L’offensive de l’Azerbaïdjan au Nagorny Karabakh cessera si les séparatistes arméniens « déposent les armes », a prévenu mercredi le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, alors que les opérations lancées la veille ont fait au moins 29 morts.
La reprise des hostilités dans cette région, trois ans après la dernière guerre, inquiète la communauté internationale et s’est invitée dans les discussions à New York en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, qui a appelé à un « arrêt immédiat des combats ».
Le dernier conflit au Nagorny Karabakh, région sécessionniste d’Azerbaïdjan en majorité peuplée d’Arméniens et disputée avec Erevan depuis des décennies, avait duré six semaines à l’automne 2020. Il s’était soldé par une déroute militaire de l’Arménie qui avait dû céder à l’Azerbaïdjan du terrain dans et autour du Nagorny Karabakh.
Au lendemain du déclenchement de l’offensive par ses forces militaires, Ilham Aliev s’est exprimé pour la première fois, avec fermeté, dans un communiqué publié mercredi par ses services relatant un entretien téléphonique qu’il a eu la veille avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken. « Le chef de l’État (azerbaïdjanais) a affirmé que les mesures anti-terroristes seront interrompues si (les séparatistes arméniens) déposent les armes et sont désarmés », selon le communiqué. « La population civile et les infrastructures ne sont pas ciblées, seules les cibles militaires légitimes sont détruites », a-t-il assuré.
Plusieurs villes ciblées par des « tirs intensifs »
Selon lui, des représentants des Arméniens vivant au Nagorny Karabakh ont été invités au dialogue « plusieurs fois » par la présidence azerbaïdjanaise pour « discuter de la question de leur réintégration » à l’Azerbaïdjan, « mais ils ont refusé ». M. Aliev souligne que l’armée azerbaïdjanaise avait lancé cette opération après la mort mardi dans cette région de « civils et policiers » dans l’explosion de mines, accusant des « saboteurs » arméniens d’avoir posé ces engins explosifs.
Il a aussi affirmé que les « soit-disant élections présidentielles » organisées le 9 septembre par les séparatistes arméniens étaient « la continuation de provocations délibérées contre la souveraineté de l’Azerbaïdjan » et avaient également contribué au lancement de l’offensive.
Depuis mardi, les combats ont fait au moins 29 morts. Les séparatistes ont signalé 27 morts, dont deux civils, et plus de 200 blessés, tandis qu’environ 7000 habitants de 16 localités ont été évacués. L’Azerbaïdjan a rapporté que deux civils avaient péri dans les zones sous son contrôle.
Les séparatistes affirment que plusieurs villes du Nagorny Karabakh, dont sa capitale Stepanakert, sont ciblées par des « tirs intensifs », qui visent aussi des infrastructures civiles. Les affrontements ont lieu « sur toute la ligne de contact » de ce territoire et les Azerbaïdjanais disent avoir eu recours à l’« artillerie », à des roquettes, à des drones d’attaque, à des avions. Soixante positions arméniennes y ont été conquises, a annoncé Bakou.
Appels unanimes à l’arrêt immédiat des hostilités
À New York, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé « dans les termes les plus forts, à un arrêt immédiat des combats, à la désescalade et au respect plus strict du cessez-le-feu de 2020 et des principes du droit international humanitaire », selon un communiqué publié mardi soir, par son porte-parole Stéphane Dujarric.
En marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, la France a de son côté réclamé une réunion « d’urgence » du Conseil de sécurité pour prendre acte de l’offensive selon elle « illégale » et « injustifiable » menée par Bakou. Cette réunion pourrait avoir lieu « dans les prochains jours », ont indiqué à l’AFP deux sources diplomatiques, évoquant jeudi. La Russie a également exhorté mercredi matin à « cesser immédiatement l’effusion de sang, à mettre un terme aux hostilités et à arrêter les pertes civiles », dans un communiqué de son ministère des Affaires étrangères.
La présidence azerbaïdjanaise avait déjà appelé mardi soir les troupes sécessionnistes du Nagorny Karabakh à déposer les armes. Elle a proposé, en cas de capitulation, des pourparlers « avec les représentants de la population arménienne du Karabakh à Yevlakh », une ville azerbaïdjanaise à 295 km à l’ouest de Bakou. Auparavant, les autorités de cette région avaient réclamé un cessez-le-feu immédiat et des négociations.
La Russie doit agir pour « stopper l’agression azerbaïdjanaise »
Quant à l’Arménie, qui a dénoncé une « agression de grande ampleur » à des fins de « nettoyage ethnique », elle a assuré ne pas avoir de troupes au Nagorny Karabakh, laissant entendre que les séparatistes étaient seuls face aux soldats azerbaïdjanais. L’Arménie considère que c’est à la Russie, garante d’un cessez-le-feu datant de 2020 avec des forces de la paix sur le terrain, d’agir pour « stopper l’agression azerbaïdjanaise ».
Les tensions s’aggravent depuis des mois autour de ce territoire qui a déjà été au cœur de deux guerres entre Erevan et Bakou. La première avait duré de 1988 à 1994, celle de l’automne 2020 s’était arrêtée au bout de six semaines. Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a accusé les Azerbaïdjanais de vouloir « entraîner l’Arménie dans les hostilités ». M. Pachinian, auquel l’opposition reproche d’avoir été responsable de la défaite de 2020, a dénoncé des appels à un « coup d’État » dans son pays, où des heurts ont opposé des manifestants le qualifiant de « traître » et exigeant sa démission.
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