Les « gilets jaunes » à Paris : paroles de manifestants

8 décembre 2018 16:51 Mis à jour: 8 décembre 2018 16:51

« Macron démission ! » Assurant pour la plupart être venus « pacifiquement » dans un Paris en alerte rouge où se multipliaient les heurts samedi après-midi, les « gilets jaunes » manifestaient à la fois contre la politique du gouvernement et pour « vivre dignement ».

« Samedi dernier, je ne pouvais pas être là, je bossais », dit cette femme de 48 ans qui vient de Vierzon (Cher) rencontrée à côté de la gare Saint-Lazare.

« Je suis mobilisée depuis le début. Je suis aide-soignante en gériatrie depuis 15 ans. Quand on est absente, on n’est pas remplacée. On n’a pas eu d’augmentation de salaire depuis 10 ans, c’est juste révoltant« , dit-elle, « on n’y arrive pas ce n’est plus possible ».

« Ce n’est pas particulièrement Macron (le problème) mais il envenime les choses », « il faut qu’il prenne la parole et qu’il mette des choses concrètes sur la table« , estime cette manifestante. « On ne demande pas à vivre richement, juste dignement ».

« Paris suinte la misère… La mode est aux conseils de guerre », chante à plein poumons Alice T., accompagnée par les cuivres d’une fanfare de « citoyens musiciens ». Devant, flotte le drapeau rouge et noir de l’anarcho-syndicalisme mêlé à une bannière jaune.

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« On ne va pas lâcher l’affaire », raconte ce père de famille venu de Poissy, en région parisienne, qui explique avoir été immobilisé pendant deux heures et demie, poignets derrière le cou, par des CRS à son arrivée à Paris, tôt samedi matin.

« Je me bats pour mes enfants et juste pour vivre convenablement », dit-il, insultant l’ancien président François Hollande et qualifiant Emmanuel Macron de « dictateur ».

« Il faut baisser les taxes, diminuer le nombre de députés et de sénateurs, faire des référendums pour qu’on ait notre mot à dire« , estime-t-il.

« Ces gens-là sont déconnectés » ajoute Tony, qui gagne 1 800 euros brut par mois. Il n’a pas voté l’an dernier parce qu’il ne croit à aucun parti.

« On est là car on n’a toujours pas été entendus », lâche cette femme de 55 ans rencontrée boulevard Malesherbes au milieu d’un groupe de cinq « gilets jaunes » venus de Corrèze, des Pyrénées et de Seine-Saint-Denis qui viennent de faire connaissance.

« Moi je m’en sors, je travaille 70 heures par semaine, mais je dois aider mes deux fils de 22 et 25 ans dont l’un est au chômage et mes parents qui survivent avec une retraite de misère », explique-t-elle.

« C’est un mur qu’on dresse devant nous, pour nous étouffer encore plus », dit-elle en référence à l’important dispositif de sécurité en vigueur dans la capitale.

Il faudrait « 500 euros pour les smicards, 300 euros pour les retraités. Avec 1 150 euros par mois, comment on s’en sort ? »

« Nous on veut pas se battre, juste nous protéger au cas où », assure ce cariste de 29 ans venu de Poissy, dans les Yvelines.

« Tout casser, ça ne sert à rien », estime cet homme qui manifeste à Paris pour la première fois avec un ami, John. « Ce qu’il faudrait, c’est bloquer toutes les grosses industries qui font beaucoup d’argent, comme Total, Renault… »

« Financièrement, on s’en sort, on vient là pour soutenir le mouvement, pour nos parents et nos grands-parents qui ont travaillé toute leur vie et qui se font taxer de partout », disent-ils d’une seule voix.

D. S avec AFP

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