La réforme de la Banque mondiale (BM) devrait lui permettre de prêter 50 milliards de dollars supplémentaires sur dix ans aux pays qui en ont besoin, a dit à l’AFP la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, dans un entretien exclusif.
Grâce à cette évolution, la BM « étend sa capacité financière », a précisé la ministre de l’Économie et des Finances de Joe Biden, alors que se déroulent dès lundi à Washington les réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale.
Les changements « pourraient entraîner une capacité de prêt supplémentaire de 50 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, (…) une augmentation significative de ressources », a-t-elle détaillé, soulignant que cela représentait « une augmentation de 20% du niveau de prêt durable de la BIRD », la Banque internationale pour la reconstruction et le développement, filiale de la Banque mondiale. Des annonces seront faites la semaine prochaine, lors des réunions de printemps du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque mondiale, a-t-elle indiqué.
Cette réforme de la Banque mondiale avait été lancée en octobre, sous l’impulsion de certains pays membres, notamment des États-Unis. À presque 80 ans, l’institution, issue de la conférence de Bretton Woods de juillet 1944, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, doit en effet mieux répondre aux besoins de financement des pays en développement.
Intégration des défis mondiaux
Et au-delà des montants, la Banque mondiale verra sa mission mise à jour, « pour ajouter le renforcement de la résilience contre le changement climatique, les pandémies, les conflits », a ainsi souligné Janet Yellen. « Ces défis ne sont pas séparés ou contradictoires, mais plutôt inextricablement liés », a-t-elle insisté, et une autre annonce devrait avoir lieu lors des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale : « Le modèle opérationnel de la banque sera mis à jour pour l’orienter vers les objectifs que nous nous fixons ».
« Cela inclut une variété de choses », a détaillé la ministre, évoquant « l’intégration des défis mondiaux dans les outils de diagnostic, les stratégies de partenariat avec les pays ou le cadre orienté sur les résultats et la création de plus d’incitations pour la mobilisation des capitaux nationaux et privés ». Il s’agit du « début d’un processus de réformes », a salué Mme Yellen, qui espère en voir d’autres « d’ici la fin de l’année », avec des annonces « lors des prochaines réunions du G20 et de la réunion annuelle du FMI et de la Banque mondiale au Maroc » à l’automne prochain.
Les autres banques de développement devraient, ensuite, elles aussi, entamer leur mue. En parallèle, la Banque mondiale changera également de président d’ici la fin du mois de juin, après la démission de David Malpass. Le manque de prise en compte du changement climatique lui avait souvent été reproché. Le nom de son successeur ne devrait pas être connu avant début mai. Un seul candidat est cependant en lice : Ajay Banga, 63 ans, un Américain d’origine indienne, présenté par les États-Unis. Il a notamment mis en avant son expérience dans les projets public-privé.
Janet Yellen a salué la « base solide » apportée par David Malpass. « Je suppose qu’Ajay Banga sera élu président, et il poursuivra ce processus. Et je crois qu’il comprend la façon dont la gestion de ces défis mondiaux est inextricablement liée à l’élimination de l’extrême pauvreté, et montrera une aptitude à diriger la Banque mondiale dans une nouvelle direction », a-t-elle assuré.
Dette souveraine
Autre sujet important qui sera discuté à Washington la semaine prochaine : la restructuration de la dette souveraine des pays pauvres, qui avaient emprunté pour faire face aux dépenses liées au Covid-19, et voient désormais les intérêts augmenter avec la hausse des taux. « Il y aura une réunion de la table ronde mondiale sur la dette souveraine la semaine prochaine », a ainsi commenté Janet Yellen.
Parmi les principaux créanciers, figure Pékin, à laquelle il est reproché un manque de volonté pour réussir à restructurer ces dettes. Cependant, « nous avons vu un certain mouvement de la part de la Chine concernant la participation à la restructuration de la dette du Sri Lanka, ce qui est un signe d’espoir », a salué la secrétaire au Trésor. « Nous avons des discussions techniques » auxquelles Pékin « a participé », a-t-elle précisé, assurant que les pays continuaient « à faire pression sur la Chine pour des améliorations ».
Le soutien économique à l’Ukraine sera également abordé.
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