Au début de l’année, de nombreux économistes avaient prédit que la « grande réouverture » de la Chine post-Covid stimulerait les dépenses intérieures et le secteur de la consommation.
Suite à des années de blocages successifs, on espérait que les consommateurs sortiraient des sentiers battus pour compenser les ralentissements dans les secteurs de croissance traditionnels tels que l’industrie manufacturière et l’immobilier.
Mais après un bref premier trimestre de croissance économique, l’économie chinoise s’est essoufflée.
Les données économiques les plus récentes de mai montrent que les indicateurs se sont tous détériorés, du chômage des jeunes aux ventes au détail, en passant par les prix de l’immobilier et les investissements en capital, selon les données officielles du Bureau national des statistiques.
Et si les statistiques officielles sont si mauvaises, il y a des raisons de croire que la situation économique réelle pourrait être encore pire.
La faiblesse des dépenses de consommation est d’autant plus inquiétante que les leviers traditionnels de stimulation de la croissance sont tous au point mort et que le Parti communiste chinois (PCC) dispose de peu de moyens pour les actionner. Les ventes au détail, que la banque ING a qualifiées de « seul moteur de la croissance chinoise », sont en perte de vitesse.
« Et bien que le taux de croissance de 12,7 % en glissement annuel semble impressionnant, il équivaut à une baisse désaisonnalisée des ventes en glissement mensuel et montre que la dynamique de réouverture s’essouffle », a écrit Robert Carnell, responsable de la recherche d’ING pour l’Asie-Pacifique, dans une note adressée aux clients.
Les causes sont nombreuses, notamment le pessimisme des consommateurs, le chômage et l’exode des richesses.
Le chômage des jeunes de 16 à 24 ans est à son plus haut niveau historique, dépassant les 20 % en avril 2023. Cette situation est à l’origine de problèmes de stabilité sociale pour le régime du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir. Les consommateurs plus âgés disposent de plus de liquidités, mais sont devenus plus pessimistes quant à l’avenir du pays et resserrent les cordons de leur bourse.
En outre, la Chine perd beaucoup de richesses en raison des migrations. Environ 13.500 millionnaires en dollars devraient quitter la Chine cette année, après que 10.800 de ces personnes (et leurs familles) ont migré hors de Chine en 2022, selon les données du consultant Henley & Partners. Il s’agit là des pertes de richesse les plus importantes de tous les pays du monde.
Les hauts responsables du PCC sont tellement préoccupés par la situation économique du pays qu’ils sollicitent l’avis des chefs d’entreprise sur la manière de relancer la croissance. Selon Bloomberg News, citant des personnes proches du dossier, au moins six sessions de consultation ont été organisées ces dernières semaines avec des chefs d’entreprise.
Parmi les sujets abordés figuraient la manière de stimuler l’économie, de stimuler les dépenses du secteur privé et de revitaliser le marché immobilier. Et parmi les suggestions proposées se trouvait l’introduction de davantage d’éléments d’une économie de marché plutôt que d’une économie planifiée – une caractéristique du communisme.
« Les responsables ont reconnu que l’économie chinoise traversait une période critique et ont fait preuve d’un élan pour trouver des solutions qu’ils n’avaient jamais vues auparavant », selon le rapport Bloomberg.
Bien que ces sessions de recherche de solutions ne soient pas nécessairement étrangères à un public occidental, elles sont rares pour le PCC et soulignent la situation désastreuse à laquelle est confrontée l’économie chinoise.
Les mesures de relance économique habituelles du PCC sont toutes connues. Il s’agit notamment de la réduction des taux d’intérêt, de la diminution des réserves obligatoires des banques et de l’assouplissement des restrictions en matière de développement immobilier.
Le 13 juin, la Banque populaire de Chine a abaissé les taux à court terme (facilité de prêt permanent, ou SLF) de 10 points de base, soit 0,1 %, afin de stimuler les activités de prêt. Le 15 juin, elle a également réduit de 10 points de base le taux de la facilité de prêt à moyen terme (MLF) à un an, qui est passé de 2,75 à 2,65 %.
Mais ces méthodes traditionnelles de stimulation ont un effet moindre aujourd’hui en raison de leur utilisation généralisée au cours des deux dernières décennies.
Par exemple, le PCC a déjà tellement encouragé les prêts bancaires qu’un nouvel assouplissement de la réglementation mettrait son secteur bancaire en péril. Le marché immobilier, qui représente déjà plus de 70 % de la richesse des ménages chinois et 25 % de son PIB, est déjà surutilisé en tant que contributeur à l’économie. Ceux qui ont les moyens d’acheter des maisons en possèdent déjà plusieurs, dont la plupart sont vides. De nouvelles mesures de relance pourraient encourager de fortes fluctuations en période de détresse, nuire indûment à la richesse des ménages et entraver davantage les dépenses de consommation.
Après avoir encouragé pendant des années les dépenses d’infrastructure, les collectivités locales et régionales sont à court de liquidités et déjà confrontées à des défauts de paiement. Il n’y a tout simplement très peu de besoin d’autoroutes, de ponts et de tunnels dans un pays qui les a construits à outrance pour stimuler la croissance.
Tout cela fait de l’objectif annuel du PCC de 5 % de croissance du PIB un défi impossible à atteindre.
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