La semaine dernière, la mort du jeune Aylan Kurdi âgé de 3 ans retrouvé la tête dans le sable sur la plage de Bodrum en Turquie a vivement ému l’opinion publique. Le président français l’a qualifié de « tragédie, mais aussi une interpellation à l’égard de la conscience européenne sur le destin des réfugiés ». Aussitôt, des mesures ont été entreprises avec l’Allemagne pour l’organisation de l’accueil des réfugiés.
Le sondage d’Elabe pour BFMTV mercredi dernier montrait pourtant qu’une majorité des Français (56 %) était opposée à l’accueil des migrants. L’Europe qui se veut unie face à cette crise humanitaire venant de la Syrie reste divisée dans ses opinions. Alors qu’en Allemagne 69 % des personnes voient l’accueil des migrants d’un œil favorable, d’autres pays comme la Hongrie ou la Slovaquie persistent dans un refus d’accueil. Des évènements comme le marquage des migrants au code barre en République Tchèque ou les réactions désinvoltes sur les médias sociaux montrent la confusion qui règne sur le sujet.
Pourtant berceau des droits de l’homme, c’est la France qui a pour le moment l’opinion la plus défavorable envers les migrants d’Europe Centrale. Jérôme Fourquet, directeur du Département Opinion et Stratégies d’Entreprises de l’Ifop, résume que l’Allemagne, forte de son économie et soucieuse de sa faible démographie, a conscience de la manne que représentent les immigrés. Alors qu’en France les réfugiés politiques veulent être définitivement différenciés des migrants économiques, l’économie essoufflée et le chômage élevé ne préfigurent pas les mêmes besoins de manœuvre.
Mais au-delà, une plus grande problématique émerge. Les évènements qui ont précédé la guerre civile en Syrie sont loin d’être régionaux. Durant les printemps arabes, la Syrie a été jugée comme le régime le plus stable du Moyen-Orient par le magazine Time. Cependant entre 2006 et 2011, la Syrie a été dévastée par la pire sécheresse jamais enregistrée et a perdu jusqu’à 85 % de ses récoltes. Ajoutée à la guerre sans pitié menée par Bachar Al Assad contre son peuple, cela a provoqué un exode massif des populations rurales vers les villes et vers le Nord. Déjà en 2005, une étude des Nations unies par ISEH à Bonn prévoyait 50 millions de réfugiés climatiques à l’horizon 2010. D’autres estimations plus pessimistes avançaient le chiffre de 100 millions.
Mais la France n’est pas non plus le pays le plus demandé par les migrants. Selon les chiffres de l’Ofpra de 2014, l’Hexagone a recensé une seule demande d’asile par tranche de 1 000 habitants. L’Allemagne en compte 2,4, la Hongrie 4,3 tandis que la Suède 8,4. Nous sommes donc bien loin derrière les pays frontaliers tels que le Liban qui a accueilli sur son sol 178 réfugiés pour 1 000 habitants, tandis qu’en France le taux d’accord d’asile n’était que de 28 % la même année.
Au-delà des amalgames partisans ou politiques, devant cette détresse humaine en marche, une nouvelle stratégie humanitaire à l’intérieur et à l’extérieur des frontières de l’Europe est en train d’être réfléchie, et a besoin d’être appliquée dans les plus brefs délais.
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