À la rentrée des vacances de Toussaint, un questionnaire sera remis à tous les élèves du CE2 jusqu’à la Terminale, afin de « mieux prévenir et détecter les situations de harcèlement » dans les établissements scolaires.
« As-tu peur d’aller à l’école à cause d’un ou plusieurs élèves ? Des photos ou messages circulent-ils sur toi sans ton accord? Est-ce qu’on t’a déjà menacé(e) de te voler ou t’a-t-on déjà volé des affaires ? »
Voilà quelques unes des questions qui seront posées aux élèves des écoles élémentaires, du CE2 au CM2, dans un questionnaire auto-évaluatif qui leur sera remis au retour de ces vacances de Toussaint. Un questionnaire sera aussi remis aux élèves du collège et du lycée, les questions étant adaptées au niveau de chacun.
Cette mesure constitue l’élément phare du plan interministériel de lutte contre le harcèlement scolaire présenté par la Première ministre fin septembre.
Avoir une vision précise des faits de harcèlement à l’échelle d’une classe, de l’école ou de l’établissement
Après deux mois d’école et à l’occasion de la Journée internationale contre le harcèlement qui se tient le 9 novembre, cette grille évaluative sera remise à tous les élèves de France entre le 9 et le 15 novembre prochain. Afin de faciliter la passation, le gouvernement propose aux établissements scolaires de banaliser « 2 heures du temps scolaire », les élèves étant libres de répondre ou non à ce questionnaire qui demeurera anonyme.
« Les résultats seront communiqués aux chefs d’établissements et aux professeurs, accompagnés de ressources pédagogiques mises à disposition sur le site Éduscol. Ils permettront d’avoir une vision précise des faits de harcèlement à l’échelle d’une classe, de l’école ou de l’établissement, et d’adapter la politique de prévention et de prise en charge », peut-on ainsi lire sur le site du gouvernement.
Tout comme les diverses évaluations nationales pédagogiques, les 3 grilles d’auto-évaluation sur le harcèlement sont déjà rendus publiques sur le site Eduscol.
« Mettre des mots sur des choses qu’ils ne conscientisent pas »
Composé de 30 à 44 questions concrètes, le questionnaire École se décline en 4 parties distinctes: « Avant d’aller à l’école », « À l’école », « Sur internet ou sur les écrans », et enfin, « Comment te sens-tu? », avec des thèmes similaires pour le Collège et la Lycée. Les sentiments éprouvés sont testés, aussi bien que des événements concrets peuvent être interrogés.
Gabriel Attal, ministre de l’Éducation nationale, avait souligné que ces questionnaires avaient été élaborés avec des spécialistes de l’enfance, comme le pédopsychiatre Marcel Rufo ou Éric Debarbieux, pédagogue connu pour ses travaux sur la violence à l’école, reporte Le Parisien.
« La démarche est bonne », estime ainsi Norman Gourrier, secrétaire général du Syndicat national des collèges et des lycées (SNCL) sur Le Figaro, « car lorsque nous associons les élèves à ce type d’initiative, ils le prennent très au sérieux ».
De son côté, la psychologue clinicienne Sophie Durieux, qui intervient régulièrement dans le médico-social, explique également sur Le Figaro: « Le fait que les questions soient très concrètes, notamment sur les sensations que peuvent avoir les enfants, sur ce qui se passe dans le corps, peut permettre aux plus jeunes de mettre des mots sur des choses qu’ils ne conscientisent pas forcément du fait de leur jeune âge ».
Si le contenu semble faire l’adhésion, le caractère anonyme, lui, interroge certains, se demandant alors comment une prise en charge concrète de cas de harcèlement pourrait être mise en place si on ne peut identifier ceux qui en sont victimes ou témoins?
Cependant, l’une des dernières questions posées, « Connaissez-vous le numéro de téléphone contre le harcèlement 3018 ? » permettrait à l’élève de s’orienter de lui-même vers une prise en charge.
Parallèlement à ces grilles d’évaluation, le plan de lutte rend obligatoire l’adhésion de tous les établissements scolaires au programme pHARe, lequel permet de prévenir et traiter les situations de harcèlement scolaire. « L’adhésion à pHARe nécessite de mettre en place une équipe ressource pHARe (et un coordinateur pour les collèges), des élèves ambassadeurs pour le secondaire et des formations de personnels et ateliers pour les parents », indique le site du Gouvernement.
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