L’Italie maintient sa ligne dure à l’encontre des ONG venant en aide aux migrants en Méditerranée, à 48 heures d’un mini-sommet européen sur les migrations qui s’annonce tendu, tant le sujet divise désormais les Européens. Menace de mise sous séquestre, refus d’ouvrir ses ports, le nouveau gouvernement italien, au pouvoir depuis trois semaines, ne varie pas d’un iota dans sa volonté de réduire au maximum les arrivées de migrants sur ses côtes.
Cette fois, c’est une ONG allemande, Lifeline, à se retrouver dans son collimateur. « Le bateau illégal Lifeline est maintenant dans les eaux maltaises avec son chargement de 239 migrants. Pour la sécurité de l’équipage et des passagers nous avons demandé que Malte ouvre ses ports », a affirmé vendredi sur Twitter le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini. « Evidemment, ce bateau devra ensuite être mis sous séquestre et son équipage arrêté », a-t-il ajouté.
De source proche du gouvernement maltais, on indique toutefois qu’aucune demande officielle n’est parvenue et que le bâtiment Lifeline n’a lui-même rien demandé. Jeudi, le ministre italien des Transports Danilo Toninelli avait déjà annoncé sa volonté de mettre sous séquestre le Lifeline, jugeant qu’il naviguait de manière illégale, ce que conteste cette ONG.
L’Italie a dans le passé déjà saisi les bateaux des ONG qui viennent en aide aux migrants au larges des côtes libyennes. En mars 2018, la justice italienne avait saisi le navire d’une ONG espagnole, Open Arms, après une opération de sauvetage au cours de laquelle les secouristes ont refusé de confier aux garde-côtes libyens des migrants secourus au large de la Libye.
Et en 2017, un tribunal avait également ordonné la mise sous séquestre du bateau de l’ONG allemande Jugend Rettet. Ce nouvel épisode de la bataille engagée par le gouvernement italien contre les ONG intervient moins d’une semaine après l’odyssée d’un autre navire humanitaire, l’Aquarius, contraint de rallier l’Espagne après le refus des Italiens et des Maltais d’ouvrir leurs ports aux 630 migrants qu’il transportait.
La nouvelle coalition entre la Ligue (extrême droite) de Matteo salvini et le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) a également décidé de hausser le ton en Europe. « L’Italie n’est plus un pays à vendre, occupé, un peu français, un peu allemand », a lancé vendredi à Sienne, Matteo Salvini, omniprésent dans les médias et qui s’est imposé comme l’homme fort du nouveau gouvernement italien.
A deux jours d’un mini-sommet à Bruxelles centré sur la question des migrations en Europe, le gouvernement populiste à Rome veut faire « entendre sa musique » à Bruxelles. Avec ce gouvernement, « l’Italie n’a jamais été aussi au centre » des discussions, a encore dit M. Salvini, citant le coup de téléphone jeudi de la chancelière allemande Angela Merkel au président du Conseil italien Giuseppe Conte.
Tentée par un boycott de ce mini-sommet à Bruxelles, l’Italie a finalement confirmé sa participation après avoir été rassurée par Mme Merkel. « Si nous y allons pour recevoir un petit devoir déjà préparé par les Français et les Allemands, mieux vaut économiser l’argent du voyage », avait déclaré jeudi Matteo Salvini, qui est aussi vice-Premier ministre.
Mme Merkel a toutefois « éclairci les choses » en parlant de « malentendu »: le projet de conclusions de ce sommet, dont le contenu avait fuité mercredi dans la presse, sera écarté, avait alors assuré M. Conte. L’agacement de Rome tient au fait que le texte aborde insuffisamment la question de la protection des frontières européennes pour se concentrer sur le redéploiement des migrants dès lors qu’ils sont déjà arrivés en Europe.
Vendredi, Mme Merkel a toutefois relativisé l’importance de ce rendez-vous, où au moins seize pays seront présents, affirmant qu’aucune décision impliquant les 28 de l’Union européenne n’était à attendre. Il faudra plutôt viser des « accords bilatéraux, trilatéraux et multilatéraux », a-t-elle expliqué. La polémique entre Rome et ses partenaires européens, loin d’être close, a rebondi vendredi après les déclarations du président français Emmanuel Macron dénonçant la « lèpre » nationaliste en Europe.
« Un jour il dit qu’il ne veut pas faire offense à l’Italie et un autre jour il parle de lèpre », s’est ainsi étonné vendredi Luigi Di Maio, l’autre vice-Premier ministre italien et chef de file du M5S. « Nous sommes peut-être des populistes lépreux, mais moi les leçons je les prends de qui ouvre ses ports. Accueillez les milliers de migrants et après on en reparlera », a lancé vendredi M. Salvini à l’adresse du président français.
DC avec AFP
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