Le magasin de luxe Harrods aurait « permis » à son propriétaire Mohamed Al Fayed d’abuser de ses victimes, selon une poursuite

37 femmes affirment avoir été violées ou agressées par le propriétaire milliardaire de Harrods, décédé l'an dernier à l'âge de 94 ans

Par Rachel Roberts
25 septembre 2024 08:33 Mis à jour: 25 septembre 2024 08:33

Les avocats représentant les victimes présumées de l’ancien propriétaire du grand magasin de luxe britannique Harrods, Mohamed Al Fayed, ont annoncé une action en justice à l’encontre du magasin, affirmant que les allégations combinent « certains des éléments les plus horribles des affaires (…) Jeffrey Epstein et Harvey Weinstein ».

Les avocats de l’affaire civile demandent des dommages et intérêts au nom des victimes présumées, affirmant que Harrods non seulement n’a pas protégé ses employés, mais a « permis» et couvert les crimes présumés commis par son ancien propriétaire.

La semaine dernière, l’équipe de juristes et certaines des victimes présumées ont fait l’objet d’un documentaire de la BBC intitulé « Al Fayed : Predator at Harrods » (Al Fayed, un prédateur à Harrods), dans lequel cinq femmes affirment avoir été violées par le milliardaire.

Plus de 20 anciennes employées ont fait état d’agressions sexuelles et de violences physiques ayant eu lieu dans des propriétés situées à Londres, Paris, Saint-Tropez et Abou Dhabi.

L’avocat Dean Armstrong, KC, a déclaré lors de la conférence de presse n’avoir « jamais vu une affaire aussi horrible que celle-ci ».

« Cette affaire combine certains des éléments les plus horribles des affaires Jeffrey Epstein et Harvey Weinstein », a-t-il déclaré.

« Jeffrey Epstein parce que dans ce cas, comme dans celui [de Al Fayed], il y avait un ‘système d’approvisionnement’ en place visant à l’approvisionner en femmes et en filles – certaines sont de très jeunes victimes. »

« Et Harvey Weinstein, parce qu’il s’agissait d’une personne au sommet de l’organisation qui abusait de son pouvoir. »

« Nous le disons clairement, Mohammed Al Fayed était un monstre. Mais il a agit parce que le système l’a rendu possible. »

Affirmant que Harrods est « entièrement coupable » des dommages réclamés par les victimes présumées, M. Armstrong a déclaré aux journalistes que l’équipe juridique avait été mandatée par 37 des accusateurs de Mohamed Al Fayed et qu’elle était « sur le point d’être mandatée par de nombreux autres ».

L’équipe juridique, (de gauche à droite) l’avocat Bruce Drummond, Dean Armstrong, KC, l’avocate Gloria Allred, la victime présumée Natacha, et l’avocate Maria Mulla, qui a participé au film « Al Fayed : Predator at Harrods », lors d’une conférence de presse pour discuter de leur implication dans le procès contre Harrods, à Kent House à Knightsbridge, Londres, le 20 septembre 2024. (PA)

L’une des victimes présumées, Natacha, qui a travaillé au magasin de Knightsbridge, avait 19 ans lors des faits.

Maria Mulla, l’une des avocates représentant les femmes, a déclaré que certaines des victimes présumées avaient été menacées, rétrogradées ou licenciées lorsqu’elles avaient tenté de se faire entendre.

L’avocate Gloria Allred, qui a représenté des femmes dans des affaires de viols très médiatisés, notamment des victimes de Jeffrey Epstein et de Harvey Weinstein, a déclaré que Harrods était un « environnement toxique, dangereux et abusif ». Cette propriété de Mohamed Al Fayed, avait des intérêts commerciaux centrés sur Londres depuis le milieu des années 1960.

Mme Allred a déclaré que les diverses allégations portées contre le défunt milliardaire comprenaient des viols en série, des tentatives de viol, des agressions sexuelles et des abus sexuels sur des mineurs.

« Elles impliquent des médecins qui ont fait passer des examens gynécologiques invasifs comme condition d’emploi à certaines des employées ciblées par Mohammed Al Fayed afin de les abuser sexuellement », a-t-elle déclaré.

« Les allégations portent également sur la divulgation non autorisée à Mohamed Al Fayed des résultats d’examens des employées qu’il avait ciblées pour être abusées sexuellement. »

« Nous affirmons que quelque chose était pourri au cœur de Harrods », a-t-elle déclaré, ajoutant que le documentaire de la BBC alléguait que, sous la propriété d’Al Fayed, Harrods non seulement n’était pas intervenu, mais avait aidé à dissimuler les allégations d’abus.

L’avocat Bruce Drummond a déclaré que Harrods « doit accepter la responsabilité des dommages subis par ces femmes ».

Il a ajouté : « Il s’agit de l’un des pires cas d’exploitation sexuelle en entreprise que j’aie jamais vu, et peut-être même que le monde ait jamais connu. »

« C’était absolument horrible et je n’insisterai jamais assez sur ce mot. »

Les avocats ont déclaré qu’ils n’engageraient pas de recours collectif et qu’ils se concentreraient plutôt sur des plaintes individuelles contre Harrods au nom de chacune de leurs clientes.

Les membres de l’équipe juridique, Dean Armstrong, KC et l’avocate américaine Gloria Allred, qui ont participé au film « Al Fayed : Predator at Harrods » lors d’une conférence de presse pour discuter de leur implication dans l’enquête et de la plainte contre Harrods pour ne pas avoir fourni un système de travail sécuritaire à ses employés, à Kent House à Knightsbridge, Londres, le 20 septembre 2024. (PA)

Les allégations à l’encontre de Mohamed Al Fayed ont circulé pendant de nombreuses années au cours de son vivant. Dès décembre 1997, l’émission d’actualité « The Big Story » de la chaîne ITV a diffusé les témoignages d’un certain nombre d’anciennes employées de Harrods qui ont raconté comment l’homme d’affaires harcelait régulièrement les femmes.

M. Al Fayed avait été interrogé sous caution par la police métropolitaine à la suite d’une allégation d’agression sexuelle contre une écolière de 15 ans en octobre 2008 mais l’affaire avait été abandonnée faute de preuves suffisamment solides.

Selon « Dispatches » l’emission de Channel 4, Al Fayed aurait harcelé sexuellement trois employées de Harrods et aurait tenté de les « préparer », la plus jeune n’ayant que 17 ans à l’époque. Cheska Hill-Wood a renoncé à son droit à l’anonymat pour être interviewée dans le cadre de l’émission, qui affirme que, pendant 13 ans, le milliardaire a ciblé les jeunes femmes qui travaillaient pour lui.

À sa mort en août dernier, Forbes a estimé la fortune de Mohamed Al Fayed à 2 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros).

En 2010, M. Al Fayed a vendu le grand magasin de luxe à Qatar Holding, une filiale de la Qatar Investment Authority, le fonds souverain de l’État du Qatar, pour 1,5 milliard de livres sterling.

En juillet 2023, Harrods a commencé à régler à l’amiable les réclamations des femmes allègant avoir été abusées sexuellement par Mohamed Al Fayed, en incluant des accords de non-divulgation.

Dans un communiqué, Harrods a déclaré : « Nous sommes totalement consternés par les allégations d’abus perpétrés par Mohamed Al Fayed. »

« Il s’agit d’actions d’un individu qui avait l’intention d’abuser de son pouvoir partout où il opérait et nous les condamnons avec la plus grande fermeté. »

« Nous reconnaissons également qu’au cours de cette période, notre entreprise a manqué à ses devoirs envers les employés qui ont été ses victimes, et nous nous en excusons sincèrement. »

La déclaration se poursuit : « Le Harrods d’aujourd’hui est une organisation très différente de celle détenue et contrôlée par Al Fayed entre 1985 et 2010, c’est une organisation qui cherche à placer le bien-être de ses employés au cœur de tout ce qu’elle fait. »

« C’est pourquoi, depuis que de nouvelles informations ont été révélées en 2023 au sujet d’allégations historiques d’abus sexuels de la part d’Al Fayed, notre priorité a été de régler les plaintes le plus rapidement possible, en évitant aux femmes concernées de longues procédures judiciaires. »

« Cette procédure est toujours possible pour les employés actuels ou anciens de Harrods. »

« Bien que nous ne puissions pas effacer le passé, nous sommes déterminés à faire ce qu’il faut en tant qu’organisation, en nous appuyant sur les valeurs que nous défendons aujourd’hui, tout en veillant à ce qu’un tel comportement ne puisse jamais se reproduire à l’avenir. »

La carrière de l’entrepreneur égyptien a commencé dans les rues d’Alexandrie, où la légende veut qu’il vendait des boissons gazeuses aux passants pour quelques centimes.

La fortune de Mohamed Al Fayed a explosé après son bref mariage avec Samira  – la sœur d’un riche marchand d’armes saoudien, Adnan Khashoggi – de 1954 à 1956, avec qui il a eu son fils aîné, Dodi Fayed.

Mohamed Al Fayed était déjà une figure bien connue au Royaume-Uni lorsque son fils a entamé une relation amoureuse fatale avec Diana, princesse de Galles. En 1997, le couple a trouvé la mort dans un accident de voiture, après avoir quitté l’hôtel Ritz à Paris, dont l’Égyptien était propriétaire depuis 1979.

Depuis février 1998, Mohamed Al Fayed soutient que l’accident est le fait d’une conspiration, puis qu’il a été orchestré par le service de renseignements extérieurs du Royaume-Uni (MI6) sur les instructions du prince Philip, duc d’Édimbourg. Ses affirmations ont été rejetées par une enquête judiciaire française.

À deux reprises, en 1994 et 1999, Mohammed Al Fayed a demandé la nationalité britannique, en vain.

Le Fulham Football Club, dont il était également propriétaire, a déclaré ouvrir une enquête pour déterminer si Al Fayed avait abusé d’employés.

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