L’administration pénitentiaire s’organise pour « s’adapter » face à la montée en puissance de la criminalité organisée, qui fait peser une nouvelle menace en prison, selon une note dont l’AFP a eu connaissance mercredi.
Dans cette note datée du 10 octobre envoyée aux directeurs interrégionaux des services pénitentiaires, le directeur de l’administration pénitentiaire, Sébastien Cauwel, souligne que « la criminalité organisée représente aujourd’hui, avec le terrorisme, l’une des menaces les plus importantes contre la sécurité pénitentiaire ». Ceci implique de « s’adapter à cette nouvelle menace », poursuit-il.
« Les risques sont multiples : poursuite d’activités illégales depuis la détention ; importation en détention des conflits inhérents à la criminalité organisée, notamment au trafic de stupéfiants ; évasion par préméditation et avec le soutien d’un commando armé ; évasion judiciaire ; corruption des personnels ou des intervenants extérieurs », souligne-t-il.
Dans cette optique, il appelle à agir sur « trois leviers »: « une meilleure identification et connaissance des profils, une orientation plus systématique vers des lieux d’écrou adaptés, un renforcement de la sécurité de ces établissements, et tout particulièrement des quartiers d’isolement ».
Identifier les détenus appartenant à la criminalité organisée
Les chefs d’établissements pénitentiaires devront identifier les détenus appartenant à la criminalité organisée. Ceux qui présentent « une dangerosité avérée » devront être inscrits comme des détenus particulièrement signalés (DPS) et feront l’objet de mesures de surveillance plus étroites.
Les orienter vers des établissements sécurisés
Une liste des établissements dotés d’un niveau de sécurité suffisant a par ailleurs été élaborée afin d’être diffusée auprès des juridictions interrégionales spécialisées (JIRS), qui traitent des affaires de criminalité organisée, afin que celles-ci y orientent les personnes relevant de cette catégorie.
Sécuriser « drastiquement » les quartiers d’isolement
L’administration pénitentiaire demande par ailleurs de sécuriser « drastiquement » les quartiers d’isolement en brouillant la téléphonie et les drones et en renforçant l’usage de moyens de détection électroniques comme des portiques de détection de masses métalliques, ainsi qu’en luttant contre le « yoyotage », cette technique de communication utilisée par les détenus consistant à faire passer un objet par le biais d’une ficelle balancée d’une cellule à l’autre.
Suite à l’évasion de Mohammed Amra qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires
Cette note répond en partie aux recommandations formulées par l’Inspection générale de la justice (IGJ) dans un rapport de juillet consacré à l’évasion mi-mai du détenu multirécidiviste Mohamed Amra au cours d’un transfert, qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires. Ce rapport a mis en lumière le déficit de communication entre les différentes autorités judiciaires, pénitentiaires et les enquêteurs, qui a abouti au drame.
Face à l’essor de la criminalité organisée, l’ex-garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti s’était dit favorable à la création d’un parquet national spécialisé. Mais ce projet a été suspendu avec la dissolution.
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