L’Académie de Versailles organise des entretiens d’embauche, afin de recruter des professeurs pour la rentrée prochaine. Ils ont 30 minutes pour faire leurs preuves et en cas de succès, ils deviendront contractuels. Une méthode aux allures de job dating vivement dénoncée par les enseignants et les syndicats.
Les entretiens d’embauche express proposés par l’Académie de Versailles durant quatre journées, la première s’étant déroulée ce lundi 30 mai, sont loin de faire l’unanimité. Si les candidats sont retenus à l’issue des 30 minutes d’entretien, ils seront catapultés devant une classe et ce, dès la rentrée prochaine. Les syndicats et les enseignants, qui dénoncent cette méthode, espèrent par ailleurs qu’elle ne sera pas reprise par les autres rectorats de France, rapporte Actu.fr.
« Cette situation dégrade la qualité de l’enseignement dispensé »
Cette initiative, qualifiée de « vraie première » par Mathieu Moreau, co-secrétaire académique de la CGT Educ’action de Versailles, a pour objectif d’embaucher plus de 2000 contractuels. Cependant, pour la CGT, ce sont des enseignants formés qu’il faut, et non pas des contractuels. En effet, à la différence d’un professeur, un contractuel n’est pas titulaire. Autrement dit, il n’a pas passé le Capes.
« Les recours aux contractuels se multiplient. Au début cela devait pallier un manque. Avec ce job dating, on a comme l’impression d’une normalisation de la situation », explique à Actu.fr Hugo Pellerin, professeur de lettres, syndiqué Snes-FSU. Mathieu Moreau rappelle que « toute l’année, on a alerté sur un manque d’enseignants », ajoutant qu’il y a un an, « on se mobilisait déjà car les contractuels n’étaient pas renouvelés ».
Mathieu Moreau met cependant en garde ces futurs contractuels. Ils vont devoir « se former dans la douleur », contrairement aux titulaires qui eux, ont bénéficié d’une formation dans laquelle ils avaient, entre autres, une année de stage. Cette période leur autorisait « le droit à l’erreur » et la charge de travail montait « progressivement », souligne-t-il. Les contractuels devront quant à eux se former en quelques heures seulement, « dont certaines en visio », précise le syndicaliste. « Cette situation dégrade la qualité de l’enseignement dispensé et met en souffrance les personnels recrutés », renchérit la Fédération Syndicale Unitaire des Hauts-de-Seine, impliquée dans le job dating.
« La formation disciplinaire devient ringarde »
Si Hugo Pellerin ne remet pas en cause le fait d’ « apprendre sur le tas », via « l’expérience avec les collègues et devant la classe » – qu’il qualifie d’ « essentielle » – il a néanmoins l’impression « que la formation disciplinaire devient ringarde ». Car, ajoute le professeur de lettres, « les contractuels sont comme tous les enseignants devant la classe. Et on est seul, on est très seul ». De plus, il considère que le job dating dévalorise son métier. La médiatisation de ce concept « nourrit la narration selon laquelle tout le monde sait ce que c’est qu’être prof », affirme-t-il.
De plus, si dans le secondaire il est toujours possible de « s’entraider » entre enseignants, pour les contractuels qui seront recrutés dans le primaire, la situation va être nettement plus difficile, selon Mathieu Moreau. « On est toute la journée avec une classe », rappelle-t-il.
Un certain niveau d’études exigé
Pour autant, on ne peut pas devenir contractuel aussi facilement. Il est en effet nécessaire de remplir certaines conditions, à savoir un certain niveau d’études. Les futurs enseignants doivent avoir au minimum un Bac + 3, hormis dans les disciplines technologiques et professionnelles.
Quant aux postes à pourvoir, ce sont principalement des postes de professeur pour le premier et le second degré. Mais l’Académie recherche également des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH), des psychologues, des médecins ainsi que des infirmières scolaires, précise Actu.fr.
Selon le bilan social du ministère de l’Éducation nationale, durant l’année scolaire de 2020-2021, 22% de contractuels ont été recrutés.
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