Le groupe Adeo, la holding de Leroy Merlin à qui le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé, parmi d’autres entreprises, de quitter la Russie, a répondu qu’une fermeture serait considérée comme une « faillite préméditée », « ouvrant la voie à une expropriation qui renforcerait les moyens financiers de la Russie ».
Dans une déclaration à l’agence France Presse (AFP), Adeo assure en revanche avoir « décidé au début du conflit de suspendre les nouveaux investissements » en Russie, où le groupe déclare compter 45.000 collaborateurs pour une grosse centaine de magasins.
Volodymyr Zelensky a exhorté mercredi 23 mars devant le Parlement français les entreprises françaises implantées en Russie à cesser de soutenir « la machine de guerre » russe et à quitter ce pays, citant également Renault et Auchan, enseigne détenue comme Leroy Merlin par la famille Mulliez.
En Russie, les boîtes françaises fabriquent des voitures et ouvrent des supermarchés. Ce ne sont pas des usines d’armements ! Les exigences de l’Ukraine sont totalement déplacées et y céder est une nouvelle illustration -humiliante !- de notre faiblesse. #Renault #LeroyMerlin
— Joffrey Bollée (@JBollee) March 23, 2022
« Considérés comme des sponsors de la guerre »
« La décision du maintien de notre activité en Russie est une décision qui n’est pas facile », répond Adeo, qui dit avoir une « responsabilité d’employeur vis-à-vis de (ses) 45.000 collaborateurs et de leurs familles qui contribuent depuis 18 ans à la construction de Leroy Merlin Russie ».
« Nous n’avons pas de raison de condamner nos équipes russes pour une guerre qu’elles n’ont pas choisie » estime encore l’entreprise fortement implantée dans le pays, son deuxième marché après la France et où elle réalise 18% de son activité globale.
« Fermer l’entreprise du jour au lendemain, fermer nos magasins, serait tout simplement un abandon considéré comme une faillite préméditée, donc illégale ouvrant la voie à une expropriation, qui renforcerait les moyens financiers de la Russie », déclare encore Adeo, qui dit appliquer « l’intégralité des sanctions mises en œuvre par les pays de l’Union européenne » et respecter « toutes les directives du gouvernement français ».
Dans un entretien au quotidien La Voix du Nord mercredi soir, le patron d’Adéo Philippe Zimmerman, s’il dit « comprendre » la position de Volodymyr Zelensky, ne cache pas être « heurté d’être considérés comme des sponsors de la guerre ». « Cela peut mettre en danger nos salariés. En Pologne, déjà, nous avons des réactions agressives contre nos salariés », indique-t-il.
Des salariés ukrainiens demandent à l’enseigne de quitter la Russie
Lundi, des salariés de la branche ukrainienne de l’enseigne avaient demandé à Leroy Merlin de quitter la Russie, alors qu’un magasin Leroy Merlin, situé dans le centre commercial Retroville dans le nord-ouest de Kiev, a été bombardé dimanche soir, provoquant la mort d’au moins huit personnes.
Le compte Instagram officiel de Leroy Merlin en Ukraine « leroymerlin.ua » a publié lundi une photo du magasin bombardé à Kiev avec la mention « cessez les ventes en Russie » et un lien vers une pétition en ligne sur le site « openpetition.eu ».
Autre enseigne de l’Association Familiale Mulliez fortement implantée en Russie, Auchan qui compte 231 magasins russes pour un chiffre d’affaires de 3,2 milliards d’euros, soit plus de 10% de son activité mondiale, n’a pas souhaité faire de commentaire après l’intervention de Volodymyr Zelensky devant le Parlement français.
Par ailleurs, l’Allemagne, qui est particulièrement dépendante du gaz russe, continue à acheter le gaz en Russie, et malgré l’invasion de l’Ukraine par Moscou, le gaz russe continue d’affluer vers l’Union européenne, qui refuse d’imposer un embargo, comme aux États-Unis et au Royaume-Uni.
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