Elle rêvait de disputer les JO comme basketteuse. Mais c’est dans un sport complètement différent, le cyclisme sur piste, que Mathilde Gros visera l’or olympique dans moins de deux ans à Paris, au fil d’un parcours aussi fulgurant qu’étonnant.
Certains diront que ça relève du hasard. Mais ça ressemble à un destin. Le chemin emprunté par la jeune Française de 23 ans pour devenir, vendredi soir à Saint-Quentin-en-Yvelines, championne du monde de vitesse, l’épreuve reine des vélodromes, n’est vraiment pas banal.
Basketteuse douée, pôle espoir d’Aix-en-Provence
En 2014, Mathilde Gros est à mille lieux d’appuyer sur des pédales mais est une basketteuse douée, au pôle espoir d’Aix-en-Provence. Elle a commencé le basket à l’âge de quatre ans et elle adore ça. Son idole est la meneuse de jeu de l’équipe de France Céline Dumerc. Son rêve: planter des paniers à trois points aux Jeux Olympiques.
Jusqu’à ce que, par jeu, elle monte sur un vélo d’entraînement, un « wattbike », un jour où le pôle France de BMX partage la même salle de musculation.
« Aller au lycée à vélo était déjà compliqué »
L’entraîneur du BMX Fabrice Vettoretti, aujourd’hui coach au Japon, n’en revient toujours pas: la jeune fille, qui détestait la bicyclette et pour qui même « aller au lycée à vélo était déjà compliqué », explose toutes les données de puissance.
Au point qu’il alerte aussitôt la Fédération française de cyclisme qu’un phénomène était peut-être en train d’éclore sous ses yeux.
Mathilde Gros se prend aux jeu et monte passer des tests à Paris. Ils sont probants. Son destin est en marche.
« Elle n’était jamais montée sur un vélo »
Grégory Baugé, alors la référence du sprint français, se souvient de son arrivée à l’Insep. « Elle ne connaissait rien à la piste, elle n’était jamais montée sur un vélo, mais elle disait déjà qu’elle voulait être la meilleure », dit le multiple champion du monde désormais entraîneur national du sprint.
Devenir la meilleure, la native du Pas-de-Calais qui a grandi dans les Bouches-du-Rhône le fait rapidement. Elle enchaîne les titres chez les jeunes, puis remporte un bronze mondial dès 2019 et devient double championne d’Europe du keirin.
Les médias accourent. Certains célèbrent déjà la nouvelle Félicia Ballanger. C’est la référence ultime: triple championne olympique, dix fois championne du monde.
Des « moments compliqués »
Une sacrée pression. Et elle s’y perd. Le doute s’installe. Elle touche le fond l’an dernier aux JO de Tokyo puis aux Mondiaux à Roubaix. Démotivée, elle traverse des « moments compliqués », un « trop plein », comme elle l’a rappelé vendredi soir, toujours avec le sourire.
L’arrivée en début d’année de Baugé dans l’encadrement est décisive. « On a tout changé, tout repris du début. Pourquoi j’avais choisi le vélo au lieu du basket et pourquoi je prenais du plaisir avant. Greg me dit tout le temps de kiffer et de profiter du moment présent », dit-elle.
The French crowd go wild ?? ?
Mathilde Gros makes it 1️⃣ – 1️⃣ against Emma Hinze meaning we head into a deciding heat #SQY2022 pic.twitter.com/XOuG1VNrwP
— UCI Track Cycling (@UCI_Track) October 14, 2022
Le plaisir revient. La confiance aussi. Désormais, elle regarde ses adversaires dans les yeux, comme vendredi lors de sa demi-finale face à l’Allemande Emma Hinze qu’elle a fixée longuement, l’œil fauve.
« Je voulais lui montrer que j’étais là pour gagner. Et que j’avais changé aussi. »
Championne du monde, à 23 ans
La voilà championne du monde, à 23 ans, un an plus tôt que lorsque Félicia Ballanger a remporté son premier titre mondial. Inévitablement, les comparaisons vont refleurir.
La pression aussi, au fur et à mesure qu’on va s’approcher de Paris-2024, « l’objectif ultime ».
??????? in the velodrome ?
The French crowd were loving Mathilde Gros last night ?????? @gros_mathilde pic.twitter.com/zJRMDZCOPq
— Eurosport (@eurosport) October 15, 2022
Mais elle se dit prête à y faire face cette fois. D’autant qu’elle est déjà passée par là –« ça va me servir pour la suite »- et que, finalement, elle trouve cet engouement « logique quand quelqu’un marche tout de suite fort chez les jeunes ».
Paris dans deux ans
Vendredi, celle qui a intégré une école de commerce à Lyon a aussi découvert la force du soutien populaire. « On ne se rend pas compte à quel point c’est puissant d’avoir un public. Je me dis que ça va être tellement bien Paris dans deux ans. C’est notre piste où on s’entraîne tous les jours. C’est chez nous quoi ».
« On va continuer parce qu’on est encore perfectibles. Ca fait pas mal d’olympiades qu’on n’a pas été chercher de titre. L’objectif c’est vraiment d’être championne olympique. On ne va pas s’arrêter là », insiste Baugé.
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