Selon une déclaration du Bureau fédéral des prisons du ministère de la Justice, « Epstein a été trouvé inconscient dans sa cellule de l’Unité spéciale de logement à la suite d’un suicide apparent au Metropolitan Correctional Center » à New York City à 6 h 30 du matin, heure locale.
Le multimillionaire faisait face à de sérieuses charges de trafic sexuel sur des filles mineures et qui pourraient potentiellement impliquer des personnes de haut rang.
D’après l’Associated Press, « les responsables des secours ont reçu un appel à 6 h 39 samedi matin expliquant qu’Epstein était en arrêt cardiaque. Il a été déclaré mort au New York Presbyterian-Lower Manhattan Hospital ».
Le FBI enquête actuellement sur l’incident.
Jerry Dunleavy, journaliste au Washington Examiner, s’est entretenu par téléphone avec le porte-parole du Bureau du médecin légiste en chef de New York, qui lui a dit : « Nous enquêtons sur la cause du décès et nous avons une affaire en cours. Il n’y a pas encore de cause officielle de décès, le médecin légiste doit faire son travail. »
La question immédiate est de savoir comment un homme supposé être sous surveillance préventive contre le suicide a pu se suicider, d’autant plus qu’à peine quelques jours avant cet incident, M. Epstein a été trouvé sur le sol de sa cellule, « semi-conscient, déprimé et pleurant avec de légères contusions autour du cou ».
À l’époque, CBS News a rapporté qu’une « source a dit qu’il n’était pas clair si ses blessures étaient auto-infligées, mais que J. Epstein avait été mis sous surveillance préventive à l’établissement correctionnel par mesure de précaution ».
À la suite de l’incident du 24 juillet, une source a déclaré à NBC News que les autorités interrogeaient un autre détenu, Nicholas Tartaglione, qui aurait été le codétenu de M. Epstein. Tartaglione est un « ancien policier du comté de Westchester qui a été arrêté en décembre 2016 et accusé d’avoir tué quatre hommes dans un présumé complot de distribution de cocaïne ».
Bien que les détails de l’événement du 24 juin demeurent obscurs, tous les rapports indiquent que J. Epstein a été placé sous surveillance après l’incident. Cependant, une source a déclaré à l’Associated Press le 10 août, après la mort de Jeffrey Epstein, qu’il n’était plus surveillé. Selon l’AP, la source n’était pas autorisée à discuter publiquement de la question et s’est exprimée sous couvert de l’anonymat.
La prison fédérale où se trouvait J. Epstein, le Metropolitan Correctional Center dans le Lower Manhattan, prévoit un programme de prévention contre le suicide conçu pour les détenus à risque. On ne sait toujours pas pourquoi J. Epstein, un détenu précédé par sa réputation, a été retiré de cette surveillance.
Selon Bloomberg, une « personne au courant de la question » a déclaré que J. Epstein « a été retiré de la surveillance préventive quelques heures seulement avant de se suicider », mais d’autres reportages contredisent cette version des faits et prétendent que cette surveillance s’est terminée fin juillet.
Deux gardiens de prison étaient chacun tenus de procéder à des contrôles de chaque détenu toutes les 30 minutes, mais d’après Reuters, « la procédure n’a pas été respectée durant la nuit ».
Il est à considérer que le règlement du Bureau des prisons exige une justification écrite avant l’arrêt de cette mesure de surveillance.
« Une fois qu’un détenu est placé sous surveillance, celle-ci ne peut en aucune circonstance être interrompue sans un accord du coordonnateur du programme, et cet accord ne peut être donné qu’à la suite d’une évaluation en personne. »
Un rapport aurait dû ainsi être transmis et enregistré dans le registre central, le registre médical, le registre psychologique et le bureau du directeur.
Enquêtes sur la mort d’Epstein
Le procureur général William Barr a réagi à la mort d’Epstein dans une déclaration, disant qu’il y aurait au moins deux enquêtes sur sa mort.
« J’ai été consterné d’apprendre que Jeffrey Epstein a été retrouvé mort tôt ce matin à la suite d’un suicide apparent alors qu’il était sous garde fédérale. Le décès de M. Epstein soulève de sérieuses questions auxquelles il faut répondre. En plus de l’enquête du FBI, j’ai sollicité l’inspecteur général pour qu’il ouvre une enquête sur les circonstances de la mort de M. Epstein », a-t-il déclaré.
Il est maintenant probable qu’il y aura au moins trois enquêtes distinctes sur la mort de Jeffrey Epstein – une du FBI, une autre de l’inspecteur général du MJ et enfin, une du Southern District of New York (SDNY), le district judiciaire impliqué dans l’affaire Epstein et son incarcération.
Au Congrès, plusieurs demandes d’investigation ont déjà été lancées, notamment par le sénateur Ben Sasse. L’élu républicain avait précédemment exhorté le ministère de la Justice à revoir le traitement de l’accord controversé d’Epstein sur le plaidoyer de 2008.
Dans une déclaration, Ben Sasse a déclaré que « pour des raisons de politique publique, le gouvernement a encore une fois laissé tomber ces filles [les victimes accusant J. Epstein, ndt]. Il est inexcusable que ce violeur n’ait pas été constamment sous surveillance préventive contre le suicide. Ces victimes méritaient de confronter leur agresseur au tribunal. »
Le sénateur de Floride Rick Scott (R-Fl.) a fait écho aux sentiments de Sasse et a exigé des réponses :
« Les victimes des actes odieux de Jeffrey Epstein méritaient justice. Aujourd’hui, cette possibilité leur ait refusée. Le Bureau fédéral des prisons doit fournir des réponses sur les défaillances systémiques du MCC Manhattan. »
L’ancien procureur de New York Preet Bharara a affirmé qu’ « il devrait y avoir – et il y a presque certainement – une vidéo du suicide de Jeffrey Epstein au MCC. On espère qu’elle est complète, concluant et bien protégé ».
L’un des avocats de M. Epstein, Marc Fernich, a également appelé selon Fox News à « une enquête complète sur les circonstances entourant le décès de M. Epstein. Le public a besoin de savoir exactement ce qui s’est passé et pourquoi – et comment ses gardiens ont pu laisser cela arriver ».
Selon le Washington Post, « les proches de J. Epstein, notant qu’il semblait récemment de bonne humeur, ont été surpris par le suicide. Un proche ayant rencontré M. Epstein a exprimé son inquiétude quant à la possibilité d’un acte criminel ».
Les accusateurs de J. Epstein s’expriment
Bradley Edwards, un avocat représentant plusieurs accusateurs de Jeffrey Epstein, a déclaré dans un communiqué :
« Alors que le monde d’abus, d’exploitation et de corruption de Jeffrey Epstein s’écroule, cet acte est à la fois malheureux et prévisible. Bien que nous soyons engagés dans des batailles juridiques contentieuses pendant plus d’une décennie, ce n’est pas la fin que tout le monde attendait. Les victimes méritaient que J. Epstein soit tenu responsable, et il devait à tous ceux qu’il a blessés d’accepter la responsabilité de toute la douleur qu’il a causée. »
Une autre victime a fait une déclaration par l’intermédiaire de son avocate, Lisa Bloom, disant : « Je n’aurai jamais la force de tourner la page maintenant. Je suis furieuse que la prison ait pu permettre cela et que moi et ses autres victimes ne puissent le confronter aux conséquences de ses actes horribles. »
Jeffrey Epstein, dont l’empire atteindrait plus de 500 millions de dollars, risquait la prison à vie. Son cas avait retenu l’attention nationale et était en passe de devenir l’un des cas les plus médiatisés de l’histoire récente.
Il est probable que les enquêtes annoncées se concentreront sur les raisons pour lesquelles J. Epstein ne faisait plus l’objet d’une surveillance préventive et n’était plus surveillé 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, ainsi que sur qui a permis que cette surveillance cesse.
Divulgation de documents
La mort d’Epstein fait suite à la publication vendredi de plus de 2 000 pages de documents (consultables ici et ici) relatifs à une poursuite intentée par Virginia Giuffre, l’une des accusatrices de M. Epstein. Les pièces ont été enregistrées à charge contre Ghislaine Maxwell, l’ex-petite amie de J. Epstein.
Virginia Giuffre a affirmé qu’elle avait été « forcée » d’avoir des relations sexuelles avec Alan Dershowitz, professeur de droit à Harvard, Jean Luc Brunel, « scout modèle » et « de nombreux autres hommes puissants, dont de nombreux hommes politiques américains de premier plan, de puissants chefs d’entreprise, des présidents étrangers, un Premier ministre bien connu et d’autres dirigeants mondiaux », selon des documents judiciaires.
Aucun des hommes nommés dans la déposition de Mme Guiffre n’a été inculpé de crime et les documents du tribunal ne contenaient aucune corroboration ni aucun autre détail. De nombreux documents sont à ce jour scellés.
Le procureur de Manhattan, Geoffrey Berman, a publié une déclaration concernant l’affaire Epstein, dans l’après-midi qui a suivi sa mort. Dans celle-ci, il faisait part de son intention de maintenir l’enquête Epstein en cours :
« Les événements d’aujourd’hui sont inquiétants, et nous sommes profondément conscients de l’entrave qu’ils représentent face aux démarches pour que justice soit rendue pour les nombreuses victimes de Jeffrey Epstein. À ces courageuses jeunes femmes qui se sont déjà manifestées et aux nombreuses autres qui ne l’ont pas encore fait, permettez-moi de réitérer que nous demeurons déterminés à vous défendre et que notre enquête sur les présentes mises en accusation – qui comprenaient un chef de complot – se poursuit. »
L’enquête ne se termine donc pas avec la mort de Jeffrey Epstein.
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