Le Conseil de Sécurité, dans une déclaration prononcée le 27 décembre, se dit profondément alarmés par des mesures contre les femmes afghanes. Pour sa part, Sima Bahous, Directrice d’ONU Femmes, a condamné sans réserve un acte d’une « misogynie implacable » qui représente « une catastrophe » pour l’Afghanistan.
Les Etats siégeant au Conseil de sécurité se sont dit « profondément alarmés » par les informations selon lesquelles les Taliban ont suspendu l’accès des femmes et des filles aux universités, après avoir procédé à une interdiction du même type dans les écoles secondaires.
Demandant aux Taliban de revenir rapidement sur ces politiques et pratiques qui représentent « une érosion croissante pour le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales », le Conseil a aussi exprimé sa profonde préoccupation devant l’interdiction faites aux femmes de travailler dans les Organisations non-gouvernementales (ONG) en Afghanistan, des restrictions qui à ses yeux sont « contraires aux engagements pris par les Taliban envers le peuple afghan ainsi qu’aux attentes de la communauté internationale ».
Un acte d’une misogynie implacable
Dans un communiqué distinct, Sima Bahous, Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive d’ONU Femmes, a condamné sans réserve le bannissement des Afghanes des universités qu’elle décrit comme une nouvelle violation flagrante des droits des femmes et des principes humanitaires par le gouvernement de facto et un acte « d’une misogynie implacable, une attaque virulente contre les femmes, leurs contribution, leurs liberté et leur voix ».
« En empêchant les femmes de contribuer aux efforts des organisations humanitaires, les Taliban ont en fait suspendu l’aide à la moitié de la population afghane, aide dont elle dépendait et sans laquelle elle ne survivra pas » a-t-elle protesté, rappelant que 11,6 millions de femmes et de filles ne reçoivent plus d’assistance vitale et que les ménages dirigés par des femmes, qui représentent près d’un quart des ménages en Afghanistan, n’ont nulle part où aller et aucun moyen de subsistance.
Tous les services destinés aux femmes sont affectés
La Directrice d’ONU Femme a souligné que de nombreuses ONG nationales et internationales ne peuvent pas fonctionner sans leur personnel féminin. Tous les services destinés aux femmes sont donc affectés, y compris leur accès à l’eau, à l’assainissement, à l’hygiène, à la protection, à la santé mobile, à la nourriture, au logement et aux moyens de subsistance.
De plus, cette situation accroit encore selon elle la vulnérabilité des femmes et des filles déjà à risque, car les services destinés aux survivantes de la violence ou visant à prévenir l’exploitation et les abus sexuels sont fermés et des milliers d’enfants et de familles qui dépendaient des revenus que rapportaient les femmes chargées de l’aide humanitaire sont maintenant encore plus démunis.
« Nous resterons en Afghanistan »
Sima Bahous a déclaré qu’il ne peut y avoir « plus grande catastrophe face à une crise humanitaire que de supprimer la contribution de la moitié de la population à la résolution des défis redoutables que rencontre l’Afghanistan ». Pleinement solidaire des femmes et des filles d’Afghanistan, ONU Femmes réitère sa condamnation totale de l’effacement et de l’oppression continus des femmes et des filles afghanes de la vie publique et « marque son indignation face à ce nouvel acte de cruauté ».
« Les autorités de facto doivent savoir que leurs actions sont et seront toujours scrutés par la communauté internationale », a-t-elle prévenu. « ONU Femmes a pleinement poursuivi sa mission en Afghanistan, et nous y resterons, mettant tout en œuvre pour que les femmes et les filles retrouvent leur place afin de contribuer à l’avenir de l’Afghanistan, et que leurs droits soient rétablis, protégés et respectés ».
Article écrit et republié avec l’aimable autorisation d’ONU Infos
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