La guerre sans merci menée par la Russie en Ukraine et la peur d’être impliqués dans le conflit pousse les Européens à se réarmer, pour être plus autonomes et ne plus dépendre uniquement de la protection de l’Otan.
« La peur de la guerre est très différente entre les pays. Pour la France, elle semble loin. Mais ce n’est pas vrai. Des missiles Iskander sont déployés aujourd’hui au Bélarus et la menacent », a averti jeudi le président français Emmanuel Macron, après avoir accueilli ses homologues européen au château de Versailles, près de Paris, pour un sommet des 27 Etats de l’UE. Ces missiles balistiques peuvent être dotés d’une tête nucléaire.
« Augmenter substantiellement leurs dépenses de défense »
Au terme d’une discussion difficile de plusieurs heures, les dirigeants européens ont approuvé dans la nuit de jeudi à vendredi une déclaration commune par laquelle ils s’engagent à « augmenter substantiellement leurs dépenses de défense » afin « d’accroître leur capacité d’agir de manière autonome » et « d’assurer leur assistance mutuelle ».
Ils ont longuement débattu du soutien politique et matériel à apporter à l’Ukraine, sans se retrouver « parties prenantes » au conflit.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a proposé aux dirigeants européens de débloquer un nouveau financement de 500 millions d’euros pour doubler – à 1 milliard d’euros – le financement des achats d’armements demandés par l’Ukraine.
Les fonds proviennent de la « Facilité européenne pour la paix », dotée de 5 milliards d’euros, créée et abondée par les Etats membres hors du budget communautaire.
Dépendance militaire envers l’Organisation du traité de l’Atlantique nord
Les ministres des Affaire étrangères et leurs homologues de la Défense sont chargés de concrétiser ces engagements. Une nouvelle discussion est prévue lors du sommet européen des 24 et 25 mars à Bruxelles et Emmanuel Macron a annoncé un sommet exceptionnel consacré à la défense en mai.
La guerre en Ukraine a été un choc pour les Européens. Ils ont découvert le sous-équipement criant des forces armées en Allemagne et leur dépendance militaire envers l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) et les Etats-Unis. Ils ont décidé d’accélérer leurs investissements pour combler les lacunes de leurs capacités.
L’Allemagne, la Belgique et le Danemark ont annoncé des augmentations substantielles de leurs dépenses de défense. Ces trois pays renâclaient à respecter l’engagement pris au sein de l’Otan de consacrer 2% de leur PIB à la défense.
L’Otan c’est un tandem, il avance mieux quand on pédale à deux
« L’Otan est le côté opérationnel de notre sécurité, mais c’est un tandem, il avance mieux quand on pédale à deux. Or côté européen, on ne pousse pas assez », a reconnu le Premier ministre belge Alexander De Croo dans un entretien au quotidien le Soir avant le sommet.
La Suède et la Finlande, deux des six pays de l’UE non intégrés dans l’Otan, ne cachent plus leur inquiétude face aux conséquences du conflit déclenché par la Russie. Leurs dirigeants ont demandé à leurs homologues des assurances concernant la clause de solidarité de défense commune du traité de Lisbonne, conclu en 2009.
« Cet article n’a été activé qu’une fois, par la France après les attentats du Bataclan » commis par des jihadistes à Paris en 2015, « et n’a aucun caractère d’automaticité », a souligné l’eurodéputé français Arnaud Danjean.
« Sans lecture commune unanime de cet article, on ne peut garantir qu’il déboucherait automatiquement sur une assistance militaire au pays qui l’active », a-t-il expliqué à l’AFP.
Les Européens sont désormais pris entre leur volonté d’aider l’Ukraine et d’éviter une extension du conflit.
Ne pas se retrouver dans une Troisième Guerre mondiale
« Ceux qui gorgent d’armes l’Ukraine doivent bien sûr comprendre qu’ils porteront la responsabilité de leurs actes », a averti jeudi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
« Nous faisons beaucoup de choses, nous renforçons même les sanctions au moment où nous parlons. Mais bien sûr, nous voulons aussi nous assurer que la situation ne s’aggrave pas davantage, que nous ne nous retrouvions pas dans une Troisième Guerre mondiale », a expliqué vendredi la Première ministre finlandaise Sanna Marin.
« Nous ne sommes pas partie prenante au conflit, mais il est à nos portes », a reconnu Alexander de Croo. Cette réalité a été très présente au cours des discussions à Versailles sur le soutien à l’Ukraine, a confié un participant à l’AFP.
« Nous devons être beaucoup plus discrets sur ce que nous faisons », a insisté un responsable militaire européen.
« Nous ne pouvons pas devenir cobelligérants. C’est le fil ténu sur lequel nous marchons », avait expliqué le commandant en chef des forces armées françaises, le général Thierry Burkhard, avant le sommet.
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