Phénomène de précocité, le pivot Pauletta Foppa s’est un peu plus affirmée, dans un rôle obscur, besogneux mais essentiel, comme l’une des cadres de l’équipe de France de handball, sacrée championne du monde dimanche à Herning (Danemark).
Elle devrait passer un anniversaire enchanté, elle qui fêtera le 22 décembre ses 23 ans, un âge où certaines commencent en sélection. Pas Foppa. Internationale aux 72 sélections, championne d’Europe à 17 ans (2018) puis couronnée d’or olympique à Tokyo en 2021, elle est aujourd’hui cataloguée parmi les anciennes en équipe de France.
Je suis jeune vieille
« On va dire que je suis jeune vieille. C’est un peu bizarre de se dire ça, à seulement 22 ans. J’ai rencontré toutes les émotions ici et emmagasiné pas mal d’expérience. Le cycle avance et les jeunes reprennent un peu le flambeau », déclarait-elle à l’AFP au milieu du Mondial, qu’elle a marquée de son empreinte même si c’est la Suédoise Linn Blohm qui a été élue meilleur pivot de la compétition.
Les lignes statistiques, à l’image de ses 17 buts marqués sur 20 tentatives pendant le tournoi, ne sont que la partie émergée de l’iceberg Foppa, dont Olivier Krumbholz a tenu spontanément à pointer l’importance dimanche après le succès final contre la Norvège (31-28).
« On ne soulignera jamais encore assez la performance de Pauletta Foppa, qui a fait un match fabuleux », a affirmé le sélectionneur sans qu’une question ne lui ait été posée à propos de son pivot.
Même si elle a moins brillé en attaque, moins servie du fait notamment du rééquilibrage du jeu français vers les ailes, la joueuse de Brest a encore pris de l’épaisseur depuis l’Euro-2022, où elle avait rayonné.
La clé de voûte de la défense tricolore
Foppa est désormais la clé de voûte de la défense tricolore, importante par sa capacité à lui « donner de la profondeur », selon Krumbholz, en allant chercher haut les attaquantes adverses.
La Brestoise a repris avec succès le flambeau laissé par Béatrice Edwige, qui fut son binôme dans le secteur central jusqu’à l’Euro-2022 mais que le sélectionneur n’a pas convoquée pour le Mondial, préférant lancer Sarah Bouktit (21 ans) dans le grand bain.
De son aînée, Foppa dit avoir appris sa « façon de défendre et d’aborder les matches, par le travail ».
« C’est vraiment une bosseuse, quelqu’un qui travaille très bien les matches en amont et qui a une bonne lecture de ce qui va se passer, un bon sens de l’anticipation. C’est quelque chose qu’elle m’a transmise, ou en tout cas que j’ai essayé de copier », expliquait-t-elle à l’AFP en milieu de compétition.
Foppa agrippe, ceinture, bloque, contre, coupe les lignes de passes et récupère des ballons.
Beaucoup plus complète
Mais elle est beaucoup plus complète qu’Edwige, se régalant également dans le jeu de contre-attaque létal des Bleues, et dans le combat au corps à corps en attaque, où elle doit prendre sa position et attraper la balle au milieu des gros bras adverses.
« C’est sûr que ça coûte de l’énergie de faire les deux, mais pour moi une bonne joueuse doit attaquer et défendre. On a une bonne rotation, Sarah (Bouktit) fait très bien le travail des deux côtés du terrain donc je n’ai pas non plus à encaisser des matches d’une heure », commentait Foppa (1,77 m pour 73 kg).
« Même si on prend des coups », elle « aime le travail de l’ombre en attaque, à chaque fois qu’on a la balle ça fait but, penalty ou deux minutes (d’exclusion pour l’adversaire), donc ça fait mal (à l’adversaire) et c’est gratifiant », racontait encore le pivot.
Poste qu’elle a découvert à l’âge de 14 ans alors qu’auparavant elle jouait à l’arrière. « Une révélation », dit celle qui a depuis longtemps déjà dépassé ce statut.
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