Si le football espagnol sort grand gagnant du Ballon d’or avec huit trophées, dont les principaux remportés par Rodri et Aitana Bonmati, le Real Madrid, qui a boycotté la cérémonie en signe de protestation, est critiqué mardi pour son attitude et son manque de classe.
Tout était prêt. Depuis plusieurs semaines, l’attaquant star des « Merengues », Vinicius Junior, se préparait à recevoir la récompense individuelle suprême du footballeur, à Paris.
Le Real, qui comptait logiquement quatre de ses joueurs dans le Top 6 (Vinicius, Bellingham, Carvajal et Mbappé) après avoir réalisé le triplé Liga, Ligue des champions, Supercoupe, avait rassemblé une délégation de près de 50 personnes pour célébrer son sacre. Ou bien, en cas de surprise, celui de Bellingham ou Carvajal.
Mais leur avion n’a jamais quitté la capitale espagnole, le club madrilène ayant finalement décidé de ne pas participer à l’événement, après avoir appris qu’aucun de ses joueurs ne serait sacré. Une affirmation à l’encontre de celle de France Football, organisateur de l’évènement annuel, qui a assuré que le secret entourant le nom du lauréat a été gardé jusqu’au bout.
« Si les critères d’attribution ne désignent pas Vinicius comme vainqueur, ces mêmes critères devraient désigner Carvajal (…) Comme cela n’a pas été le cas, il est évident que le Ballon d’Or de l’UEFA ne respecte pas le Real Madrid », avait argué le club à l’AFP dans l’après-midi.
Pas question, dans ces conditions, que l’institution madrilène se rende « là où elle n’est pas respectée », avait-elle conclu.
« Cette mascarade est indigne du plus grand club au monde »
La presse espagnole, qui célèbre abondamment le sacre de Rodri, vainqueur et meilleur joueur de l’Euro-2024 avec la « Roja », également champion d’Angleterre avec Manchester City, ainsi que le doublé de la Catalane Aitana Bonmati, qui conserve son Ballon d’or, championne d’Espagne et vainqueur de la Ligue des champions avec le FC Barcelone et championne du monde 2023 en sélection, critique à l’unanimité le comportement du Real.
« Cette mascarade est indigne du plus grand club au monde », tranche Marca, pourtant pro-Real, dans un éditorial notant que la Maison Blanche ne respecte pas son propre hymne qui appelle ses joueurs « à serrer la main même quand tu perds ».
« Le premier Ballon d’Or pour un joueur espagnol depuis 1960, attendu avec impatience, n’a pas provoqué l’état d’ivresse collective à laquelle on s’attendait, mais plutôt une journée polémique », regrette Alfredo Relano, rédacteur en chef du quotidien AS, l’un des 100 journalistes ayant voté pour le Ballon d’Or.
Ce dernier souligne la mention, loin d’être anodine, du « Ballon d’or UEFA » dans les éléments de langage du club, comme si l’instance européenne avait pu interférer dans le choix final. « L’UEFA s’est impliquée cette année pour soutenir le Gala, mais c’est France Football qui remet le prix (…) Il n’y a pas de possibilité de manipulation. »
Les Merengues, convaincus d’avoir été lésés
En guerre ouverte avec l’UEFA, le Real Madrid, qui pousse pour la création de la Superligue, censée venir concurrencer la Ligue des champions et « sauver le football européen de la ruine » selon son président Florentino Pérez, semble néanmoins s’enfoncer dans une théorie du complot, relayée par le programme télévisé El Chiringuito.
« L’ennemi du Real Madrid, l’UEFA, est intervenu dans le Ballon d’or (…) C’est une preuve évidente de la guerre d’Alexander Ceferin (président de l’UEFA) contre la Superligue », a lancé le présentateur Josep Pedrerol.
Le rédacteur en chef de France Football Vincent Garcia a donné une explication bien plus logique au palmarès, au micro de la chaîne L’Équipe. « Ce que je peux dire c’est que c’était serré. Vinicius a sûrement pâti de la présence de Carvajal et Bellingham dans le Top 5, puisque cela lui a enlevé mathématiquement quelques voix. (…) Ce qui a pu bénéficier à Rodri », a-t-il expliqué.
Autre explication potentielle, relevée par plusieurs médias spécialisés, la présence, parmi les critères d’élection de la « classe » et du « fair-play » du joueur, ce qui a pu porter préjudice au Brésilien, parfois caractériel et provocateur sur le terrain, loin de l’image modèle de Rodri.
Des arguments inaudibles pour les Merengues, convaincus d’avoir été lésés, et désormais lancés dans une improbable croisade contre le monde entier.
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