FALUN GONG

La véritable histoire de Shen Yun et du Falun Gong – Entretien avec M. Li Hongzhi

Au cours de cet entretien, le fondateur du Falun Gong explique comment il guide les gens dans leur pratique spirituelle, parle de ses débuts en Chine et de son rôle dans Shen Yun.
janvier 14, 2025 20:32, Last Updated: janvier 15, 2025 8:04
By Eva Fu & Allen Zeng

Il y a vingt ans, une crête de montagne boisée du nord de l’État de New York n’abritait rien d’autre qu’une petite cabane et un grand rêve.

Aujourd’hui connue sous le nom de Dragon Springs, elle comprend un campus et le siège de Shen Yun Performing Arts, une compagnie de danse classique chinoise qui se produit chaque année devant un public international de plus d’un million de personnes, mettant en scène la Chine d’avant le communisme.

Derrière leurs efforts pour créer une compagnie d’arts du spectacle d’élite – qui s’est développée pour devenir une force culturelle se produisant dans les salles les plus prestigieuses du monde -, il y a leur foi dans le Falun Gong.

M. Li Hongzhi est le fondateur du Falun Gong, une pratique spirituelle qui est devenue si populaire dans la Chine communiste que le régime tente de l’éradiquer depuis 1999. En réaction, les pratiquants du Falun Gong ont déployé des efforts ininterrompus en Chine et à l’étranger pour sensibiliser les gens à la persécution, notamment par l’intermédiaire d’organisations culturelles et religieuses à but non lucratif telles que Shen Yun.

Aujourd’hui, M. Li conçoit les costumes de Shen Yun, écrit les paroles, compose la musique et supervise toute la vision artistique du spectacle, afin de faire revivre les 5000 ans de la culture chinoise traditionnelle, qui a pratiquement disparu en Chine. Shen Yun dépeint également la brutalité actuelle du régime communiste.

Lorsque le PCC s’est retourné contre le Falun Gong à la fin des années 1990, M. Li a fait l’objet de vastes campagnes de diffamation en Chine, destinées à dresser le public contre lui et contre cette pratique populaire. Aux États-Unis, où lui et de nombreux pratiquants de Falun Gong ont trouvé refuge, certains des arguments utilisés à l’époque par le Parti communiste chinois (PCC) contre M. Li apparaissent aujourd’hui dans les médias.

L’élément moteur est le New York Times qui, au cours des derniers mois, a publié neuf articles attaquant le Falun Gong et Shen Yun. L’un de ses articles les plus récents a fait une fixation sur les réserves de trésorerie de Shen Yun, qui s’élèvent à 266 millions de dollars, et a laissé entendre, sans preuve, qu’elles profitent à M. Li.

M. Li a déclaré qu’il n’était pas impliqué dans les finances de Shen Yun et qu’il n’acceptait aucune rémunération pour son rôle de directeur artistique de la compagnie.

« Personne ne me donne un centime ; je ne suis pas rémunéré », a déclaré M. Li lors d’une rare interview réalisée à Dragon Springs avec la radio Sound of Hope, un réseau radiophonique à but non lucratif en langue chinoise.

M. Li a expliqué que son objectif était l’élévation spirituelle des pratiquants du Falun Gong, dont ceux qui ont créé des entreprises aux États-Unis pour lutter contre la persécution.

Les danseurs de Shen Yun se produisent sur scène lors d’un spectacle. (Crédit photo : Shen Yun)

Ces organisations comprennent des journaux tels que The Epoch Times, des chaînes de télévision comme NTD News, des réseaux radiophoniques comme Sound of Hope, des sites web, des outils de contournement de restrictions d’accès à Internet et des écoles.

Même si les membres fondateurs de ces entreprises sont des pratiquants du Falun Gong, M. Li assure qu’il n’est pas impliqué, si ce n’est qu’il exhorte les pratiquants à améliorer leur caractère en suivant un enseignement spirituel.

« Je n’interviens pas dans leur fonctionnement, leur personnel et leurs finances, et je ne sais donc pas vraiment comment ils les gèrent », a-t-il indiqué.

« Je dois leur permettre de suivre leur propre chemin ; ça fait partie de leur cheminement spirituel. Si je continue à intervenir, c’est comme si je détruisais les ponts et les routes sur leur parcours. Je ne gère donc rien de tout cela – je me concentre uniquement sur leur pratique spirituelle. »

Des pratiquants de Falun Gong participent à un exercice de groupe à Guangzhou, dans la province de Guangdong, en Chine, en 1998. (minghui.org)

M. Li est fier de son esprit de frugalité. Cette vertu a permis à Shen Yun de se développer depuis les années difficiles et d’acquérir une influence internationale. Moins visible est la longue liste des factures qu’ils doivent payer au jour le jour : des talents à former, des équipements de production coûteux à acquérir, de nouveaux costumes à confectionner chaque année et des salaires à verser.

Ces coûts élevés sont l’une des raisons pour lesquelles Shen Yun conserve des réserves de liquidités, a expliqué le président de l’entreprise, Zhou Yu.

La pandémie de Covid-19 leur a appris à se préparer financièrement en cas d’urgence ; ils ont réussi à rester à flot pendant la pandémie et à garder tout leur personnel, bien qu’ils n’aient pas pu donner de représentations pendant un an et demi. L’entreprise a affirmé qu’elle avait « la ferme intention » de faire de même si cela s’avérait nécessaire à l’avenir.

Les fonds servent également un autre objectif important : « préparer le moment où Shen Yun pourra se rendre en Chine lorsque des changements se produiront dans le pays », a ajouté M. Zhou.

« Nous nous préparons actuellement à des représentations en Chine en développant des talents et en réservant des fonds. »

La Chine communiste est toujours hostile à Shen Yun. La compagnie rêve cependant de ramener les 5000 ans de culture traditionnelle chinoise dans son pays d’origine.

Les danseurs de Shen Yun répètent une chorégraphie de danse classique chinoise dans leurs studios du comté d’Orange, dans l’État de New York, sur cette photo d’archives. (Crédit photo : Shen Yun)

Les débuts

Lorsque M. Li a présenté le Falun Gong au public en 1992, la Chine était en pleine mutation. Les idéaux communistes athées du Parti et la série de campagnes politiques meurtrières – de la révolution culturelle, qui a duré une décennie, au massacre de la place Tiananmen – avaient profondément ébranlé le peuple chinois.

Le qigong, un système énergétique ancien qui intègre des postures corporelles et la pleine conscience, est apparu pour combler le vide spirituel d’une population qui, pendant des milliers d’années, avait fondé ses croyances sur le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme.

Lors d’un séminaire organisé en 1992 dans la ville de Changchun, dans le nord-est de la Chine, M. Li, âgé de 40-ans, a impressionné la foule en expliquant en termes simples des concepts spirituels qui avaient longtemps déconcerté même les fervents pratiquants de qigong. Rapidement, ils ont loué des salles pour l’accueillir, désireux de l’entendre parler plus en profondeur dans un cadre plus formel.

Au cours des deux années qui ont suivi, M. Li a organisé 54 séminaires, d’une durée moyenne de neuf jours chacun, dans tout le pays. On estime à 60.000 le nombre de personnes qui y ont assisté. Ces participants ont transmis la pratique à leurs amis et à leur famille, qui l’ont à leur tour transmise, et elle s’est rapidement répandue dans tout le pays, de personne à personne.

(Dans le sens des aiguilles d’une montre, en partant du haut à gauche) M. Li Hongzhi enseigne les cinq exercices de la pratique méditative à Chicago, sur cette photo d’archives. M. Li Hongzhi donne un séminaire à Wuhan, dans la province de Hubei, en Chine, en 1993. Des pratiquants du Falun Gong accueillent M. Li au port de Dalian, dans la province de Shandong, en Chine, le 1er juillet 1994. M. Li accepte les proclamations émises en son honneur par le gouverneur de l’Illinois, le trésorier de l’État de l’Illinois et le maire de Chicago, en 1999. (Minghui)

L’authenticité, la compassion et la tolérance sont les principes directeurs du Falun Gong, qui comprend également un ensemble d’exercices de méditation. Les pratiquants apprennent à appliquer ces concepts simples dans tous les aspects de leur vie afin d’améliorer leur caractère. C’est ce que l’on appelle la cultivation personnelle.

En 1994, Jin Chengquan a assisté à l’une des dernières séries de conférences dans sa province natale de Jilin.

À 20 ans, M. Jin se souvient d’avoir été frappé par les propos de M. Li qui affirmait : « La matière et l’esprit sont une seule et même chose. » Il lui a semblé logique que l’amélioration de l’état intérieur d’une personne puisse avoir des effets bénéfiques sur le plan physique.

« C’est comme si je m’ouvrais à un monde différent », a-t-il confié à Epoch Times.

Votre influence en Chine est trop grande

Discret, ponctuel, patient : c’est en ces termes que plusieurs participants aux premières conférences ont décrit M. Li aux journalistes d’Epoch Times.

Voyager à travers la Chine pour donner ses conférences n’était pas une vie de luxe. Mi Ruijing, assistant bénévole de longue date, se souvient avoir remarqué des signes d’usure sur les vêtements et les chaussures de M. Li, et Ye Hao, haut fonctionnaire de la police chinoise à la retraite qui a voyagé avec M. Li, a raconté que ce dernier lavait ses vêtements à la main et les suspendait pour les faire sécher tous les soirs.

Les repas qu’ils prenaient lors de ces voyages étaient souvent des nouilles chinoises instantanées garnies de la saucisse la moins chère.

Les conférences se sont souvent déroulées à guichets fermés, et les stades ont parfois ouvert des espaces supplémentaires pour répondre à la demande.

Les journaux chinois ont fait l’éloge du Falun Gong avant la campagne de persécution menée par le régime chinois à l’encontre de cette pratique. (Minghui)

Malgré ces éloges, M. Li a demandé un droit d’entrée modique de quelques dizaines de yuans, moins de 10 euros pour les nouveaux étudiants et la moitié du prix pour les habitués, ce qui suffisait à peine à couvrir les frais. L’accent n’était pas mis sur le fait de gagner de l’argent, mais sur l’enseignement visant à affiner le caractère d’une personne. Les participants ont pris cela à cœur et les conférences se sont rapidement transformées. Après le premier jour, beaucoup ont cessé de se disputer les places au premier rang. Les gens renonçaient à leurs billets ou cédaient les meilleures places aux nouveaux venus et rendaient les bijoux ou les portefeuilles perdus aux membres du personnel, qui utilisaient un haut-parleur pour retrouver leurs propriétaires.

La série de conférences a finalement été transcrite et a fait l’objet d’un livre, qui est devenu le texte principal du Falun Gong, intitulé « Zhuan Falun », ou « Tourner la roue de la loi ». Ce livre a figuré à plusieurs reprises sur la liste des meilleures ventes à Pékin. L’ambassade de Chine en France a invité M. Li à Paris en 1995 pour sa première conférence à l’étranger. Les médias d’État chinois ont fait connaître les effets curatifs du Falun Gong et la façon dont les pratiquants avaient amélioré la société.

Selon les estimations officielles, le nombre de pratiquants du Falun Gong en Chine se situait entre 70 et 100 millions à la fin des années 1990.

Prix et certificats obtenus par M. Li lors de l’exposition sur la santé orientale à Pékin en 1993. (Minghui)

Les hauts responsables du PCC prenaient acte de cette popularité naissante avec inquiétude.

En 1996, une directrice de département du Conseil d’État a invité M. Li à dîner avec elle.

« À cette époque, j’étais souvent invité à manger par des personnes qui espéraient être guéries », a confié M. Li lors de l’entretien.

Après nous être assis, la fonctionnaire a été directe avec moi et m’a dit : « Professeur Li, votre influence en Chine est devenue trop grande. Vous devez quitter le pays. »

Connaissant bien l’histoire du PCC, M. Li a compris la menace implicite et n’a pas vu d’autre choix pour protéger les pratiquants sous un régime athée impitoyable. Il a demandé un visa prioritaire en vertu de ses capacités extraordinaires et a émigré aux États-Unis en 1998.

(À g.) Deux policiers chinois arrêtent une pratiquante du Falun Gong sur la place Tiananmen à Pékin, le 10 janvier 2000. (À dr.) La police chinoise arrête un pratiquant du Falun Gong sur la place Tiananmen à Pékin, sur cette photo d’archive. (Chien-Min Chung/AP Photo, Minghui)

En l’espace d’un an, le régime chinois a lancé une vaste campagne d’éradication du Falun Gong, enfermant les pratiquants dans des camps de travail, des établissements psychiatriques et des prisons afin de les contraindre à renoncer à leur foi.

Au même moment, des espions chinois poursuivaient M. Li aux États-Unis. Il a passé près d’un an sur la route, se déplaçant constamment pour ne pas être retrouvé.

Finalement, quelques pratiquants de Falun Gong ont acheté et offert un terrain dans le nord de l’État de New York. Là, un groupe de bénévoles a minutieusement construit Dragon Springs, un complexe conçu selon le style architectural de l’ancienne dynastie chinoise Tang, devenu le siège de Shen Yun.

Peu à peu, la communauté s’est développée et est devenue un refuge pour les personnes fuyant la brutalité de la Chine communiste. Les enfants qui avaient perdu leurs parents sous la torture en Chine sont devenus quelques-uns des premiers artistes de Shen Yun.

« Nous, les pratiquants de Falun Gong, sommes en quelque sorte des réfugiés aux États-Unis », a souligné M. Zhou. Alors que d’autres groupes artistiques dépendent largement de dons d’entreprises ou de financements publics, Shen Yun a dû faire preuve d’autosuffisance.

« Les grandes entreprises américaines, craignant le PCC, se sont également abstenues de nous sponsoriser. Nous survivons à ces difficultés grâce à nos propres efforts », a poursuivi M. Zhou.

Les autorités chinoises tentent constamment de faire taire le Falun Gong et d’entraver les représentations de Shen Yun à travers le monde, en menaçant et en intimidant les théâtres, les sponsors, les représentants du gouvernement et toute autre entité travaillant avec Shen Yun.

Lever de rideau d’un spectacle de Shen Yun au Providence Performing Arts Center à Providence, R.I., le 6 février 2016. (Evan Ning/Epoch Times)

Les pneus des bus de tournée de Shen Yun ont été crevés et la compagnie reçoit régulièrement des menaces de mort, des alertes à la bombe et des menaces de fusillade de masse qui ont été attribuées par les autorités américaines à la Chine. La compagnie documente ces incidents sur son site web, dans une section intitulée « Challenges We Face » (Défis auxquels nous sommes confrontés).

En 2022, le dirigeant chinois Xi Jinping a intensifié cette campagne de sabotage en ordonnant aux auteurs de diffuser de fausses informations par l’intermédiaire des médias occidentaux et des réseaux sociaux et de manipuler le système judiciaire américain à l’encontre du Falun Gong. Les détails de la réunion secrète de 2022 ont été rapportés pour la première fois par Epoch Times en décembre 2024 et ont été fournis par Yuan Hongbing, un juriste chinois vivant en exil en Australie qui a gardé des relations dans les cercles politiques les plus élevés du régime chinois.

Malgré les attaques et la répression en cours, Shen Yun affirme rester fidèle à sa mission : « Présenter la beauté, la majesté et la spiritualité de la civilisation chinoise vieille de 5000 ans. »

Shen Yun joue un rôle dans l’effort visant à « donner une voix aux témoignages des victimes » et à sauver des vies, a déclaré la compagnie dans un communiqué.

« Nous chérissons ce pays et sommes reconnaissants de la liberté qu’il nous offre. »

Allen Zeng est rédacteur en chef de Sound of Hope Radio, un réseau radiophonique en langue chinoise, animateur d’émissions sur YouTube et chroniqueur pour Epoch Times.

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