Les services pénitentiaires russes ont diffusé samedi une photographie du cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, hospitalisé la veille et encore amaigri au 139e jour de sa grève de la faim dans un camp où il purge une peine de 20 ans de prison pour « terrorisme ». La photographie montre un médecin en blouse blanche auscultant Oleg Sentsov torse nu dans un cabinet médical. Le cinéaste de 42 ans, qui mesure 1,90 mètre, y apparaît encore affaibli, amaigri et vieilli.
Une précédente photo, réalisée sur le lieu de détention d’Oleg Sentsov, avait été diffusée le 9 août. Elle le montrait debout, en uniforme de détenu, déjà très amaigri. Oleg Sentsov, opposé à l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, a été transporté vendredi à l’hôpital municipal de Labytnangui en Iamalie, au delà du cercle polaire, pour des « examens supplémentaires et des consultations de spécialistes », selon les services pénitentiaires.
Oleg Sentsov, reçoit des compléments alimentaires qui le maintiennent en vie
Le « traitement » d’Oleg Sentsov, qui reçoit des compléments alimentaires qui le maintiennent en vie, sera corrigé en fonction des résultats de ces examens, selon la même source. Qualifié de « kamikaze ukrainien » par son avocat, qui le dit « prêt à mourir », M. Sentsov a entamé une grève de la faim le 14 mai pour exiger la libération de tous les « prisonniers politiques » ukrainiens détenus en Russie.
Arrêté en Crimée après l’annexion de la péninsule par la Russie en 2014, Oleg Sentsov a été condamné à 20 ans de détention pour « terrorisme » et « trafic d’armes » à l’issue d’un procès qualifié de « stalinien » par Amnesty International et dénoncé par Kiev, l’Union européenne et les États-Unis. Dans une lettre publiée vendredi et transmise aux autorités ukrainiennes, le représentant du Kremlin pour les droits de l’Homme, Mikhaïl Fedotov, assure que le réalisateur se trouve « sous surveillance médicale 24 heures sur 24 » et confirme qu’il reçoit des compléments alimentaires.
Son état y est qualifié de « stable sans évolution négative » et sans menace pour sa vie
Les pays du G7 ainsi que de nombreuses personnalités du monde culturel, comme le cinéaste suisse Jean-Luc Godard ou l’acteur américain Johnny Depp, ont appelé à la libération d’Oleg Sentsov. Malgré les déclarations alarmistes de ses proches concernant la dégradation de son état de santé, le Kremlin a répété à plusieurs reprises qu’une grâce présidentielle ne pouvait être accordée qu’à la demande du prisonnier, ce qu’Oleg Sentsov se refuse à faire.
Kiev a cependant balayé cet argument, rappelant que la pilote militaire ukrainienne Nadia Savtchenko, emprisonnée en Russie puis libérée lors d’un échange de prisonniers en 2016, n’avait jamais demandé à être graciée. Le 10 août, le président français Emmanuel Macron avait fait par téléphone « plusieurs propositions » à Vladimir Poutine afin de « trouver de façon urgente une solution humanitaire ». Rien n’a filtré depuis concernant les suites données par Moscou à ces propositions.
Le président russe Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Petro Porochenko avaient auparavant évoqué en juin au téléphone un éventuel « échange de prisonniers » entre les deux pays, qui ne s’est pas concrétisé.
Mi-août, la cousine du cinéaste, Natalia Kaplan, avait déclaré à l’AFP qu’Oleg Sentsov « perdait espoir » et « ne croyait plus » à une libération. La Russie et l’Ukraine sont à couteaux tirés depuis l’arrivée au pouvoir à l’hiver 2013-2014 de pro-occidentaux à Kiev, suivie de l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par Moscou et du déclenchement d’un conflit armé dans l’est séparatiste prorusse du pays, qui a fait plus de 10.000 morts à ce jour.
D.C avec AFP
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