Les institutions de prévoyance (assurances complémentaires pour la santé et les congés maladie) s’inquiètent « d’une dérive structurelle des arrêts de travail » qui fait grimper les cotisations versées par les salariés et les employeurs, a indiqué jeudi l’organisation qui les fédère, le CTIP (Centre technique des institutions de prévoyance).
En 2022, les institutions de prévoyance (dont les plus importantes sont notamment Malakoff Humanis, AG2R et Pro BTP) ont dans leur ensemble augmenté de 9,4% les cotisations « prévoyance », qui couvrent les besoins d’indemnisation liées aux arrêts de travail, selon les chiffres du CTIP. Si l’on compare 2022 à 2019, dernière année avant le Covid, le nombre d’arrêt de travail indemnisés par les membres du CTIP a augmenté de 30%, et les prestations versées à ce titre « ont augmenté de 12% », selon les chiffres du CTIP.
« Plus du conjoncturel, c’est du structurel »
Cette hausse des arrêts de travail n’est « plus du conjoncturel, c’est du structurel », s’est alarmé Marie-Laure Dreyfuss, la déléguée générale du CTIP. « On n’a aucun signe que cela va se calmer », et « à un moment va se poser la question de la soutenabilité » du coût de cette protection sociale, a-t-elle ajouté.
Parmi les facteurs qui contribuent probablement au phénomène, il y a « dans certains secteurs » une augmentation nette des arrêts de travail des moins de 45 ans, a indiqué Mme Dreyfuss. « Sauf exception », ce ne sont pas les pathologies médicales lourdes, « ce sont des problèmes psy », comme « le burn-out » ou « la dépression post-Covid », a-t-elle indiqué. « On a aussi tout ce qui se passe au niveau des jeunes : l’arrivée dans le premier emploi est parfois très difficile », a-t-elle dit.
Parmi les profils désormais plus fréquents dans les arrêts de travail, figurent également les femmes et les cadres, a précisé le CTIP. Enfin « on constate également une augmentation du nombre d’arrêts multiples chez les salariés aidants », selon la même source.
« Nouvelle campagne de contrôles »
Le sujet préoccupe également le gouvernement, à l’instar du ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, qui a pointé « l’explosion des arrêts maladie » lors d’une audition mercredi au Sénat. Le montant des indemnités journalières remboursées par la Sécu a en effet augmenté de 7,4% (hors Covid) en 2022, à plus de 14 milliards d’euros. Une « forte dynamique » qui s’est poursuivie début 2023, selon le comité d’alerte sur les dépenses de santé.
Si la tendance se prolonge, « on sera à 23 milliards en 2027 », a ajouté M. Attal. Pour freiner cette dérive, il a souhaité « trouver une solution » sur les arrêts prescrits en téléconsultation, dont l’encadrement via le dernier budget de la Sécu a été censurée par le Conseil constitutionnel.
Le ministre a aussi souligné que son « plan fraude » présenté en mai prévoit « une nouvelle campagne de contrôles » des arrêts de travail à partir de septembre. Seront notamment ciblés « les faux arrêts du lundi (…) ou du vendredi », ainsi que ceux « qui ne s’accompagnent d’aucune prescription de soins ou de médicaments ».
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