La plateforme de livraison express de courses à domicile Getir a annoncé mercredi quitter le marché français et chercher un repreneur de « tout ou partie du groupe en France », dans un communiqué adressé à l’AFP.
« L’environnement juridique complexe et les réglementations imposées par les administrations locales ont rendu la réussite de l’entreprise très difficile », a justifié la filiale française du géant Turc qui s’était implantée sur le territoire national en 2021.
Le même argument avait été avancé début juin par son concurrent Flink, qui avait annoncé jeter l’éponge en France pour les mêmes raisons.
Le « quick commerce », qui propose en quelques minutes la livraison de produits du quotidien par un livreur à vélo ou en scooter électrique, a été le catalyseur de vives critiques de la part des riverains et des élus, qui dénonçaient pêle-mêle des nuisances, l’arrivée de « villes-entrepôts » voire développement d’une « économie de la flemme ».
En mars, le gouvernement leur a infligé un ultime camouflet, décrétant que les dark stores – les locaux de centre-ville où sont stockés les produits à livrer – étaient des entrepôts, et non des commerces, ouvrant la voie à une régulation par les mairies de cette activité.
Ces locaux pourraient être contraints de fermer si le Plan local d’urbanisme (PLU) interdit ce type d’activité à leur adresse.
1800 salariés dans l’incertitude
Après avoir été placé en redressement judiciaire fin mars, tout comme les deux autres sociétés qu’il possède (Gorillas et Frichti), Getir avait annoncé en mai envisager la suppression de 900 emplois sur le territoire national, sur les trois entités.
Mercredi, le groupe a déclaré qu’il « ne financera pas de plan de continuation pour poursuivre ses activités en France », laissant dans l’incertitude les quelque 1800 salariés en CDI et CDD (selon la CFDT, le groupe Getir se refusant à communiquer des chiffres).
« Les administrateurs judiciaires en charge du redressement judiciaire du Groupe vont ouvrir la possibilité à des repreneurs tiers de proposer des plans de cession de tout ou partie du Groupe en France », a-t-il précisé.
200 millions d’euros de dettes
Malgré un chiffre d’affaires cumulé des trois enseignes (Getir, Gorillas et Frichti) de l’ordre de 120 millions d’euros en 2022, et en nette croissance ces dernières années, le groupe totalisait 200 millions d’euros de dettes sur les trois entités à fin mars 2023, selon une note interne à l’entreprise que l’AFP a consultée.
L’annonce du départ de France est « brutale et irrespectueuse pour ces salariés qui ont nourri tellement d’espoir en la possibilité d’avenir de l’entreprise » a regretté Johann Tchissambou, délégué syndical CFDT, dans un communiqué adressé à l’AFP. Le syndicaliste a demandé à ce que le paiement des salaires soit garanti jusqu’en septembre.
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