Toute décision sur le sort du gouvernement italien a été repoussée à mardi au Sénat, convoqué au grand complet, avec d’un côté la Ligue de Matteo Salvini qui veut aller au pas de course vers des élections et de l’autre le Mouvement 5 étoiles (M5S) et le Parti démocrate (PD) qui temporisent.
Les chefs des groupes parlementaires réunis lundi ne sont pas parvenus à s’entendre sur une date pour l’examen d’une motion de censure déposée par la Ligue pour faire tomber le gouvernement de Giuseppe Conte.
Le Sénat devra donc se réunir en session plénière mardi soir pour trancher entre la position de M. Salvini qui veut voter la censure dès ce mercredi et celle de son ex-allié du M5S qui plaide pour une simple déclaration de M. Conte le 20 août au Sénat.
M. Salvini a renoué pour l’occasion avec ses alliés de droite, Forza Italia (FI) de Silvio Berlusconi (droite) et Fratelli d’Italia (Frères d’Italie) de Giorgia Meloni (extrême droite).
Tandis que le M5S a obtenu le soutien d’une aile du PD (centre gauche) rattachée à l’ancien chef du gouvernement Matteo Renzi (2014-2016), même si le patron du parti, Nicola Zingaretti, se dit prêt à des élections au plus vite.
Le chef de file du M5S, Luigi Di Maio, a accusé son ex-partenaire de gouvernement d’avoir, en faisant éclater la coalition Ligue-M5S le 8 août, donné un « coup de poignard dans le dos au pays ».
« Les Italiens le feront payer à la Ligue », a-t-il assuré, même si le parti de M. Salvini est crédité de 36 à 38% des intentions de vote, quasiment 20 points de plus qu’aux élections législatives de mars 2018. Alors premier parti d’Italie avec plus de 32% des voix, le M5S est pour sa part tombé à 16/17%.
« Le Capitaine » (le surnom que donnent ses partisans à M. Salvini) a réuni lundi à Rome les parlementaires de la Ligue, qui l’ont longuement applaudi, d’après une vidéo diffusée par son entourage, au diapason de sa médiatique « tournée des plages » de cinq jours à la conquête de l’électorat du Sud, jusqu’alors acquis au M5S.
Bains de foule et selfies à gogo, pause déjeuner torse nu, le chef des souverainistes italiens a peaufiné, plutôt avec succès, son image de Monsieur-tout-le-monde, un peu macho.
Cet ancien sécessionniste du Nord a néanmoins été contesté en Basilicate et en Sicile, où des manifestants lui ont rappelé ses vieilles diatribes contre le « Sud assisté ».
Avant son retour à Rome, il a rencontré à Vittoria en Sicile les parents de deux enfants morts après avoir été fauchés par un 4×4 conduit par le fils d’un patron de la mafia roulant à vive allure sous l’emprise de la cocaïne et a promis, la gorge nouée, d’être « sans pitié » pour les coupables.
A Rome, après le choc initial, le camp opposé à des élections immédiates se mobilise.
L’humoriste Beppe Grillo, le fondateur et mentor du M5S, est venu épauler M. Di Maio, proposant « un front républicain » pour empêcher « les barbares » de s’emparer du pouvoir.
L’ex-chef du gouvernement de centre gauche en 2013-2014, Enrico Letta, a estimé, dans un entretien avec l’AFP, que la majorité absolue pour M. Salvini au Parlement « serait un grand danger » et pourrait entraîner l’Italie « hors de l’Europe ».
L’ancien ministre de l’Economie Pier Carlo Padoan a averti qu’un gouvernement Salvini pourrait davantage faire déraper une économie déjà fragile, avec une croissance quasi nulle prévue pour cette année et une énorme dette (plus de 130% du PIB).
M. Renzi plaide donc pour un « gouvernement institutionnel » afin d’adopter en particulier le budget 2020 et d’éviter la hausse automatique de la TVA programmée pour l’an prochain. Un tel gouvernement pourrait être formé de ministres M5S, ce mouvement disposant de la majorité relative dans les deux chambres, et être appuyé par d’autres partis dont le PD.
M. Di Maio a d’ailleurs demandé la démission des ministres de la Ligue, ironisant sur l’idée selon laquelle ceux d’entre eux qui sont sénateurs pourraient voter contre eux-mêmes une motion de censure.
« Nous sommes prêts à tout », a répliqué M. Salvini lundi soir. Mais tout en dénonçant un axe M5S-PD contre lui, il a assuré se fier à « la sagesse du président de la République » Sergio Mattarella, le seul à pouvoir dissoudre le Parlement, martelant qu’il n’y avait « pas d’autre majorité ».
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