Les procureurs italiens ont requis samedi une peine de six ans de prison à l’encontre de Matteo Salvini, vice-Premier ministre italien de droite nationaliste, pour avoir empêché des migrants de débarquer dans un port italien en 2019.
M. Salvini, qui fait partie de la coalition de la Première ministre Giorgia Meloni, est jugé pour privation de liberté et abus de pouvoir présumés pour avoir maintenu 147 migrants en mer pendant des semaines sur un navire géré par l’organisation caritative Open Arms.
« L’accusation a demandé que l’ancien ministre de l’Intérieur Salvini soit condamné à six ans de prison », a déclaré à l’AFP l’avocat d’Open Arms, Arturo Salerni, alors que les débats touchent à leur fin.
Le verdict de ce procès, qui a débuté en octobre 2021, devrait être rendu le mois prochain, a-t-il ajouté.
M. Salvini n’était pas présent à l’audience. Il avait auparavant publié sur Facebook : « Je le referais si j’avais à le refaire : défendre les frontières contre les migrants illégaux n’est pas un crime. »
« Il est incroyable qu’un ministre de la République risque six ans de prison pour avoir fait son travail en défendant les frontières de la nation, comme l’exige le mandat qu’il a reçu de ses concitoyens », a-t-il ajouté sur X.
La cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, lui a apporté son soutien samedi soir en dénonçant sur X « un véritable harcèlement judiciaire visant à le faire taire ».
« Nous sommes solidaires et plus que jamais à tes côtés Matteo », a-t-elle aussi affirmé, fustigeant une peine « d’une extrême gravité alors que la submersion migratoire s’accentue partout en Europe ».
Pour avoir voulu mettre fin au trafic de migrants et protéger les frontières italiennes quand il était ministre de l’intérieur, @matteosalvinimi subit un véritable harcèlement judiciaire visant à le faire taire. Le procès et la peine de 6 ans requise à son encontre est d’une…
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) September 14, 2024
Ce à quoi M. Salvini a répondu en commentaire « Merci Marine, je ne céderai pas. En avant toute ».
Au moment de résumer son réquisitoire, le procureur Geri Ferrara, du tribunal de Palerme, a estimé « qu’un principe-clef n’est pas discutable : entre les droits de l’Homme et la protection de la souveraineté de l’État, les droits de l’Homme doivent prévaloir dans notre système heureusement démocratique. »
Politique des « ports fermés »
Le navire est resté bloqué en mer pendant près de trois semaines avant que les migrants ne soient finalement autorisés par la justice à débarquer sur l’île italienne de Lampedusa.
Les membres d’Open Arms avaient assuré que l’état physique et mental des migrants avait atteint un point critique lorsque les conditions sanitaires à bord étaient devenues désastreuses, notamment en raison d’une épidémie de gale.
M. Salvini, chef du parti anti-immigration de la Ligue et ministre de l’Intérieur à l’époque, a déclaré en janvier qu’il avait estimé que « la situation n’était pas dangereuse » à bord du navire.
En 2019, alors qu’il participait au gouvernement de Giuseppe Conte, il avait mis en œuvre la politique dite des « ports fermés » en vertu de laquelle l’Italie refusait l’entrée aux navires humanitaires qui secouraient les migrants en Méditerranée.
Une grande partie du procès a consisté à déterminer si la responsabilité de cette affaire incombait au gouvernement de M. Conte ou à M. Salvini seul.
Il a déjà été poursuivi pour un chef d’accusation similaire mais les poursuites ont été annulées par un tribunal de Catane en 2021.
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