans mon livret d’épargne ».
Dans un groupe de manifestants venus de Haute-Loire, de Bretagne et de l’Aisne, beaucoup se disaient déçus de ne pas pouvoir manifester normalement avec les heurts qui ont débuté très vite.
https://twitter.com/LPLdirect/status/1068839473344069637
D’autres manifestants s’employaient à éteindre les feux de poubelles, a constaté l’AFP.
« Il y a une volonté de casse et ça discrédite un combat légitime qu’exprimaient beaucoup de « gilets jaunes », a déclaré sur LCI la ministre de la Santé Agnès Buzyn.
Quelques centaines de personnes s’étaient retrouvées dès 8H00 au pied de l’arc de Triomphe, bien avant l’heure prévue du rassemblement à 14H00.
Fermée à la circulation, l’avenue était emplie de camions de CRS et l’accès des piétons était soumis à des fouilles.
Le dispositif policier pourrait mobiliser environ 5 000 membres des forces mobiles dans la capitale, où est également prévue une manifestation de la CGT.
Je condamne fermement les violences en marge de la mobilisation des #GiletsJaunes !
Toujours le même cinéma sur les Champs-Elysées pour discréditer le mouvement.
Partout en France, des salariés, retraités, ouvriers, infirmières, artisans, commerçants…manifestent pacifiquement.— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) December 1, 2018
« Notre responsabilité est de faire en sorte que tout se passe au mieux », a affirmé avant les incidents le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, en déplacement sur les Champs-Élysées. Par crainte d’incidents, des panneaux de bois ont été apposés sur certaines vitrines.
Quinze jours après l’acte de naissance des « gilets jaunes », les autorités guettent avec attention l’ampleur de cette nouvelle mobilisation. La première journée nationale, le 17 novembre, avait réuni 282 000 personnes, et la deuxième 106 000, dont 8 000 à Paris.
Ailleurs en France, plusieurs opérations de blocage et de filtrage étaient recensées notamment dans le Var au péage de Bandol sur l’A50 et dans les Bouches-du-Rhône aux barrières de péage de La Ciotat. Dans le Gard, des poids lourds bloquaient les plateformes logistiques de supermarchés à Nîmes.
« M le Député,je suis une mère de famille.Jamais j’aurais imaginé dans ma vie je serai comme ça sur une autoroute à tenir un barrage.Mais la vie est devenue trop dure https://t.co/07RybIAse7 vous ai vu a la tv avec Macron. Dites lui qu’on souffre » Marie #GiletsJaunes #LaRéunion pic.twitter.com/diiJDWmopu
— younous omarjee (@younousomarjee) December 1, 2018
Dans le sud-ouest, les « gilets jaunes » ont lancé des opérations « barrages filtrants » à Cahors (Lot), et dans 7 villes du Tarn. Sur l’autoroute A9, les manifestants ont ciblé le péage du Perthus, à la frontière entre la France et l’Espagne.
Des stations essence étaient bloquées dans l’agglomération de Pau, et des rassemblements avaient lieu à Toulouse, La Rochelle, Saintes et Bergerac notamment.
« La taxe sur le diesel, c’est une goutte d’eau. Il y a trop d’inégalités, plus ça va plus on s’enfonce, nous et surtout nos enfants », a déclaré Chantal, 68 ans, retraitée du secteur public lors d’un rassemblement à Lyon.
L’arc de triomphe disparaît derrière les gaz et fumées #giletsjaunes pic.twitter.com/TMe30x4Woo
— Juliette Coulais (@jucoulais) December 1, 2018
Malgré l’annonce par le chef de l’État Emmanuel Macron de prochaines mesures pour répondre à la « colère légitime » des manifestants, le mouvement qui a essaimé hors de tout cadre syndical ou politique engrange de nouveaux soutiens.
Trois collectifs de banlieue appellent ainsi à se joindre samedi aux « gilets jaunes » à Paris pour défendre les « quartiers populaires ».
"On est des pacifiste nous"
Des #GiletsJaunes déposent des fleurs devant les crs pic.twitter.com/0y7lMyUkI0— Amandine Sanchez (@mandineSanchez) December 1, 2018
Du côté de l’ultradroite, l’Action française a indiqué à l’AFP attendre au moins 300 sympathisants sur les Champs-Élysées.
Un « rassemblement des artistes » est aussi prévu devant la salle de l’Olympia à 14H00, à l’initiative de l’humoriste Gérald Dahan.
D. S avec AFP
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