Lorsque les sirènes d’alerte ont retenti le matin du 7 octobre, Bilha Inon et son mari Yakovi se sont réfugiés dans la pièce sécurisée de leur maison à Netiv Haasara, dans le sud d’Israël. Puis la trace de Bilha s’est perdue.
Yakovi, agronome à la retraite, fait officiellement partie des victimes du 7 octobre, son ADN ayant été retrouvé sur des restes humains. Mais Bilha, professeure d’art plastique, demeure introuvable. Elle est la seule Israélienne encore comptabilisée comme disparue dans l’attaque sanglante commise par le mouvement terroriste du Hamas.
Les autorités, qui avaient d’abord déclaré qu’elle avait été tuée, disent maintenant ne pas pouvoir conclure à son décès. Pour la famille Inon, sa mort ne fait aucun doute. Son cas souligne la difficulté à localiser et identifier toutes les victimes de l’attaque du 7 octobre.
L’un des premiers villages à avoir été attaqué
Derrière la maison du couple, à 500 mètres de la barrière frontalière de Gaza, l’abri était peint de mandalas et orné de « mots donnant de la force et de la motivation », que cette septuagénaire affectionnait, racontent ses enfants. Il ne reste de la pièce qu’une coquille calcinée.
Le village de Netiv Haasara a été l’un des tous premiers attaqués le 7 octobre. L’avant-garde des assaillants a franchi le mur frontalier à bord de paramoteurs. Sur les quelque 900 membres de la communauté, 21 ont été tués, selon les autorités israéliennes.
La maison en bois des Inon a ensuite été touchée par une roquette et a brûlé, a déclaré l’une de leurs petites-filles à Ynet, un site d’information israélien. C’est l’une des premières salves de l’attaque du Hamas ce jour-là qui a fait 1170 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les chiffres officiels israéliens.
Quelque 250 personnes ont été prises en otage dont 129 sont toujours en captivité six mois plus tard et 34 sont mortes, selon l’armée. Les représailles israéliennes contre le Hamas ont fait plus de 33.500 morts dans la bande de Gaza, majoritairement des civils, selon le ministère de la santé de Gaza, dirigé par le Hamas.
Localiser et identifier les restes humains
Dans les semaines qui ont suivi, l’armée, la police, les médecins-légistes et même les archéologues du service des antiquités se sont efforcés de localiser et d’identifier les restes de plus de 200 disparus.
Six mois plus tard, la liste officielle des disparus a été réduite à Bilha Inon. Mor, l’un des cinq enfants de Bilha, a expliqué à l’AFP que les enquêteurs avaient identifié l’ADN de son père, tandis que « d’autres restes n’ont pas donné d’ADN ». L’armée avait d’abord conclu à la mort de Bilha et Yakovi, mais elle est revenue sur cette conclusion faute d’avoir identifié l’ADN de Bilha. Selon les experts médico-légaux, il n’est pas possible que toutes les traces génétiques disparaissent dans un incendie.
Considérant que leur parents sont morts ensemble, les enfants du couple ont observé le rituel du deuil juif dès le lendemain de l’attaque. « En ce qui nous concerne, ma mère n’est pas une disparue », assure Mor à l’AFP.
Son frère Maoz, militant pacifiste de longue date, met en cause les défaillances des autorités israéliennes: « Celui qui a disparu (…) c’est le gouvernement israélien », accuse-t-il. « L’armée nous a toujours dit la même chose : le Hamas est tenu à distance, vous êtes protégés », explique-t-il, une assurance qui n’était « pas pertinente ».
Des services de sécurité dépassés
Les services de sécurité israéliens ont été dépassés par le timing, l’envergure et le mode opératoire de l’attaque du mouvement islamiste, ont estimé de nombreux experts.
Interrogé par l’AFP sur le cas de Bilha Inon, âgée de 75 ans, le ministère israélien de la Santé, qui gère les services médico-légaux, s’est refusé à tout commentaire, tout comme la police et l’armée.
« C’est un mystère », a déclaré le lieutenant-colonel Dana Nof, l’officier de l’armée chargé de la coordination avec la famille, à la chaîne israélienne Channel 12 en mars. « Nous essayons de clarifier la situation et d’arriver à une conclusion qui nous permettra de savoir si elle est vivante ou non », sans exclure totalement qu’elle soit otage, malgré les certitudes de la famille.
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