Parmi les initiatives qu’elle lance pour tenter de résoudre la crise migratoire, l’Italie expérimente le partenariat public-privé en se tournant vers les entrepreneurs de la diaspora africaine afin qu’ils créent des emplois dans leurs pays d’origine.
« Les ressources de la diaspora africaine sont largement sous-estimées », estime Marco Santori, président de la Fondation Etimos, consortium financier établi en Italie, qui collecte de l’argent pour investir dans des pays en voie de développement.
« C’est un aspect qui a été négligé ces dernières années en raison de l’urgence des secours et de l’assistance à apporter aux migrants », a-t-il ajouté en présentant, mardi à Rome, le nouveau programme Migraventure porté par la Fondation Etimos et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Financé par le ministère italien des Affaires étrangères, l’initiative s’adresse aux entrepreneurs d’origine africaine installés en Italie et qui envisagent de créer une entreprise (ou d’en développer une qui existe déjà) dans leur pays d’origine.
« C’est un projet qui croit aux Africains qui croient en l’Afrique », a résumé Le Jeune Noubi, 31 ans, dont le projet d’entreprise aquacole au Cameroun est l’un des dix premiers à avoir été retenu par Migraventure. Son lancement est prévu le 1er janvier.
« Grâce au programme, j’ai pu réduire le niveau de mon apport personnel dans le projet et ainsi limiter les risques », a expliqué à l’AFP cet étudiant en 6e année de médecine à Florence qui confie n’avoir jamais vraiment eu l’intention de porter la blouse blanche.
« Vous savez, ce sont souvent les parents qui décident de votre orientation professionnelle, en tout cas cela a été mon cas. Or, je pense que l’Afrique a surtout besoin de d’emplois et développement économique », assure-t-il.
Autre projet validé, celui de Cheikh Diop qui souhaite créer une entreprise d’agriculture biologique au Sénégal, son village natal, après avoir mis sur pied une coopérative qui produit des yaourts bio à Rome.
Ajibola Olwakemi Victoria, elle, est sur le point d’ouvrir une crèche pour les enfants de 3 mois à 5 ans, à Lagos, au Nigéria.
« Le pays est en forte croissance et les femmes qui travaillent sont obligées de quitter le marché du travail lorsqu’elles ont des enfants, il y a donc un réel besoin dans ce domaine », a-t-elle expliqué.
Quant à Pierre Sonna, arrivé en Italie en 2009 pour y suivre des études de cinéma, il ouvrira bientôt une école des métiers de l’audiovisuel à Douala, la capitale économique du Cameroum qui n’en possède pas.
« Le pays est en pleine transition entre l’analogique et le numérique, nous manquons de professionnels formés », a expliqué à l’AFP le jeune homme qui est déjà à la tête d’une petite société de production à Rome.
Sur une centaine de projets ayant répondu à un premier appel à candidatures du programme Migraventure, une dizaine (dont six au Cameroun) ont d’ores et déjà été retenus et leur financement validé.
« Ils recevront chacun une aide publique maximale de 30.000 euros pour un investissement moyen qui jusqu’ici atteint 57.000 euros par projet », explique Davide Libralesso, responsable des relations internationales à la Fondation Etimos.
Et si les quelques dizaines d’emplois attendus dans une première phase peuvent sembler une goutte d’eau comparé aux 280.000 migrants arrivés sur les côtes italiennes depuis le début 2016, les promoteurs de Migraventure répondent que « leur modèle a vocation a être dupliqué ailleurs ».
« Le modèle de la PME italienne est le plus adapté à une telle expérience », a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères, Mario Giro, venu clore la présentation.
« Il est plus vulnérable aux aléas de l’économie mais il est politiquement plus viable et c’est le seul que nous puissions proposer à l’Afrique », a-t-il ajouté.
Il a aussi affirmé que l’Italie était le premier investisseur européen en Afrique, avec 11,6 milliards d’euros en 2016, et le 3e dans le monde derrière la Chine (38,4 milliards) et les Émirats arabes unis (14,9 milliards).
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