L’arrivée lundi de 130 militaires israéliens sur le site de la catastrophe minière de Brumadinho, dans le sud-est du Brésil, devrait permettre d’intensifier les recherches des disparus dans l’immense étendue de boue libérée par la rupture d’un barrage de la compagnie Vale.
Le premier groupe mondial de minerai de fer essuyait un coup de torchon à l’ouverture de la Bourse de Sao Paulo, plongeant de 20%, au premier jour de cotation après le drame, avant de limiter ses pertes. Trois jours après la catastrophe ayant endeuillé le grand Etat minier du Minas Gerais, les corps de 60 personnes avaient été retrouvés, selon un dernier bilan publié en matinée. Mais le nombre de disparus restait très élevé, à 292.
Même si elles semblent minimes, « il y a encore des chances de retrouver des survivants », a assuré lundi matin à l’AFP Flavio Godinho, lieutenant-colonel de la Défense civile du Minas Gerais qui organise et coordonne les secours. Beaucoup d’espoir reposait sur l’équipe de 130 hommes de l’armée israélienne, arrivée dimanche soir à Belo Horizonte, capitale de l’Etat, à la faveur de l’embellie des relations entre le Brésil du nouveau président Jair Bolsonaro et Israël.
Avec ses 16 tonnes de matériel, dont des sonars permettant de localiser des corps en grande profondeur, l’équipe israélienne est entrée en opération lundi. Elle devait se concentrer dans la zone des locaux administratifs, totalement dévastés, du groupe Vale, où se trouvaient beaucoup d’employés au moment de la catastrophe, vendredi en mi-journée.
Des recherches avaient lieu également autour de deux autobus avec un nombre indéterminé de corps à l’intérieur, a indiqué Flavio Godinho. Mais les opérations étaient compliquées par un terrain particulièrement difficile: de vastes zones de boue qui peuvent s’étendre sur plusieurs centaines de mètres de large et d’une profondeur allant jusqu’à 15 mètres, dans lesquelles on s’enfonce en marchant.
Au centre d’accueil des familles mis en place par Vale, le silence était interrompu de temps en temps par les sanglots d’un proche de disparu, les yeux bouffis par les larmes et le manque de sommeil. Jose Ferreira da Silva, un ouvrier de 55 ans, ne perdait pas l’espoir que soit retrouvé vivant son fils Josué, qui venait de fêter ses 27 ans. « Il reste sur la liste des disparus. On espère toujours qu’il puisse avoir perdu connaissance quelque part », dit-il à l’AFP.
Mais l’ouvrier en veut aux secouristes et à Vale. « C’est très dur d’avoir des informations, elles n’arrivent pas jusqu’à nous et quand on en reçoit, elles sont contradictoires », se plaint-il. « Il faut qu’ils respectent plus les gens. On n’est pas des idiots. Hier ils n’ont quasiment rien cherché de la journée », accuse-t-il.
Une alerte à l’aube avait entraîné l’évacuation en urgence de quelque 3.000 riverains et une suspension pendant une dizaine d’heures des recherches, Vale craignant la rupture d’un deuxième barrage minier. José Ferreira da Silva aurait aussi voulu aller lui-même à la recherche de son fils. « On a essayé d’y aller en se cachant. Les voisins nous avaient dit que la terre avait beaucoup séché. Mais on ne nous a pas laissé y aller ». « Nous sommes désespérés, » dit-il.
Vale a perdu près de 20% à l’ouverture de la Bourse de Sao Paulo après avoir annoncé en matinée la suspension du paiement de dividendes à ses actionnaires et de primes à ses cadres suite à la catastrophe, lors d’une réunion extraordinaire de son conseil d’administration. Les pertes se limitaient ensuite autour de 15%.
La justice a parallèlement décidé de bloquer 11 milliards de réais (trois milliards de dollars) sur les comptes du groupe minier brésilien, à titre de réparations des dégâts humains et environnementaux après la rupture du barrage de Corrego do Feijão. Les autorités locales ont par ailleurs infligé des amendes à Vale totalisant 300 millions de réais (70 millions d’euros).
On ignorait toujours lundi les causes de la rupture du barrage minier. L’Etat du Minas Gerais avait déjà été endeuillé en 2015 par la rupture d’un autre barrage minier près de Mariana, à 120 kilomètres de Brumadinho, qui avait fait 19 morts et causé un désastre environnemental sans précédent au Brésil. Ce barrage appartenait aussi à Vale, en copropriété avec l’anglo-américain BHP.
D.C avec AFP
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.