Le gouvernement du Québec avait lancé un appel d’offres pour des masques avec pellicule transparente destinés au personnel des garderies. Une entreprise québécoise, qui a investi depuis le mois de mai pour développer ce modèle de masques, s’est vu écartée de l’appel d’offres au profit d’une autre entreprise qui les fait fabriquer en Chine pour 3 % moins cher.
Le Québec s’apprête à équiper les éducatrices des Centres de la petite enfance (CPE) de masques à fenêtre transparente afin que les petits puissent voir le sourire et autres expressions des adultes qui travaillent dans ce réseau de garderies destinées aux jeunes enfants. Pour cela, le gouvernement a besoin de 2,7 millions de ces masques particuliers, rapporte Radio-Canada.
Les résultats de l’appel d’offres sont tombés fin février. L’entreprise Prémont située à Louiseville près de Trois-Rivières a eu la mauvaise surprise de ne pas avoir été retenue. Elle a pourtant investi 2,8 millions de dollars pour mettre au point ces masques à fenêtre transparente et pouvoir les fabriquer au Québec. Parmi ses concurrents, MepSup, une autre entreprise québécoise, a eu le contrat en faisant fabriquer les masques en Chine, pour 3 % moins cher.
« Si on considère juste les employés qui paient leurs impôts, au final ça revient moins cher d’acheter chez Prémont que d’acheter en Chine », estime Luc Girard, vice-président de Prémont. Selon lui, c’est parce que ses masques étaient vendus 1,45 $ l’unité alors que MepSup les vendrait 1,40 $ chaque, soit une différence de trois centimes d’euros.
« Nous étions confiants, mais là, nous sommes déçus. De perdre cette commande-là pour une différence de 5 sous par unité, c’est difficile à avaler », a déclaré le vice-président à la caméra de TVA Nouvelles.
Difficile à comprendre le gouvernement a demandé d’encourager les entreprises du Québec, mais quand vient pour lui acheter local, il achète un produit fabriqué en Chine!?
Masques avec pellicule transparente: Entreprise Prémont écartée par Québechttps://t.co/5t7nIA6AN0— Charlotte (@JolieCharlotte) March 4, 2021
Sur la totalité du contrat de 4 millions de dollars (2,7 millions d’euros), cela représente une somme de 145 000 dollars, soit un peu moins de 100 000 euros. Au micro de la radio 106.9, M. Girard confie qu’il ne comprend pas pourquoi le gouvernement préfère un produit chinois au lieu de faire travailler des Québécois.
Outre ce concept d’encourager le local, le vice-président de Prémont assure qu’il ne s’agit pas de la même qualité de masque. « Le masque est fait en Chine, où les coûts de la matière première et de la main-d’œuvre sont moins élevés. Mais le produit chinois ne respecte pas le devis qui demande entre autres que la bouche soit visible de côté, ce qui n’est pas le cas », assure-t-il au quotidien Le Soleil.
Ayant lui-même une fille soufrant de surdité, Luc Girard estime que Prémont a « le produit le plus performant au monde ». En comparaison, « le masque chinois coupe énormément le son et le timbre de la voix. On compare notre produit, hi tech, avec un produit qui offre moins de protection et moins de confort. Ça va être difficile de respirer avec le masque, sans compter l’odeur de plastique ».
Éric Éthier, président de MepSup, n’est pas de cet avis. « Tout le matériel est testé et il doit correspondre aux caractéristiques demandées par le ministère de la Santé. Ce que nous envoyons dans les CPE, ce sont d’excellents produits. »
Du côté du cabinet de la ministre Sonia LeBel, présidente du Conseil du Trésor, on défend le choix du gouvernement parce qu’il aurait respecté la loi imposant de choisir le plus bas prix conforme.
« Le message qu’on veut lancer aux gouvernements, c’est que ça prendra un pourcentage d’achat québécois », remarque Luc Girard. Ce qui irait tout à fait avec l’achat local prôné par le gouvernement, qui a lancé l’idée du Panier bleu pour mettre en avant les produits québécois au début de la pandémie.
« On considère qu’un coût de 15 à 30 % plus cher pour un produit d’ici revient moins cher, car les travailleurs paient des taxes et des impôts et que l’argent revient dans l’économie du Québec », assure le vice-président de Prémont. Dans l’autre cas, « on prend notre argent et on le donne aux Chinois. »
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